Pour la Saint-Valentin : une réflexion sur le thème du maintenant
Marché du travail

Pour la Saint-Valentin : une réflexion sur le thème du maintenant

Pendant plusieurs années et en de multiples occasions, il m’arrivait très souvent de dire : « J’aimerais recommencer depuis le début. » Je le disais pour toutes sortes de situations que j’avais vécues, pour toutes sortes de choses que j’avais faites, ou encore pour toutes sortes de paroles prononcées, en pensant que j’aurais pu faire mieux, que j’aurais pu agir autrement. Que j’aurais pu réussir là où j’avais un peu raté mon coup. Me le reprocher en me disant que la vie aurait été différente si… Et cette litanie pourrait s’étirer encore et encore. 

On peut toujours faire mieux. Et bien sûr, on le constate souvent et presque toujours trop tard. C’est facile de l’observer après que tout est fini : l’émotion est passée, la logique prend sa place et rationalise l’événement. Ou au contraire et pire, l’émotion s’exacerbe et plus rien n’a de sens. Cela peut même, parfois, prendre des proportions insoupçonnées. Mais à quoi bon? C’est l’après, plus le maintenant. Il est trop tard. 

Le maintenant est éphémère. Il est intemporel. Il n’est ni passé ni avenir. Même le mot que vous venez tout juste de lire n’est plus dans le présent, à moins de le relire encore et encore. Mais ce mot n’est déjà plus le même, sa signification a peut-être même changé le temps d’un soupir. Car entre les deux lectures, notre tête a pensé, notre univers a continué de bouger, notre cœur a battu pour nourrir notre cerveau; puis notre esprit et notre expérience l’ont interprété. Puisque tout est toujours interprété. 

réflexion moment présent

J’ai le goût d’écrire ceci aujourd’hui, car, de plus en plus, jour après jour, instant après instant, je cherche à vivre maintenant, maintenant, maintenant… Pour y arriver, le secret n’est sûrement pas de prononcer ce mot sans arrêt, car notre vie serait bien morne et surtout bien inutile. Le secret est de se connecter de plus en plus à soi. Et bien malgré moi et malgré mes efforts, tout comme vous (rassurez-moi, je ne suis pas la seule à le faire), je continue à vivre en ressassant souvent le passé, en m’inquiétant exagérément de l’avenir, ou en espérant un futur plein de l’attente d’une vie idéale. 

Qu’est-ce que j’attends? J’aimerais tellement dire « plus rien », mais je n’y arrive pas encore.  

Il est fort probable que je n’arriverai jamais à ne plus avoir d’attentes. Cependant, ce que je réussis parfois, c’est qu’après avoir vécu une situation, je me permets de me réjouir de ma capacité à observer la réaction que j’ai eue relativement à une pensée désagréable ou pour l’émotion que j’ai ressentie et que je n’ai pas laissée me submerger ni m’envahir – même si elle était difficile. D’observer également que je suis satisfaite des paroles que j’ai prononcées, de l’action que j’ai posée, tout simplement du fait qu’au moment exact où cela est arrivé, j’étais dans ce « maintenant » du présent, le seul moment où je pouvais agir, sans trop réagir en fonction du passé, déjà dépassé ou de l’avenir, à venir. 

Je fais de mon mieux pour pratiquer la pleine conscience comme le définit Jon Kabat-Zinn¹ : « Diriger son attention d’une manière particulière, c’est-à-dire délibérément, sur le moment présent, instant après instant, sans porter de jugement. » 

Il m’arrive encore de dire : « J’aimerais recommencer depuis le début », mais moins souvent qu’avant. Moins longtemps qu’avant. Et en m’accordant plus d’autocompassion quand j’y manque et que je me le reproche. 

Ainsi, le secret pour vivre une vie satisfaisante avec les gens qu’on aime, avec nos collègues de travail et avec tous ceux que la vie nous amène à côtoyer, c’est d’apprendre à être présent,  chaque instant.

Être présent à soi, à ses émotions, à ses réactions, à ses paroles. Être présent, sans jugement. Être aussi présent à l’autre, à ses émotions, à ses réactions, à ses paroles. Sinon mon passé risque de ternir mon maintenant, mon présent et gâcher par la même occasion le maintenant des gens qui m’entourent, d’influencer mon avenir et leur avenir. C’est le principe de l’effet papillon, ce battement d’ailes d’un papillon, ici, qui peut déclencher une tornade au bout du monde! 

Il n’est pas coutume de prendre une résolution pour la Saint-Valentin. Cependant, pourquoi ne pas le faire? Mieux que Cupidon et ses flèches, mieux que les roses éphémères et le chocolat trop sucré, pourquoi ne pas offrir aux gens qu’on aime, aux personnes que l’on apprécie, notre « présence du moment présent », que celle-ci soit virtuelle ou en chair et en os. Être là, sans ressasser ou anticiper l’inexistant, et pour jouir avec cette personne de l’instant précis et précieux de votre maintenant. Pour en arriver à ne plus dire : « J’aimerais mieux recommencer depuis le début. » 

Référence

Jon Kabat-Zinn – Au cœur de la tourmente, la pleine conscience. J’ai lu – 2012

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 

Colette Charpentier, conseillère d’orientation, possède une expérience principalement auprès d’une clientèle adulte de divers niveaux et secteurs d’activité ainsi qu’auprès d’organisations. Formatrice ACT et superviseure, elle participe à l’intégration de cette approche en counseling de carrière. Préoccupée par l’importance que le travail représente dans notre vie, elle a à cœur de contribuer à ce que chacun y trouve une place qui donne un sens à sa vie.
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Colette Charpentier, conseillère d’orientation, possède une expérience principalement auprès d’une clientèle adulte de divers niveaux et secteurs d’activité ainsi qu’auprès d’organisations. Formatrice ACT et superviseure, elle participe à l’intégration de cette approche en counseling de carrière. Préoccupée par l’importance que le travail représente dans notre vie, elle a à cœur de contribuer à ce que chacun y trouve une place qui donne un sens à sa vie.