En début de carrière? Optez pour le présentiel (partie 1)
Marché du travail

En début de carrière? Optez pour le présentiel (partie 1)

Temps de lecture : 5 minutes

Avec la pandémie, le télétravail s’est imposé partout où c’était possible. Craint à ses débuts par le personnel et les gestionnaires, il compte aujourd’hui une majorité d’adeptes, si bien que dans un monde postpandémique de nombreux employés auront la possibilité, et même, dans certains cas, l’obligation, de travailler à partir de leur domicile. Dans ce contexte, il m’apparaît important d’enrichir la réflexion en se questionnant sur les répercussions d’une telle transformation. 

 Je vous propose une série de deux articles qui examineront un des aspects du télétravail, soit l’accès au réseau de contacts interne et son importance dans l’intégration et la progression professionnelle des nouveaux diplômés universitaires. Ces deux textes s’adressent à la fois aux nouveaux diplômés et à leurs employeurs, car tous bénéficient d’une intégration réussie. 

Certains comportements, événements et circonstances surviennent lorsqu’on débute un nouvel emploi. Ceux-ci contribuent grandement à la réussite professionnelle, mais également au plaisir que procurent un travail et son environnement, et ce, quels que soient nos objectifs de carrière. Cela explique le fait que certains professionnels réussissent mieux leur intégration sur le marché du travail que d’autres. Ces personnes participent plus rapidement aux décisions qui les concernent, héritent des plus beaux mandats puis, si elles le désirent, ont accès plus rapidement à des promotions. 

Il y a de nombreuses années, un dirigeant d’une grande organisation, que j’avais pris pour mentor, m’a remis un texte de Ron Robertson, alors président d’une firme de recherche de cadres, à Ottawa.  Ce texte intitulé « Pour un changement d’emploi réussi » détermine huit règles suivies par les gestionnaires qui, selon l’auteur, permettent de réussir une transition professionnelle. En me remettant ce texte, mon mentor m’a dit : « Je t’offre un cadeau.  Tout ce qui est dans ce texte est vrai. J’ai mis en application ces huit règles, et cela m’a grandement aidé à faire progresser ma carrière ». Près de trente ans d’expérience en recrutement, transition de carrière et intégration en emploi me confirment que ce texte demeure d’actualité et, bien que certaines règles ne touchent que les personnes en situation de gestion, la plupart sont encore valables pour les professionnels. Dans les deux articles, je vous présenterai celles qui me semblent pertinentes, et que j’appellerai stratégies, plutôt que règles. Ces stratégies, en plus de faciliter l’intégration, favorisent l’accès au sentiment de compétence, le saint Graal du bien-être au travail.  

La fondation essentielle – développer son réseau interne  

Avant de vous présenter ces stratégies, j’attire votre attention sur le fait qu’elles s’appuient toutes sur une condition commune, soit la qualité de la relation avec les collègues de travail.   

Lorsqu’on vient d’obtenir son diplôme, on ne peut pas se fier uniquement à son expérience ou à son expertise, c’est pourquoi il est toujours recommandé de développer rapidement un réseau de contacts au sein de sa nouvelle organisation, et ce, non seulement dans sa ligne d’affaires. Très souvent, les solutions nécessitent la participation des autres départements ou unités. Il faut avoir accès à des ressources dans toutes les sphères de l’organisation : finances, ressources humaines, technologies de l’information, production, opérations, spécialistes de contenu, etc.    

L’enjeu étant qu’en contexte de télétravail, les rencontres virtuelles se limitent bien souvent aux processus et aux activités de son unité d’affaires. Lorsqu’on doit valider ou obtenir une information provenant d’une autre unité, on ne sait souvent pas à qui s’adresser. Il peut même arriver qu’on ignore l’existence d’un département ou d’un service possédant les informations qui pourraient nous être utiles. Lorsqu’on se trouve physiquement dans son milieu de travail, les occasions de connaître les employés  des autres secteurs sont plus nombreuses. Cafétérias, discussions de corridors, activités sociales ou sportives sont autant de situations qui permettent à un nouvel employé de développer son réseau de contacts, donnant accès à des informations qui peuvent influer sur son travail. On ne peut pas toujours recourir à ses gestionnaires puisque leur charge de travail ne les rend pas toujours disponibles. Comme vous pourrez le constater dans les stratégies proposées, il est utile, et parfois nécessaire, d’avoir accès à d’autres ressources.   

Connaître la culture et s’y adapter 

Sachez que les gestionnaires auront tendance à confier à une personne les mandats les plus intéressants, les plus importants ou les plus délicats non seulement en fonction de sa compétence, mais également de son savoir-être.

Un savoir-être qui doit donc être compatible avec la culture de l’organisation.  

Cette culture organisationnelle est faite de son histoire, de son style de gestion ainsi que des personnes qui y travaillent. Par exemple, quelle place accorde-t-on à l’humour? Au code vestimentaire? Quel genre de relation les employés ont-ils avec leur supérieur? Formelle ou amicale? Quelle attitude est privilégiée avec les collègues? Toutes les personnes qui ont vécu les réunions virtuelles sur Teams, Zoom et autres plateformes vous le diront : elles sont beaucoup plus formelles que les rencontres en personne. On y entend moins de blagues et les commentaires hors contexte se font plus rares. Plus important encore, lorsqu’une personne est en désaccord avec un propos émis dans une salle de conférence, on peut bien le sentir dans son comportement non verbal même si elle ne parle pas. On peut aussi s’en rendre compte durant les pauses ou en échangeant dans le corridor. 

Un regard complice à un ou une collègue, un sourire, un hochement de la tête, la réaction de l’animateur de la rencontre, sont autant d’éléments qui permettent à un nouvel employé de décoder son milieu de travail.
Est-ce que les gestionnaires encouragent la prise de parole et les chocs d’idées en invitant le personnel à s’exprimer devant le groupe et, si oui, est-ce que la discussion qui suit est constructive? Ou feignent-ils ne pas avoir remarqué le moindre signe de désaccord ou de questionnement?  À distance, la dissidence s’exprime autrement, souvent par texto ou conversation en mode privée entre deux ou trois collègues. Les divergences sont également moins visibles. Soit les caméras sont fermées, soit elles sont en fonction et l’image minuscule empêche de déceler la moindre émotion. Au cours d’une réunion virtuelle, personne ne verra le message privé envoyé par un participant à une collègue, par exemple : « Il n’a vraiment aucune idée de ce qu’on fait! »   

Les rencontres virtuelles sont généralement planifiées et s’organisent avec des participants déjà identifiés : gestionnaires, membres d’une équipe de laquelle on fait partie, membres d’une équipe de projet ou en lien avec un dossier spécifique ou encore invités à une présentation formelle. 

En personne, toutes ces réunions se tiennent aussi. Toutefois, sur place, elles sont plus révélatrices sur le plan de la culture d’entreprise. Par exemple, les rencontres impromptues à la cafétéria le midi, celles improvisées dans le corridor, les conversations entre pairs qu’on intercepte involontairement, l’entretien qu’on provoque avec notre collègue pour savoir ce qui le fait rire ou l’indispose. C’est souvent au cours de ces rencontres fortuites qu’on apprend à connaître le caractère de ses gestionnaires et les stratégies gagnantes à utiliser pour faire une demande, proposer un changement ou annoncer une mauvaise nouvelle. 

Le travail à distance limite nécessairement le nombre de contacts professionnels. Autant d’occasions en moins d’identifier les collègues qui ont besoin d’aide dans leur travail ou qui donnent des indices sur l’état d’esprit de notre gestionnaire.  

Dans le prochain article, je vous présenterai d’autres stratégies et donnerai quand même de l’espoir aux inconditionnels du télétravail! 

 

*Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 


En début de carrière? Optez pour le présentiel (partie 2)

Titulaire d’une maitrise en développement des organisations, André Raymond CRHA est directeur du Service du développement professionnel de l’Université Laval (stages, emplois et formation tout au long de la vie) et président sortant du conseil d’administration du CERIC. Il œuvre dans le domaine de l’employabilité depuis plus de 25 ans.
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Titulaire d’une maitrise en développement des organisations, André Raymond CRHA est directeur du Service du développement professionnel de l’Université Laval (stages, emplois et formation tout au long de la vie) et président sortant du conseil d’administration du CERIC. Il œuvre dans le domaine de l’employabilité depuis plus de 25 ans.
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