Comment accompagner une personne vivant avec une maladie chronique dans le cadre d’un processus d’orientation ou de recherche d’emploi
Marché du travail

Comment accompagner une personne vivant avec une maladie chronique dans le cadre d’un processus d’orientation ou de recherche d’emploi

Temps de lecture : 4 minutes

Les conseillers en emploi et d’orientation travaillent auprès de diverses clientèles confrontées à de multiples problématiques et réalités. Je travaille depuis plusieurs années dans ce domaine et j’ai très rarement rencontré des personnes qui souffrent de maladies chroniques. Je pense particulièrement à ce que l’on nomme les maladies invisibles. Il s’agit d’une réalité particulière parce que ces problèmes de santé ne se voient pas, mais causent parfois de la douleur, de la fatigue et d’autres symptômes pouvant avoir un impact important sur le travail. Et si je rencontrais l’une de ces personnes dans ma pratique? Je me suis alors demandé comment l’accompagner dans le cadre d’un processus d’orientation ou de recherche d’emploi. 

Dans le but de trouver réponse à cette question, j’ai rencontré Alexandra et Marisa qui sont intervenues plusieurs années auprès d’une clientèle ayant des handicaps et des maladies chroniques, entre autres.  

Alexandra a travaillé près de dix ans chez AIM CROIT, où elle a occupé des postes d’intervenante, de conseillère en emploi et de cheffe d’équipe. Pour sa part, Marisa a de nombreuses années d’expérience en tant que conceptrice, formatrice et gestionnaire de programmes de formation accessibles et efficaces. Cet article traite donc de la perception de ces deux expertes dans le domaine. 

L’accompagnement des personnes qui ont une maladie chronique en employabilité et en orientation 

Alexandra commence en parlant des aptitudes essentielles au professionnel qui travaille auprès de personnes vivant avec une maladie chronique.

Les conseillers doivent être « empathiques, à l’écoute, ouverts et orientés vers les solutions ».

Elle souligne aussi l’importance de l’empathie comme aptitude première en ajoutant qu’il s’agit de « se mettre à la place de l’autre, puis d’essayer d’anticiper » les difficultés vécues par la personne dans un contexte de travail.  

De plus, Alexandra et Marissa reconnaissent que la maladie chronique est une problématique complexe, donc un facteur qui s’ajoute au processus d’orientation et de recherche d’emploi, et que l’on ne peut pas l’ignorer. Elles soulignent l’importance d’aborder cette problématique avec la clientèle concernée. D’ailleurs, Marisa explique qu’il est primordial de parler avec la clientèle du problème de santé et de son effet sur le travail ouvertement et avec authenticité. Il s’agit de « l’aborder en relation au contexte, mais pas comme une déficience ».  

La maladie a une répercussion sur le travail, ce qui engendre des expériences et des émotions négatives. Ainsi, Marisa évoque la discrimination au travail et l’anxiété, plus particulièrement en ce qui concerne la divulgation du problème de santé en emploi, le maintien en emploi et la précarité. L’intervenant doit être conscient de ces effets sur la personne. D’après elle, il s’agit de « l’aborder, puis de trouver des solutions ». 

(…) Il faut « considérer ses capacités physiques, pas juste ses compétences, la personnalité, puis les diplômes ou même ses intérêts »
Selon Marisa, l’intervenant doit comprendre et être conscient de la réalité vécue par la personne vivant avec une maladie chronique. En ce qui concerne le rôle du conseiller d’orientation, il consiste, entre autres, à faire « le lien entre ce bagage de connaissances et les solutions » dans le but de trouver des options de carrière et de contextes de travail pour favoriser l’intégration et le maintien en emploi d’une personne vivant avec une maladie chronique. 

Marisa souligne en outre l’importance de la recherche d’options dans ce contexte. Par exemple, une personne qui aurait « des traitements le matin (…) peut proposer de rentrer à midi, puis de travailler jusqu’à 19 h ». Une autre option pourrait être de viser « un emploi à temps partiel ou (…) un emploi à distance » pour quelqu’un vivant avec d’autres difficultés, selon elle. 

Alexandra ajoute, en ce qui concerne le processus d’orientation de la personne aux prises avec une maladie chronique, qu’il faut « considérer ses capacités physiques, pas juste ses compétences, la personnalité, puis les diplômes ou même ses intérêts ». Elle explique que, parfois, « les intérêts vont à l’encontre de ce qu’elle pourrait faire réellement selon ses capacités ». Ainsi, la personne avec une maladie chronique a certaines limitations, causées par la douleur, les traitements médicaux ou d’autres raisons qui diminuent ses choix. Le conseiller d’orientation a alors pour rôle d’accompagner la personne tout au long de son processus d’orientation, du début à la fin.  

Il est d’ailleurs primordial de tenir compte de la problématique de santé dans le cadre de l’analyse de résultats de tests psychométriques. Sinon, la personne se retrouve devant une liste de carrières intéressantes pour elle, tout en étant inatteignables à cause de ses problématiques physiques. Cela doit bien entendu être fait en restant à l’écoute de la personne cliente, afin de faciliter la prise de décision menant à des options de carrière réalistes dans le contexte, mais en répondant également aux intérêts, valeurs et aptitudes de celle-ci. Personnellement, j’ajouterais aussi que les entrevues qui viennent avant et celles qui viennent après la passation du test psychométrique – qui devraient toujours se faire d’ailleurs – sont encore plus importantes dans ce contexte pour faciliter l’analyse des résultats et la prise de décision de carrière. 

maladies chroniques

De plus, afin de s’assurer du bon fonctionnement de l’intégration et du maintien en emploi, Alexandra explique que les conseillères et conseillers en emploi de chez AIM CROIT effectuent des suivis auprès de leur clientèle. Dans ce contexte, des interventions ont parfois lieu auprès des employeurs afin de les sensibiliser à la problématique de la personne cliente. On comprend donc l’importance de l’encadrement et des suivis afin d’assurer l’intégration et le maintien en emploi de cette clientèle. 

Bref, les aptitudes de la personne intervenante, la prise en compte de la maladie chronique en contexte de travail, la posture de résolution de problèmes et l’encadrement sont tous des facteurs favorisant le processus de recherche d’emploi et d’orientation des personnes vivant avec une maladie chronique. Il devient donc important d’être bien outillé pour accompagner ce type de clientèle, car la maladie chronique a un réel effet sur la tolérance au stress, le maintien en emploi (taux d’absentéisme, discrimination) et la précarité, entre autres. Plus de formations au sujet de l’impact de la maladie chronique sur le choix de carrière et sur le travail permettraient aux conseillers d’orientation et aux conseillers en emploi d’être mieux outillés pour intervenir auprès de cette clientèle.  

  

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 

Hélène Brisebois est conseillère d’orientation pour Counseling Aspiraxion. Elle a travaillé plusieurs années en tant qu’aide pédagogique individuelle au collégial et à titre de conseillère en emploi. De plus, elle est titulaire d’une maîtrise en orientation de l’Université de Sherbrooke et d’un baccalauréat en psychologie de l’Université Concordia.
https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/18981
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Hélène Brisebois est conseillère d’orientation pour Counseling Aspiraxion. Elle a travaillé plusieurs années en tant qu’aide pédagogique individuelle au collégial et à titre de conseillère en emploi. De plus, elle est titulaire d’une maîtrise en orientation de l’Université de Sherbrooke et d’un baccalauréat en psychologie de l’Université Concordia.
https://savoirs.usherbrooke.ca/handle/11143/18981
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