L’Université Laval a récemment procédé au regroupement de son Service de placement et de sa Direction générale de la formation continue. Nous partageons avec vous les éléments qui ont motivé cette décision et les objectifs du regroupement.
Au fil des années, le Service de placement et la Direction générale de la formation continue de l’Université Laval ont réussi à bien se positionner dans leur champ d’expertise respectif, mais voilà que le marché du travail connaît une transformation rapide en raison notamment des changements technologiques. Des emplois se complexifient, certains disparaissent et de nouveaux se créent à un rythme accéléré. Selon plusieurs auteurs, une part importante des emplois qui seront offerts en 2030 n’existent pas encore. On le constate déjà, des centaines d’emplois actuellement disponibles concernent des emplois qui étaient inexistants il y a 10 ans.
Conséquence directe de cette transformation, les employeurs s’entendent sur le fait que l’écart entre les besoins des entreprises en ce qui a trait aux compétences requises et les profils des nouveaux diplômés et des travailleurs actuellement sur le marché s’accroît d’année en année. De récents sondages menés par Environics pour le CERIC et Léger pour le Service de placement de l’Université Laval, publiés l’an dernier, confirment d’ailleurs cette tendance.
Autre conséquence de cette transformation du marché du travail : de nombreuses personnes se retrouvent en difficulté. Selon une étude récente menée par la Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail de l’Université Laval, environ 55 % des travailleuses et travailleurs des petites et moyennes entreprises (PME) canadiennes vivraient avec au moins une difficulté de santé mentale. Parmi les éléments qui contribuent à cette situation, on constate que « l’épuisement professionnel, particulièrement ses symptômes de fatigue physique, est relativement fréquent. Approximativement 22 % des individus vivent de l’épuisement professionnel au-delà d’un seuil clinique, et environ 33 % rapportent vivre fréquemment des symptômes physiques d’épuisement¹ ». Cet épuisement peut provenir d’une charge trop importante, mais aussi d’un sentiment d’incompétence ou d’incapacité à répondre aux attentes.
Au cours des dernières années, les professionnels de nos équipes ont d’ailleurs fait plusieurs constats :
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- La liste des compétences requises pour occuper un poste de niveau professionnel a eu tendance à s’allonger au cours des dernières années, et ce, même si le titre de la fonction n’a pas changé.
- Les taux de roulement ont augmenté sensiblement chez les employeurs et les réorientations de carrières sont plus fréquentes.
- Le nombre de diplômés de plus de deux ans ayant recours aux services d’accompagnement du SPLA dans un processus de changement d’emploi ou de réflexion de carrière est en constante croissance.
- Les étudiants et diplômés recherchent un accès rapide à des informations spécifiques, de qualité et pertinentes à leur situation concernant le marché du travail pour leur permettre de trouver les nouvelles opportunités et se qualifier pour les meilleurs emplois.
- Bien que les directions de programmes d’études universitaires réussissent relativement bien à adapter les contenus des cours en fonction des nouvelles réalités du marché du travail, il est de plus en plus difficile d’acquérir et de maitriser l’ensemble des compétences exigées par les besoins du marché dans le cadre d’un programme de formation initial. Les étudiants et les diplômés doivent dorénavant intégrer le concept d’apprenant à vie dans leur développement professionnel afin de pouvoir accéder à ces nouveaux emplois stimulants et profiter au maximum de cette transformation.
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Un modèle d’accompagnement qui n’était plus optimal
Au départ, l’UL avait un Service de placement (SPLA) dont la mission était d’accompagner les étudiants et les diplômés pour qu’ils réussissent leur intégration professionnelle. Le SPLA offrait des services de consultation individuelle, des formations courtes pour développer des compétences en recherche d’emplois et de stages, la diffusion d’informations concernant le marché du travail, la publication d’offres d’emplois et de stages et l’organisation d’événements reliés à l’emploi, notamment les journées carrières. Comme partout ailleurs, à part les activités reliées aux stages et à la formation pratique qui, elles, étaient bien intégrées dans le cheminement des études des différents programmes, les autres activités et services offerts en développement de l’employabilité étaient assez éloignés de la gestion des études et du personnel enseignant.
L’Université avait également une direction générale de la formation continue (DGFC), dont le mandat était d’offrir des activités de perfectionnement aux individus et aux organisations. La DGFC développait ses activités de formation continue parfois en collaboration avec les facultés, parfois de sa propre initiative.
Mais là encore, comme partout ailleurs, les équipes responsables de la conception et de la promotion de l’offre de formation continue étaient assez éloignées des experts en employabilité. Celles et ceux qui, tous les jours, travaillent étroitement avec les personnes et les employeurs.
Les deux unités étaient indépendantes l’une de l’autre tout en ayant plusieurs activités similaires.
On parle ici, notamment, des activités de développement de marché auprès des organisations externes à la recherche de solutions pour répondre à leurs enjeux de main d’œuvre et de planification de la relève. On parle aussi des activités de promotion auprès des individus désirant améliorer leur employabilité, soit en leur offrant des services d’information et d’accompagnement du côté du SPLA, ou en leur proposant d’acquérir de nouvelles compétences du côté de la DGFC.
Objectifs du regroupement
Le regroupement des activités du SPLA et de la DGFC au sein d’un tout nouveau service a trois principaux objectifs :
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- Bonifier l’offre de service aux étudiants et diplômés en leur offrant au même endroit des informations et des conseils en gestion de carrière et la proposition de parcours et d’activités de formation adaptés à leur réalité.
- Mettre en place un guichet unique facilitant les échanges entre l’Université Laval et les employeurs afin de permettre à ces derniers d’embaucher des étudiants et diplômés, d’offrir des stages et de former leurs employés pour leur faire acquérir de nouvelles compétences.
- Rapprocher l’ensemble des services entourant la gestion de la carrière de la direction des programmes d’études et du personnel enseignant afin d’unir nos efforts pour mieux accompagner nos étudiants dans leur intégration au marché du travail et développer en continu leurs compétences en adéquation avec leurs aspirations et les besoins de la société.
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Nous devons revoir notre façon d’accompagner les étudiants et diplômés dans leur gestion et leur développement de carrière, car les défis sont plus complexes et requièrent différentes expertises. Il ne faut plus voir cet accompagnement dans un processus linéaire en finalité du parcours d’études, mais bien dans un mouvement continuel de va-et-vient entre les études et le marché du travail.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Référence
¹ Portrait 2022 de la santé mentale des travailleuses et travailleurs de PME au Canada – rapport de la Chaire de recherche Relief en santé mentale, autogestion et travail