Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie?
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Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie?

Dans les semaines qui viennent, plusieurs adolescents de 5e secondaire devront effectuer un choix de programme pour la prochaine année scolaire. Pour ceux qui choisiront de fréquenter le cégep, la date butoir pour s’inscrire est le 1er mars. Il est donc justifié de dire que dans les prochaines semaines plusieurs jeunes devront prendre une décision importante. 

Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie? Combien d’adolescents ont eu droit à cette question dans les derniers mois? À 16 ou 17 ans, admettez que répondre à cette question n’est pas une mince affaire. Il est normal que cette interrogation soit une source de stress pour beaucoup de jeunes. Ajoutez à cela la peur de décevoir ses proches, la crainte de ne pas réussir sa vie, l’angoisse devant l’incapacité à faire un choix, et plus encore! 

Dans une classe de finissants du secondaire, lorsqu’on demande aux élèves s’ils savent ce qu’ils veulent faire dans la vie, on retrouve, la plupart du temps, ceux qui savent (ou qui pensent savoir), ceux qui ont une idée et ceux qui n’ont pas d’option en vue. Peu importe le groupe d’appartenance, il n’est pas surprenant que ces adolescents différents puissent se côtoyer dans un même groupe au cours de leur première session au collégial parce qu’à la fin, ils auront fait un choix, malgré tout. 

Que le choix soit réfléchi, spontané ou influencé par d’autres, comment peut-on être sûr que cette décision sera la bonne?
Cette question mérite d’être posée puisqu’elle traverse l’esprit de plusieurs adolescents inquiets face à leur avenir. Bien qu’il soit approprié de s’informer sur les professions envisagées et de consulter, au besoin, un conseiller d’orientation pour mettre les chances de son côté, cela ne garantit pas que la décision sera irrévocable. Malheureusement, il n’existe aucun moyen de s’assurer que le choix effectué en 5e secondaire sera le bon. Il suffit de questionner plusieurs professionnels sur le marché du travail pour constater que leur occupation actuelle ne correspond pas du tout à leurs premières intentions.   

Selon le SRAM, 1/3 des étudiants au cégep changeront de programme en cours de route. Qui sont ces étudiants qui changent de programme? Peu importe le groupe d’appartenance, tel que défini précédemment, tout étudiant est susceptible de modifier son choix en cours de route. 

Quelles sont les conséquences d’un changement de parcours? Est-il si dommageable de changer de programme au cégep? L’étudiant perdra-t-il vraiment une année de sa vie s’il décide de s’orienter vers un autre domaine? 

Le changement de programme demeure une opération assez simple pour tout étudiant qui désire le faire. Il suffit de posséder les bons préalables et les résultats exigés, si le programme est contingenté, pour modifier son parcours. Si la tendance se maintient, c’est près de 30 % des étudiants qui opteront pour un autre programme au cours de leur passage au cégep. Et ils n’auront pas tout perdu de leur expérience collégiale, puisque tous les cours réussis de la formation commune seront reconnus dans leur nouveau programme. 

Voici les 14 cours qui composent la formation générale commune : 

4 cours de français,
3 cours de philosophie,
3 cours d’éducation physique,
2 cours d’anglais,
2 cours complémentaires. 

Qu’en est-il des coûts associés à une année au cégep? À l’exception de certaines techniques, le coût d’une session de cours pour un étudiant qui fréquente un cégep public, habitant chez ses parents, varie entre 250 $ et 550 $. Le montant exigé peut facilement se comparer aux frais de scolarité annuels de plusieurs écoles secondaires du système public.   

En résumé, bien qu’il soit souhaitable pour l’adolescent, en fin de parcours du secondaire, d’être en mesure de faire un choix qui lui permettra d’exercer une profession dans laquelle il saura s’épanouir, serait-il temps de cesser de poser cette question Qu’est-ce que tu veux faire dans la vie?   

À 16 ou 17 ans, on a toute la vie devant soi. Et la vie peut représenter une éternité. Plusieurs fois au cours de sa vie l’individu aura l’occasion de se questionner, de réévaluer son parcours, avec une expérience accrue qui lui apportera un nouvel éclairage. L’adolescent possède-t-il le bagage nécessaire pour faire un choix de vie?  

Si la question était plutôt : Qu’est-ce que tu veux faire l’an prochain?

Si on suggère à l’adolescent d’envisager une année à la fois au lieu d’un parcours de vie, cela aura probablement comme effet de réduire la pression engendrée par le stress du choix.  

Envisager la vie scolaire une année à la fois est bien plus sage et plus réaliste que de tenter de faire un choix définitif. De plus, cela a pour effet de réduire le poids de la décision sur le jeune qui envisage l’avenir. La peur de se tromper sera aussi amenuisée si le changement est perçu comme un processus normal dans la construction de l’identité professionnelle. 

Serait-il plus convenable et agréable pour un adolescent d’envisager le choix d’un programme tout en considérant qu’il sera possible de modifier ce choix en cours de route sans que son parcours en soit hypothéqué? Tout en maintenant le cap vers la réussite, dans un souci de bienveillance, peut-on permettre au jeune d’envisager l’avenir avec un peu plus de légèreté?   

  

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre 

Aline Richard Author
Aline Richard est conseillère d’orientation et auteure de La typologie orientante personnelle (TOP), ouvrage paru chez Septembre, en 2016. Avec sa typologie, elle a aussi collaboré à la création de la plateforme ENIO. Elle est titulaire d’ une maîtrise en carriérologie de l’UQAM et un baccalauréat en information et orientation scolaire et professionnelle de l’Université de Sherbrooke. Elle a aussi enseigné pendant près de 15 ans le cours « Éducation au choix de carrière » (retiré de la grille horaire au Québec, en 2006). Depuis 1990, elle travaille auprès d’adolescents âgés entre 12 ans et 18 ans.
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Aline Richard Author
Aline Richard est conseillère d’orientation et auteure de La typologie orientante personnelle (TOP), ouvrage paru chez Septembre, en 2016. Avec sa typologie, elle a aussi collaboré à la création de la plateforme ENIO. Elle est titulaire d’ une maîtrise en carriérologie de l’UQAM et un baccalauréat en information et orientation scolaire et professionnelle de l’Université de Sherbrooke. Elle a aussi enseigné pendant près de 15 ans le cours « Éducation au choix de carrière » (retiré de la grille horaire au Québec, en 2006). Depuis 1990, elle travaille auprès d’adolescents âgés entre 12 ans et 18 ans.
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