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Quand prendre une pause fait sauver du temps
L’introspection est une observation consciente de ses sensations, ses émotions et de ses pensées. C’est une escale dans son cheminement personnel, un arrêt au puits dans la course folle de la vie, une gorgée d’eau fraîche dans une randonnée exigeante en montagne. Ce moment précieux qu’on s’accorde pour observer son intériorité peut se vivre seul, en écrivant son journal intime, en marchant dans la forêt, dans une retraite fermée, en méditant en solitaire ou en groupe. On peut le faire en parcourant des livres sur le bien-être et le développement personnel. On peut aussi parler de soi à ses proches ou, bien entendu, consulter un professionnel de la relation d’aide.
Perte de temps pour les uns, exercice égotiste et narcissique pour d’autres, l’introspection ne rencontre pas toujours des adeptes et ses détracteurs seraient (sans doute) les premiers à gagner à en faire bon usage! Voici quelques arguments pour convaincre ces incrédules des bénéfices d’une pause introspective dans le tourbillon du quotidien.
Bienfait no 1 : Accepter ses failles et celles des autres
L’introspection fait surgir à la conscience des enjeux plus ou moins conscients de sa façon d’être ou de se comporter. Prendre le temps de réfléchir à sa vie intérieure donne parfois l’occasion de mettre au jour certaines imperfections, car s’attarder dans les zones plus sombres de soi fait aussi partie de la démarche d’introspection. Nous sommes le résultat des aspects lumineux et ombrageux de notre identité. C’est d’ailleurs ce qui fait notre unicité. De plus, en apprenant à se connaître soi-même on accède à une perception plus universelle de la nature humaine1. En effet, c’est en reconnaissant ses propres failles, ses préjugés ou ses limites, qu’on apprend à être plus tolérant envers soi et envers les autres qui sont aux prises avec des défis semblables.
Bienfait no 2 : Réaliser son plein potentiel
Maslow place en haut de sa pyramide le besoin de se réaliser personnellement. Chaque fois qu’on accomplit des actions qui mettent à profit ses compétences, on construit une image positive de soi en se rapprochant de ses valeurs fondamentales et d’un mieux-être. On constate aussi que chaque progrès enregistré par la personne en quête d’actualisation, chaque étape de la croissance franchie, apportent une sensation de bonheur qui motive intérieurement la personne à poursuivre sa route2. L’introspection à l’occasion du conseil en orientation permet de préciser son besoin de se réaliser, d’identifier ses domaines de compétences et de nommer ses réussites.
Bienfait no 3 : Prendre de meilleures décisions
Chaque jour amène son lot de décisions à prendre, souvent anodines, parfois plus graves de conséquences sur sa vie et celle des autres. « Quels vêtements devrais-je porter? Devrais-je changer de voiture, de profession, de partenaire de vie ou d’affaires? » Certaines personnes démontrent une certaine aisance décisionnelle tandis que pour d’autres la moindre décision est un véritable cauchemar.
Bienfait no 4 : Améliorer la qualité de ses relations en affirmant son identité
La part des autres dans notre bonheur personnel est fondamentale. Nous sommes foncièrement des êtres sociaux et la qualité de nos liens avec notre entourage a un impact direct sur notre bien-être. Pour développer des relations sociales satisfaisantes, il faut savoir exprimer qui on est, ce qu’on pense ou croit fondamentalement. Pour bien communiquer, on commence d’abord à observer en soi ce qui se passe pour exprimer avec justesse ses intentions, ses pensées et ses sentiments. L’affirmation de soi pousse parfois à dire non aux autres pour se dire oui à soi et ainsi protéger sa santé mentale. L’introspection est le premier pas vers des relations saines.
Bienfait no 5 : Oser agir en s’engageant dans l’action
Csikszentmihalyi a écrit que la réflexion est impuissante et l’action aveugle4. Autrement dit, la réflexion n’a aucun pouvoir si elle n’est pas incarnée dans une action et l’action manque de vision si elle n’est pas soutenue par une réflexion. Si on ne fait que s’autoanalyser, on risque de stagner. Si on ne fait qu’agir, on risque de s’étourdir comme une toupie. Les spécialistes de la relation d’aide le savent bien : il est un temps où il est bon de discuter des enjeux personnels, mais il vient aussi un temps où il faut poser des gestes concrets pour reprendre son pouvoir personnel sur sa vie. C’est dans l’action que vous pourrez vous construire une vie riche et pleine de sens5. L’action engagée est au cœur de la thérapie d’acceptation et d’engagement qui vise l’adoption d’une certaine fluidité psychologique, gage de mieux être.
Ainsi, explorer sa vie intérieure est essentiel pour avancer tout en évitant bien des détours inutiles dans son parcours personnel et professionnel6.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Article publié pour la première fois le 17 juillet 2023.
Références:
[1] Lenoir, F. Petit traité de vie intérieure. Pocket, 2012, p. 58.
[2] Laliberté, R. https://ceric.ca/fr/2012/11/lactualisation-de-soi-et-son-impact-sur-la-societe/
[3] Falardeau, I. Sortir de l’indécision. Septembre éditeur, 2007.
[4] Csikszentmihalyi, M. Vivre : la psychologie du bonheur, Pocket, 1990.
[5] Harris, R. Le piège du bonheur : créez la vie que vous voulez. Les éditions de l’Homme, 2009.
[6] Falardeau, I. Les quatre couleurs du sable : explorer sa vie une métaphore à la fois. Septembre éditeur, 2022.