Pyramide en graphique
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Que la Pyramide de MASLOW repose en paix!

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Ce billet est une republication d’un billet publié à l’origine sur le site précédent d’OrientAction.


Je reviens de Cannexus 11 où j’ai, une fois de plus, entendu quelques références à la théorie de la motivation humaine de Maslow. Ce n’est pas surprenant, car on lui attribue une pyramide des besoins qu’il n’a jamais dessinée et qui, il faut bien le dire, fut fort attrayante, y compris pour moi. À preuve, pendant des dizaines d’années, elle fut à la base de programmes scolaires tels l’Éducation au choix de carrière et Formation personnelle et sociale, et elle est toujours enseignée dans de nombreux départements de management et de marketing! Pour celles et ceux qui l’auraient oubliée, en voici une représentation.

Une théorie n’est valable que dans la mesure où elle permet de comprendre et de résoudre des problèmes existentiels majeurs. Or, cette théorie des besoins ne peut expliciter des situations fréquentes en orientation carriérologique comme l’épuisement professionnel d’un travailleur acharné ou l’enlisement dans le travail illégal d’un « assisté social ». Dans cette situation-là, les besoins des ordres supérieurs tout en haut de cette pyramide comme les besoins d’estime et d’accomplissement font fi des besoins des ordres inférieurs comme ceux de manger et dormir et, ici, les étages supérieurs de cette pyramide ne prennent pas forme en dépit du fait que les niveaux inférieurs sont assurés, par exemple par la sécurité du revenu et de ses suppléments. Dans la francophonie, Levy-Leboyer1 est sans aucun doute celle qui a le plus crié : que la Pyramide de Maslow repose en paix!

Lorsqu’une théorie des États-Unis déçoit, les scientifiques se retournent généralement vers la Russie2. Ainsi, Goguelin3 y a trouvé une autre pyramide – moins matérialiste, plus interactionnelle et entièrement interactionniste – qui tient compte de quatre besoins représentés par les verbes : être, aimer, avoir et pouvoir. Cette alternative permet, à juste titre, d’expliquer des situations telles celles mentionnées plus haut.

Ainsi, un trop grand besoin de « pouvoir » peut amener une personne à négliger son besoin « d’être » et ainsi la mener à l’épuisement.

En revanche, un trop grand besoin « d’avoir », au détriment même du « pouvoir4 », peut expliquer l’enlisement volontaire dans l’exclusion.

La pyramide de Maslow revisitée

Je ne crois pas que Maslow ait visité les pyramides d’Égypte (dommage le virtuel n’existait pas alors), car il y aurait appris deux choses. 1) Une fois une pyramide montée – et tel est le but d’une telle structure –, son pôle d’attraction est inversé, c’est-à-dire que son sommet devient plus « attirant » (intérieurement surtout) que sa base au point de neutraliser l’attrait de celle-ci. Si on revient à la Pyramide de Maslow, n’est-ce pas ce que fait un travailleur montrant des signes avancés d’épuisement ? 2) Les pyramides égyptiennes furent le plus souvent construites, non pas étage par étage, mais en commençant par une petite pyramide (ziggourat) que l’on épaississait obliquement par la suite tout en respectant la forme initiale.

Récemment, j’ai rencontré un professionnel de la réadaptation à qui j’avais donné un perfectionnement il y a six ou sept ans déjà. Très vite, il partagea avec moi comment ce perfectionnement lui était toujours significatif et, en guise de preuve, il me parla de la Pyramide de… Limoges! Voyant ma fière surprise, il me rappela que lors de cette prestation j’avais ébranlé plusieurs inconditionnels de Maslow, dont lui. Or, voyant leur hésitation même après leur avoir présenté avec brio Goguelin et compagnie, j’entrepris avec eux une révision de la Pyramide de Maslow en extrapolant du deuxième point mentionné précédemment, soit une petite pyramide que l’on épaissit en maintenant la forme initiale. Si vous avez du mal à dire adieu à Maslow, leur dis-je essentiellement, alors amenez votre client en réadaptation à élaborer une première et petite pyramide qui tient compte d’un minimum de besoins physiologiques, mais qui, déjà, pousse son sommet dans la zone des besoins de sécurité5. Comme ça, dès le début de la démarche, ce client aura compris et pris goût aux besoins associés aux étages supérieurs. Durant la 2e étape, vous n’aurez qu’à épaissir le tout, élevant cette fois le sommet de sa pyramide jusque dans la zone Estime de soi… Idem, toujours plus haut et toujours plus large pour les étapes subséquentes. Aux dires de mon interlocuteur, la Pyramide de Limoges venait de naître! Alors, bien humblement, et avec un brin d’humour, je vous l’offre à l’occasion de ce premier blogue.

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre

 

Références

Levy-Leboyer, C. (2006). La motivation au travail. Paris: Éditions de l’Organisation.

Maintenant, de plus en plus, de l’Asie (Japon, Chine).

Goguelin, P. et Krau, E. (1982). Projet professionnel, projet de vie Paris : ESF.

Jour après jour on constate que le « pouvoir » que peut générer le « travail au noir », par exemple, n’est jamais aussi visible et persistant que celui généré par le “travail au blanc”.

Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.
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Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.