Inclusion, intimidation et identité dans les écoles
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Inclusion, intimidation et identité dans les écoles

Avant de chercher à promouvoir l’inclusion, à combattre l’intimidation et à aborder la question délicate de l’identité dans nos institutions éducatives, il faudrait transcender l’état de pensée qui a créé les problèmes de l’exclusion, ainsi que la controverse liée à l’identité des personnes dans nos communautés scolaires.

Lorsqu’on cherche la source d’un problème, on a souvent l’impression de vouloir blâmer des personnes, des cultures de sociétés ou des situations. Cette optique nous empêche de « regarder dans le miroir » pour faire face à une problématique et la traiter par ses racines au lieu de la traiter par ses symptômes. J’espère que cet article contribuera à aller au-delà du blâme, vers le chemin d’une prise de conscience.

Voici les caractéristiques de notre système actuel, que je qualifierais d’un « système d’instruction » plutôt que d’un « système d’éducation » :

  • Valorise la performance reliée principalement aux résultats scolaires ou au palmarès sportif, plutôt qu’à la valeur de l’élève en tant que personne humaine…
  • Définit l’identité d’une personne à l’aide d’étiquettes dont le but est limité à la technicité du fonctionnement du système.
  • Présente aux élèves l’inclusion d’une personne sous forme de l’inclusion d’identités étiquetées.
  • Est centré sur la préparation des jeunes au marché du travail dans le but de faire tourner la machine économique.
  • Exige des élèves des comportements opposés à ce qu’ils observent et vivent dans la société.
  • Évalue la performance des élèves en les comparant à celle de leurs pairs.
  • Prône un système disciplinaire basé sur le principe du bâton et de la carotte.
  • Limite la santé mentale et les besoins socioaffectifs dans les écoles au service de la performance scolaire.
  • Est très faiblement outillé à pouvoir combler les lacunes des familles quant à répondre aux besoins des jeunes.
  • Est grandement politisé pour satisfaire aux caprices des citoyens ayant le droit de voter.

Dans un contexte pareil, nos interventions vont se limiter à contrôler le comportement des élèves en utilisant toutes les techniques de la motivation extrinsèque, celle qui éloigne la personne de sa vérité et transforme l’Être humain en un robot qui exécute des ordres.

La question de l’intimidation

Nos élèves seraient capables d’humaniser le monde si nous leur offrions une éducation centrée sur la vraie connaissance de soi, plutôt qu’une instruction centrée sur l’apprentissage de programmes d’études et sur la conformité aux exigences d’un système. La quête vers une connaissance de soi, loin des identifications étiquetées est la porte d’entrée vers des relations humaines saines, où l’intimidation n’a pas sa place.

Une personne qui reconnaît sa propre valeur n’aura pas besoin d’intimider et ne sera certainement pas susceptible de prendre le rôle d’une victime. Dans ce contexte sain, nous n’aurions pas besoin de mettre des codes de vie que les élèves auraient besoin de suivre juste pour éviter les punitions, que nous appelons faussement « conséquences ». Je pense qu’il est temps de sortir de tout ce qui est artificiel et d’éduquer les élèves à la profondeur et à l’authenticité.

Inclusion, intimidation et identité dans les écoles

La question de l’identité

Quant à la question de l’identité de la personne, elle restera controversée tant que les adultes la conçoivent comme une étiquette sur le front d’une personne. Peu importe l’amplitude de la tolérance d’une société, il y aura toujours des étiquettes que certains veulent accepter ou tolérer pendant que d’autres personnes refusent de les accepter ou de les tolérer.

Ce débat de société est interminable et sans issue. La porte de sortie est que nous puissions passer à un niveau supérieur de conscience qui transcende l’identité « fermée » vers l’identité « ouverte ».

Voici un exemple de différence entre les deux :

Voici un exemple d’identification fermée :

Je suis une personne douée en mathématiques. Mon identité est grandement liée à mon intelligence logico-mathématique. Je reçois beaucoup de diplômes, de prix, de distinctions dans ce domaine. Je suis très fier que mon identité soit socialement acceptée. Je suis grandement apprécié dans mon école et je remercie le ciel que mon identification soit publiquement reconnue et appréciée sans aucune controverse. Lorsque les autres s’adressent à moi, je suis une référence pour eux dans ce domaine. Je suis très heureux de voir que les autres m’apprécient. Je dois faire très attention à me mettre constamment à jour pour ne pas perdre ma place de « la personne douée en mathématiques ». Si je perds ma place, cela va être un grand drame, parce que je ne saurai plus à quoi m’identifier. Oh! mais heureusement que je joue très bien du violon et que je joue très bien au basketball… Effectivement, je suis performant dans des domaines divers et personne ne peut penser que je suis unidimensionnel (avec toutes les étiquettes associées à cela).

Voici un exemple d’identification ouverte :

Je suis une personne humaine qui a une expérience de douance dans un certain domaine. En tant que personne humaine, je ne peux pas limiter mon identification sur le fait que je suis doué en mathématiques. Je suis un espace de conscience de la vie dans lequel l’expérience de douance a lieu. Je refuse de prendre ma valeur de cela parce que, dans mon Être, je suis toujours à la découverte de beaucoup d’autres dimensions de ma vie. Je peux même découvrir que le plus que je limite mon identification à ma douance, le plus que je m’empêche d’aller plus loin dans la découverte de qui je suis. Peut-être que je découvre que cette douance en mathématiques cache un handicap social que je n’arrive pas à dépasser parce que mon identification est « fermée et limitée ». Dans mon Être, les expériences apparaissent et disparaissent. Je reste libre de ne plus m’identifier à mon intelligence logico-mathématique ni à ma capacité sportive et musicale. Je veux m’identifier à ma liberté intérieure, celle qui me permet de vivre d’autres expériences et de développer un aspect auquel je m’identifie beaucoup moins. Peut-être que je suis une personne peu sociable aujourd’hui, mais que, dans deux ans, je peux devenir une personne plus sociable en désinvestissant un peu mon identification à ma douance. Ma liberté intérieure est plus importante que ma liberté extérieure, je vais au-delà de ce qui est légal ou illégal.

La question de l’inclusion

Au moment où notre jeunesse sera éduquée par des adultes qui adoptent l’état d’esprit de l’identité ouverte, il n’y aura aucune place à l’exclusion puisque toute personne humaine sera une personne humaine tout court. Aucune identification à une classe sociale, à une forme d’intelligence, à une race ou à peu importe l’étiquette n’aura lieu. Nos journées de chandail rouge, noir, blanc ou en diagonale seront remplacées par l’année de l’être humain. Voici un modèle d’inclusion dépourvu de toute controverse.

Toute inclusion précédée par une étiquette est un effort controversé d’inclusion parce que nous entrons dans un domaine de jugement de valeur.

Si nous encourageons la diversité des opinions et la démocratie, nous ne pouvons jamais imposer à une personne d’accepter ou de promouvoir une étiquette.

Nous voulons vivre dans une société qui accepte l’être humain inconditionnellement, avec ses valeurs ou son identification fermée.

Serons-nous capables de passer à un autre niveau de conscience pour offrir à notre jeunesse de l’éducation plutôt que de l’instruction ? Serons-nous capables d’éduquer nos jeunes à l’identité ouverte? En attendant le jour où ce soleil va se lever, je garde mon espérance.


https://citation-celebre.leparisien.fr/citations/150019

Emad Awadalla Author
Émad Zaki Awadalla, 25 ans d’expérience en éducation, citoyen canadien d’origine égyptienne est actuellement conseiller en orientation et enseignant de chimie et de biologie. En plus de son intérêt aux sciences, Émad est trilingue, il s’intéresse surtout à l’approche holistique de l’éducation et de la santé physique et mentale.
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Emad Awadalla Author
Émad Zaki Awadalla, 25 ans d’expérience en éducation, citoyen canadien d’origine égyptienne est actuellement conseiller en orientation et enseignant de chimie et de biologie. En plus de son intérêt aux sciences, Émad est trilingue, il s’intéresse surtout à l’approche holistique de l’éducation et de la santé physique et mentale.
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