Du prix de l’excellence à l’anxiété de performance
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Du prix de l’excellence à l’anxiété de performance

En 1983 fut publié un livre de management traduit en plusieurs langues Le Prix de l’excellence écrit parThomas Peters et Robert Waterman. Cet ouvrage présentait les huit attributs des meilleures entreprises, complété par une analyse sur les fondements de la réussite et sur plusieurs idées qu’on peut qualifier de gros bon sensCe livre devint vite un modèle au sein des entreprises et plusieurs gestionnaires et chef d’entreprises s’en inspirèrent. 

Les leviers à partir desquels ont a évalué la performance de ces entreprises étaient les suivants : 

  1. ont le parti pris de l’action 
  2. restent à l’écoute du client 
  3. favorisent l’autonomie et l’esprit novateur 
  4. fondent la productivité sur la motivation du personnel 
  5. se mobilisent autour d’une valeur clé 
  6. s’en tiennent à ce qu’elles savent faire 
  7. préservent une structure simple et légère 
  8. allient souplesse et rigueur

Combien d’entreprises se qualifient aujourd’hui à ces attributs?  Cela m’amène à la question : que s’est-il donc passé après 1983? Bien sûr, les développements technologiques et la mondialisation sont pour beaucoup dans la transformation du monde du travail et la complexité des organisations actuelles.  

Or, comme les êtres humains sont le fondement des organisations, je ne peux m’empêcher d’y voir autre chose de plus important encore. Que nous est-il arrivé à nous? N’avons-nous pas perdu en chemin, ce contact privilégié avec nous-mêmes? C’est-à-dire, avec tout ce qui fait que nous sommes d’abord des êtres de corps et d’esprit, dotés de certaines valeurs distinctes, mais structurés à partir des mêmes besoins fondamentaux? 

Ma pratique clinique s’est beaucoup transformée depuis les quinze dernières années. Aujourd’hui comme hier, je rencontre encore des gens à la recherche d’un avenir professionnel convenable. Le changement de fond se situe au niveau de la façon dont les gens « vivent » leur expérience professionnelle ou s’y préparent.  

Par exemple, les jeunes que je rencontre n’ont pas commencé leur vie professionnelle et pourtant, c’est comme s’ils y étaient déjà. Ils carburent en mode performance. Une performance anxiogène, conditionnée ou préfabriquée selon leur environnement. S’ils se sentent en mode performance, ils ne sont pas du tout en mode « excellence ». La qualité de leur vie fait défaut. Les valeurs qui importent à leurs yeux sont une quête, non une réalité.  Une énergie incroyable est dépensée à des préoccupations extérieures à eux-mêmes : 

  • Être à la hauteur des attentes ou exigences des parents et du milieu scolaire 
  • Construire et préserver une image de soi auprès de leur groupe de référence 
  • Chercher leur valeur dans le regard d’autrui 
  • Espérer qu’on les aime à tout prix 
  • Être plutôt attentif à ce qu’on pense d’eux qu’à ce qui leur importe vraiment 

Ils souhaitent performercar ils croient que c’est ce qu’on attend d’eux. Tandis que l’image de soi doit être sauvegardée à tout prix, souvent au prix de leur joie de vivre, les jeunes empruntent l’âge adulte dès 16-17 ans.  

Pour les adultes, qu’y a-t-il de si différent? Chez eux aussi, l’énergie est dirigée vers l’extérieur d’eux-mêmessur la production de pensées anxiogènes associées à leur environnement, leur travail, leurs multiples rôles. On croirait que l’anxiété devient peu à peu un profil de personnalité.  

Dans ma pratique, ce qui est véritablement différent aujourd’hui, c’est que je dois d’abord ramener mes clients « dans leur corps ». Près de leur respiration. En contact avec leurs maux de ventre, de tête. En contact avec leurs peurs, de manière à les inviter à questionner en quoi le contenu de leurs peurs est vrai et bienveillant. 

La performance (plutôt considérée comme un résultat) a damé le pion à l’excellence (laquelle réfère à une qualité).  

Les huit attributs associés au Prix de l’excellence pourraient facilement être réactualisés. Ils pourraient même devenir des guides de référence pour nous éclairer tous. Ceci, pour mieux vivre dans un monde complexe. Et ce, grâce à une attitude orientée vers l’excellence (qualité-valeurs-besoins) plutôt qu’en mode performance.  

Ainsi, à la manière de ceux définis par Peters et Waterman, les personnes en mode excellence se distingueraient par les huit attributs suivants : 

  • ont le parti pris de l’action  
    • afin de supplanter les peurs irréalistes cultivées par un mental hyperactif 
  • sont à l’écoute d’eux-mêmes 
    • le meilleur client qu’on a et aura toute sa vie étant soi-même 
  • favorisent leur propre autonomie et leur esprit novateur 
    • obéir à ses propres besoins sans craindre de sortir des sentiers battus 
  • fondent leur productivité sur leurs propres sources de motivation 
    • et non à partir de celles d’autrui 
  • se mobilisent autour d’une valeur clé 
    • une valeur bienveillante qui puisse les guider, faire du sens à leurs yeux 
  • s’en tiennent à ce qu’elles savent faire de mieux 
    • pour éviter de s’éparpiller dans un « multitasking » abrutissant et surtout, pour nommer des réussites, des accomplissements réels 
  • préservent une vie simple et légère 
    • afin de simplifier au lieu de multiplier 
  • allient souplesse et rigueur 
    • parce que la première nous garde ouvert au changement et la seconde génère le sentiment de satisfaction au plan personnel et professionnel 

Ce mode de vie orienté vers l’excellence aurait certes un prix. Sans doute celui de déplaire à quelques-uns, parce qu’on répond moins à leurs impératifs ou attentes.  

Mais le prix le plus intéressant, c’est la découverte d’une évidence : nous n’avons qu’une seule vie à vivre. La durée de celle-ci étant très limitée, il devient essentiel alors de nous relier à une vie plus riche; c’est-à-dire à une vie qui fait du sens. Une vie alignée sur la qualité-valeurs-besoins permet un accès privilégié au meilleur de nous-mêmes. Étrangement, en plus de nous rendre heureux, cela plaira à plusieurs… 

Marie-Sylvie Dionne possède une maîtrise en éducation des adultes et une expérience de plus de 30 ans en transition de carrière. Elle a dirigé une entreprise de services conseils et présidé plus de 50 comités d’aide au reclassement au sein d’entreprises visées par des licenciements collectifs. Chargée de cours au collégial et à l’université durant 10 ans, elle est l’auteure de plusieurs outils et ouvrages liés à la carrière. Blogueuse au Huffington Post durant six ans, elle est désormais auteure, réviseure et créatrice de contenu. La joie malgré tout est son deuxième essai et Désorientés et heureux, son premier roman. On peut suivre ses blogues sur mariesylviedionne.com
https://www.mariesylviedionne.com/
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Marie-Sylvie Dionne possède une maîtrise en éducation des adultes et une expérience de plus de 30 ans en transition de carrière. Elle a dirigé une entreprise de services conseils et présidé plus de 50 comités d’aide au reclassement au sein d’entreprises visées par des licenciements collectifs. Chargée de cours au collégial et à l’université durant 10 ans, elle est l’auteure de plusieurs outils et ouvrages liés à la carrière. Blogueuse au Huffington Post durant six ans, elle est désormais auteure, réviseure et créatrice de contenu. La joie malgré tout est son deuxième essai et Désorientés et heureux, son premier roman. On peut suivre ses blogues sur mariesylviedionne.com
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