Une pratique probante pourtant non reprise
Lors d’une tournée européenne récente m’ayant permis de côtoyer plus d’un millier de praticiens comme lors du Mini-symposium des pionniers de l’ISEP-UQAM (voir billet Mini-symposium des pionniers de l’ISEP-UQAM), plus d’un de ces praticiens a déploré le langage trop hermétique et jargonneux (terme utilisé jadis par mon Directeur de thèse) des chercheurs et cette tendance ne fait qu’augmenter avec les exigences —surtout pour les jeunes chercheurs— de publier dans des revues scientifiques internationales (donc le plus souvent en anglais) où les articles sont soumis de façon anonyme à l’évaluation de pairs donc de d’autres chercheurs utilisant ce même langage désincarné.
Lorsque qu’en 1987 (et pour près d’une décennie) je fus sollicité par le Pr. Doria ROSS pour diriger le Comité scientifique de la nouvelle revue Carriérologie (laquelle remplaçait la revue ISEP et devenir internationale), j’avais accepté ce mandat à condition que chaque article reçu soit soumis à deux évaluateurs anonymes, un du monde dit scientifique tel un professeur-chercheur universitaire et un du monde de la pratique. Concrètement, lorsque les verdicts étaient diamétralement opposés quant à l’acceptation ou le refus, alors je sollicitais un troisième évaluateur et la majorité l’emportait.
Dans la très grande majorité des cas cependant, les deux premiers verdicts allaient dans le même sens mais, dans la très grande majorité des cas encore une fois, les corrections demandées variaient largement entre ces deux évaluateurs. Alors je soumettais aux auteurs l’ensemble des corrections demandées leur demandant d’en tenir compte et de revoir leur texte en conséquence.
Les réactions de ces auteurs —très majoritairement des professeurs-chercheurs universitaires— allaient de l’indignation (Quel ignare c’est permis de tels commentaires?) a —la plupart du temps— un accueil presque révérencieux; les auteurs étant à la fois déroutés et stimulés par les desideratas des évaluateurs-praticiens.
À ma connaissance cette politique de demander un avis d’un scientifique et d’un praticien sur un même écrit ne s’est pas maintenue à la suite de mon départ ni ne fut reprise ailleurs et je trouve cela dommage.
Il s’ensuit que le fossé entre les scientifiques et les praticiens ne cesse de s’élargir ce qui fait que, d’un côté, nous avons des revues « savantes » généralement en anglais et lues que par quelques autres scientifiques et, de l’autre côté, des organes de vulgarisation (bulletins, infolettres, magazines) comme OrientAction et Careering qui tendent, tant bien que mal, à combler ce fossé et cela est tout à l’honneur de leurs comités éditorialistes.
C’est pourquoi, avec beaucoup d’humilité car je suis de plus en plus conscient de mes limites et ignorances, j’accepte l’invitation de « bloguer » sur OrientAction avec ouverture et enthousiasme pour bientôt une neuvième année consécutive.
Bonne rentrée!