COVID 19; une simulation grandeur nature
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COVID 19 : une simulation grandeur nature

N’est-il pas fascinant que, bon gré mal gré, la COVID-19 nous oblige à vivre voire même à participer pleinement à une simulation grandeur nature de la mondialisation?

La mondialisation se définit comme un processus multidimensionnel concernant différents aspects de la vie des sociétés et des individus. Elle se traduit par l’intensification des flux d’échanges de biens matériels et immatériels. Dans la présente simulation, le « bien » en question est un virus né à Wuhan en décembre 2019. Il comporte une phase moyenne d’incubation d’un peu plus de 5 jours et, pour plus de sécurité, un confinement total de 14 jours étant recommandé ou imposé. Un parallèle est à faire ici entre cette incubation et ce confinement et la phase immatérielle dudit virus!

La mondialisation est à la fois moteur et conséquence d’une croissance économique, cette conséquence pouvant être à la fois positive et négative. Côté positif par exemple, la COVID-19 oblige les gouvernements à faire des investissements massifs dans la recherche d’un vaccin ainsi que dans des mesures préventives et curatives des effets de ce virus. Côté négatif, il y a, par exemple, l’augmentation des ruptures d’approvisionnements et de leur circulation ainsi que les nombreuses absences au travail causées par ce virus ainsi que par les confinements qu’il occasionne; deux états de fait qui ralentissent grandement, de façon réelle ou psychologique, la productivité et l’économie comme en fait foi les soubresauts des diverses bourses.

Dans la même veine, une des conséquences de la mondialisation, est l’affaiblissement des économies locales, incapables de compétitionner avec les multinationales générées par la mondialisation. Parallèlement, plus la COVID-19 se répand dans un pays, plus celui-ci voit son économie fragilisée. Il est même question de récession!

Toujours par rapport à la mondialisation, cette croissance économique prend la forme d’une compétition sans règle ni loi où le joueur le plus rapide gagne. Pour accélérer cette compétition, tous et chacun misent sur l’abolition des frontières et des réseautages stratégiques. La COVID-19 joue à fond sur ces deux plans. Côté frontières, on n’a qu’à prendre l’Italie comme exemple. En apprenant que leur gouvernement s’apprêtait à mettre le nord de ce pays (en particulier la Lombardi) en quarantaine, plusieurs ressortissants de cette zone italienne ont vitement fui vers la partie sud du pays ou ont traversé leur frontière nord vers le Tessin, un canton suisse d’expression italienne. Quelques jours à peine après, ces deux zones d’évacuation furent contaminées et mises à leur tour en quarantaine! Côté réseautage, la COVID-19 est un virus de proximité qui ne se transmet que de personne à personne via des supports physiques simples et courants comme les gouttelettes éjectées lors d’un éternuement ou les empreintes digitales laissées sur la barre de soutien d’un transport collectif.

Et pour rendre cette simulation encore plus crédible, il appert que le lieu d’origine de ce virus est la Chine, un des pays grands gagnants dans cette course à la mondialisation.

Réactions 

Une première réaction pour les entreprises locales est de prendre le train en marche (expression souvent utilisée lors de l’émergence de la mondialisation sous la pulsion du néo-libéralisme1), par exemple par la délocalisation de certaines de ses opérations vers des pays en voie de développement surtout des pays où les normes de travail sont moins sévères et où la main-d’œuvre est moins coûteuse (par exemple Bombardier fait faire de la sous-traitance de pièces au Mexique et en Inde) ou tout simplement en devant à leur tour des débuts de multinationales (par exemple Couche-tard et Jean Coutu). En ce qui a trait à la COVID-19, chaque pays touché cherche à tirer le maximum des expériences tentées par les pays précédemment infectés et ainsi trouver l’approche optimale pour lutter contre cette pandémie.

En revanche, afin de contrer les effets négatifs de la mondialisation, les diverses autorités nationales ont deux grands leviers. Le premier est l’instauration d’une forme plus ou moins radicale de protectionnisme, la forme extrême étant la fermeture complète des frontières. Dans le cas de la COVID-19, plusieurs pays y ont eu recours.

Le deuxième levier est la régionalisation sous toutes ses formes : regroupements stratégiques, coopératives, grappes industrielles, achats « patriotiques » (Québec d’abord), achats locaux ou de proximité, etc. Tout en suggérant une distanciation sociale d’un bon mètre (pour éviter les contaminations), les autorités suggèrent de s’organiser en bon voisinage par exemple pour la garde et l’animation des enfants en congé forcé à cause de la COVID-19 sans pour autant récréer des classes, du moins quant au nombre d’enfants.

En somme, la COVID-19 nous offre une simulation grandeur nature 3D «très palpable» qui pourrait nous aider à mieux faire comprendre une réalité du monde actuel du travail qui, comme telle, dépasse notre entendement à cause entre autres de son ampleur et de ses diverses ramifications, soit celle de la mondialisation!

Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.
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Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.