Trouver son X sur le marché du travail actuel
Marché du travail

Trouver son X sur le marché du travail actuel

Temps de lecture : 3 minutes

Au début de 2019, un sondage a révélé que près de 50 % des Québécois n’étaient pas heureux au travailPlus d’un an après, pensez-vous que la situation a changé? Sommes-nous plus heureux au travail en 2020? 

Certes, avec un taux de chômage qui frôle le plein-emploi dans plusieurs régions, il est plus facile que jamais de trouver un emploi – du moins dans certains secteurs d’activité –, mais encore faut-il trouver le bon. Celui qui nous représente, qui s’accorde avec nos valeurs et nos intérêts, qui met en pratique nos compétences, qui nous permet de nous épanouir sur le plan professionnel et de côtoyer des collègues inspirants. Celui, aussi, qui nous permet de vivre de façon décente, de nous adonner à nos loisirs, de consacrer du temps à notre famille et nos amis. 

Or, pour plusieurs travailleurs, cet emploi « idéal » demeure justement un rêve, plus ou moins lointain. 

Trouver un emploi de qualité et épanouissant 

Rares sont ceux qui occuperont un seul et même emploi – ou même métier – au cours de leur carrière. Selon létude réalisée par AXTRA au début 2019, les Québécois auront en moyenne cinq emplois différents, alors que 60 % changeront complètement de carrière au moins une fois. Et plus du tiers de la population vivra plus de trois réorientations de carrière au cours de sa vie professionnelle. Ces chiffres mettent de l’avant un fait important : les Québécois ne sont pas entièrement satisfaits au travail. 

Les sources d’insatisfaction en emploi sont d’ailleurs nombreuses : les tâches, les relations interpersonnelles, la structure et la culture organisationnelles ainsi que les facteurs personnels. Parmi les plus fréquentes, on retrouve notamment l’absence de reconnaissance, une rémunération jugée inadéquate, une surcharge de travail, un manque d’autonomie, un conflit avec un collègue ou un superviseur, etc. Toutefois, pour les travailleurs malheureux, il peut parfois être quasi impossible de solutionner le problème en cause, et parfois tout aussi difficile de changer d’emploi. 

En 2018, la durée moyenne du chômage s’établissait à 19 semaines au Québec. Quatre mois sans emploi. Des mois passés à éplucher les offres d’emploi, à soumettre sa candidature, à se présenter en entrevue et à attendre une réponse positive. Et pour tous les chercheurs d’emploi qui n’ont pas accès à l’assurance-emploi, des mois qui égrènent rapidement un coussin financier si chèrement acquis. Encore faut-il en avoir un, car si on se fie à nos voisins américains, où 78 % des travailleurs vivent d’une paie à l’autrela majorité de la population en âge de travailler ne dispose pas d’un tel fonds d’urgence pour faire face à une perte d’emploi ou pour quitter un emploi qui les rend malheureux. 

Trouver un emploi suffisamment rémunéré, à l’abri de la précarité 

Avec la montée de l’économie à la demande, la multiplication des emplois contractuels et le recours à la sous-traitance, l’emploi devient somme toute de plus en plus précaire et temporaire. Si cette situation est désirée par plusieurs « slasheurs », soit les travailleurs qui combinent plusieurs activités professionnelles (par exemple, les architectes/professeurs de yoga ou encore les vidéastes/peintres/techniciens horticoles), elle demeure involontaire pour bon nombre d’individus qui doivent combiner deux ou trois, voire quatre, emplois faiblement rémunérés simplement pour joindre les deux bouts.  

À l’échelle de la province, plus de 800 000 travailleurs gagnent moins de 15 $ l’heure (soit un revenu annuel de 27 300 $ pour 35 heures/semaine), dont 300 000 au salaire minimum, soit 12,50 $ (ou 22 750 $ par année). Selon une étude conjointe de Centraide et de l’Institut national de recherche scientifique (INRS) publiée en 2016, le nombre de travailleurs pauvres a augmenté de 30 % à Montréal de 2001 à 2012 pour atteindre 125 000. On retrouve d’ailleurs de plus en plus de travailleurs parmi les utilisateurs des banques alimentaires, soit 12,5 % en 2019 (comparativement à 9,7 % en 2018) selon le dernier Bilan-Faim de Moisson MontréalL’Observatoire de la pauvreté et des inégalités au Québec note également que les travailleurs qui occupent des emplois faiblement rémunérés, en plus d’avoir de la difficulté à combler leurs besoins de base, sont souvent victimes de perceptions négatives, alors que leurs emplois sont dévalorisés et jugés – à tort – faciles. Dans un pays développé comme le nôtre, ces données sont préoccupantes et montrent que des efforts concertés sont requis pour que tous les Québécois et Québécoises aient la chance de s’épanouir dans un emploi décent et rémunéré convenablement 

Trouver un emploi, tout simplement 

Enfin, pour plusieurs travailleurs issus de groupes sous-représentés sur le marché du travail, le simple fait de dénicher un emploi peut être ardu. Malgré la bonne conjoncture économique, le taux de chômage de plusieurs profils d’individus demeure plus élevé que la moyenne, que ce soit les personnes avec incapacités, les Autochtones, les personnes judiciarisées ou encore les nouveaux arrivants. Le principal facteur en cause dans plusieurs situations? La discrimination à l’embauche. En 2019, des professeurs de l’Université Laval ont prouvé que les dossiers de candidature de chercheurs d’emploi avec un nom de famille à consonance étrangère ou avec une incapacité sont encore victimes de biais, souvent inconscients, mais tout de même systématiques, de la part des recruteurs. Même si, théoriquement, la loi interdit la discrimination en milieu de travail et favorise l’accès à l’égalité en emploi dans les organismes publics, il reste malheureusement encore beaucoup de chemin à parcourir pour donner une chance égale aux chercheurs d’emploi présentant des profils différenciés. 

Que pouvons-nous nous souhaiter pour 2020? Possiblement un marché du travail plus inclusif, avec des emplois de qualité et suffisamment rémunérés, afin que tous puissent trouver leur X en emploi.  

Gabrielle St-Cyr est chargée de projet principale en recherche et analyse chez AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi. À ce titre, elle a piloté différentes études depuis neuf ans pour favoriser l’intégration en emploi de clientèles diversifiées, comme les jeunes, les nouveaux arrivants et les Autochtones.
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Gabrielle St-Cyr est chargée de projet principale en recherche et analyse chez AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi. À ce titre, elle a piloté différentes études depuis neuf ans pour favoriser l’intégration en emploi de clientèles diversifiées, comme les jeunes, les nouveaux arrivants et les Autochtones.
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