Dans un précédent billet, j’ai partagé quelques expériences personnelles avec le en-ligne et j’ai fait part des apprentissages que j’en ai retirés. J’ai par la suite exploré l’impact du en-ligne sur l’Individu, qu’il soit étudiant ou travailleur. Je voudrais maintenant explorer la contre-partie soit l’impact sur l’Environnement, en particulier sur l’environnement scolaire et professionnel.
Pour les organisations tant scolaires qu’ouvrières
Aspects positifs
Ici encore, le premier aspect positif qui ressort sont les économies d’espace, de temps et ultimement d’argent. Il y a aussi le fait que présentement l’individu utilise souvent son propre matériel informatique et sa propre connexion WIFI. À ces économies, peuvent également s’ajouter la réduction des frais professionnels de représentation.
Il y a aussi moins de pertes de productivité dues aux pauses formelles et informelles ainsi qu’aux diners qui s’éternisent.
Enfin, les organismes bénéficient de l’extra-production issue des heures longues assumées par leurs employés zélés ou désirant combler leur manque de concentration.
Aspects négatifs
Mais, comme mentionné dans mon blogue précédent, le en-ligne fragilise l’esprit de corps et la culture organisationnelle et partant ébranle tous les efforts par exemple pour fidéliser la relève ou pour retenir les travailleurs d’expérience.
Mais, à première vue du moins, l’aspect le plus négatif pour les organisations d’études, de recherches ou de travail est la réduction de la circulation des savoirs tacites sources de transmission, de transformation et de création de nouveaux savoirs (Doyon et Lemire, 2003). Et pour démontrer cette relation intime entre les savoirs tacites et le présentiel quoi de plus parlant que cette citation de SARRA-BOURNET dans une capsule vidéo annonçant le pavillon de l’Institut quantique de l’Université de Sherbrooke : « Le bâtiment lui-même devient notre laboratoire. La recherche se produit dans le laboratoire; la science arrive dans le corridor! ».
La mouche
Dans mon blogue précédent, il était question de ressac. C’est souvent lors d’une absence ou d’une pénurie que l’être humain redécouvre l’importance de l’élément manquant. Ainsi, comme mentionné dans un billet il y a quelques années déjà, les cyberdépendants ou « gamers » collés à leur écran jour et nuit pendant des heures et des heures éprouvent soudain un consensuel besoin de se voir en personne, de se toucher, de se côtoyer. Plus récemment, après avoir banalisé, escamoté ou fait à la sauvette pendant deux décennies les rituels funéraires, voici que bien des gens redécouvrent leur importance alors que la COVID-19 les empêche justement d’exécuter de tels rituels. Étonnamment, durant tout le confinement, il me semble que les faireparts nécrologiques annonçant un décès spécifiaient plus que d’habitude que « des funérailles seraient tenues à une date ultérieure ».
Alors, pour éviter de tels ressacs, boomerangs et retours du pendule, est-ce que le dosage serait une avenue? Le en-ligne est là pour rester mais, pour poursuivre mon parallèle, j’ajouterai que cette ligne devrait être équipée pour faire de la pêche à la mouche! Pour exceller dans ce type de pêche dirait mon ex-collègue feu Robert LEMAIRE, il faut que la mouche – ou le leurre cachant l’hameçon – effleure à peine la surface de l’eau pendant quelques minutes seulement, juste assez pour titiller le poisson. La ligne est ensuite vitement retirée pour être relancée à nouveau juste à côté, action répétée plusieurs fois jusqu’à ce que le poisson n’en puisse plus et saute gober la mouche donc l’hameçon!
Après l’expérience de Poughkeepsie, nous les étudiants étions majoritaires à dire que le en-ligne était bien pourvu qu’il n’y en ait pas trop; par exemple un cours par année ou quelques séances à l’intérieur d’un même cours. Par ailleurs, après le rodage de Choice, j’ai compris l’importance de décanter un savoir nouvellement acquis et pour ce faire un espace dialogique est requis.
Surtout en éducation et partant en orientation et en développement de carrière, il est pertinent d’ajouter une mouche au en-ligne afin que celui-ci serve à éveiller l’attention et la curiosité de l’usager pour qu’il aille plus loin et se mette en action et évite de devenir ce qui est appelé des « zoombies », des êtres à la fois présents et absents. Pour ce faire, il y a lieu de s’inspirer de formules éprouvées comme la pédagogie hybride combinant le présentiel et le à distance et comme la pédagogie inversée (notions et savoirs à la maison; application dans la salle de cours).
Références
Clavier, D. et Di Domizio, A. (2007). Accompagner sur le chemin du travail. Québec : Septembre.
Carr, R. 1983). Le conseil mutuel – Théorie et pratique. Monographie. Ottawa-Hull : Direction de l’analyse et du développement, Emploi et Immigration Canada.
Doyon, D et Lemire, Y. (2003). « Modèle d’apprentissage contenu axé sur les relations. Actes du congrès international Développement de la qualité en orientation. Berne : AIOSP.
Lemoine, G. (2008) dans Zoom sur la dimension lieu. Québec : Septembre.
Limoges, J. (2013). Prestation-conseil. Rapport final. Paris : APEC. Pour usage interne seulement.
Martiny C. et Lesage M. (2010). « Un regard sur le counseling à distance en termes d’efficacité et la perception de l’alliance de travail. » En pratique 13.
Mehradian, A. (2007). Non verbal communication. New-Brunswick : Aldine Transaction.
Polanyi, M. (1966). The tacit dimension. Londres: Routledge & Kegan
Thompson, R. (2006). Psychology at a distance: examining the efficacy of online therapy. Thèse. Portland: Portland State University