La peur de démissionner : comment la surmonter (partie II)?
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La peur de démissionner : comment la surmonter (partie II)?

Temps de lecture : 3 minutes

Dans un précédent billet, je vous ai parlé de Mélanie, professionnelle de 30 ans qui n’arrivait pas à démissionner à cause de plusieurs peurs. Je vous ai notamment raconté comment nous avons réussi, grâce à l’EMT (eye movement technique), à résoudre sa crainte de ne pas être plus heureuse dans un autre emploi. Dans le présent billet de blogue, je vous résume une autre de nos séances : celle où nous avons travaillé sa peur intense d’être jugée de ses supérieures si elle démissionne.

Pour le rappeler sommairement, l’EMT est une technique dérivée de l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing).

Qu’est-ce que l’EMT?

Développée par le psychologue étatsunien Fred Friedberg, Ph. D., l’EMT permet de réduire rapidement les émotions négatives associées à une situation (présente ou future) au moyen de stimulations bilatérales rapides semblables à celles utilisées en EMDR (ex. : mouvements oculaires, tapotements en alternance sur les genoux). En EMT, on privilégie le tapping bilatéral alterné, par séries de 2 à 3 minutes chacune.

Le cheminement de la cliente pendant la séance

Lors de cette séance, nous nous sommes attaqués au scénario suivant : « S’il fallait que mes supérieurs me jugent dans mon dos (si je démissionne)… » Ce scénario déclenchait chez Mélanie une peur intense qu’elle évaluait à 10/10 d’intensité.

Alors que Mélanie se concentrait sur son scénario, j’ai effectué une 1re série de tapping bilatéral. Pendant cette série, la cliente s’est sentie « prise » à la poitrine. Le visage de ses supérieurs lui est venu à l’esprit. Elle n’a pas ressenti toutefois d’émotion pendant la séquence. Au terme de cette séquence, la peur d’être jugée était toujours à 10/10 d’intensité.

Au cours de la 2e série de tapping, Mélanie a ressenti de la peine et a eu envie de pleurer. Elle a imaginé ses supérieurs parler dans son dos après qu’elle a eu quitté son emploi. Au terme de la série, la peur d’être jugée était rendue à 9/10.

Au cours de la 3e série, alors que ma cliente se concentrait à nouveau sur son scénario, celle-ci s’est sentie « compressée » à la poitrine. Elle a encore eu envie de pleurer. Détail important : l’image de ses supérieurs lui était floue. Au terme de la série, sa peur était à 8/10 d’intensité.

Au cours de la 4e série, elle a eu de la difficulté à se concentrer sur le scénario (ce qui est bon signe); aussi, elle a ressenti peu d’émotion et n’a éprouvé aucun malaise physique. Au terme de la série, la peur d’être jugée par ses supérieurs était réduite de moitié : 4 à 5/10.

Pendant la 5e série, Mélanie a ressenti de la frustration. Imaginant ses supérieurs parler dans son dos, elle s’est dit : « Je les haïs. » La peur d’être jugée était alors rendue à 2 à 3/10 d’intensité.

Au cours de la 6e série, la cliente a revu ses supérieurs dans son esprit; elle n’a eu ni réflexion, ni émotion négative, ni sensation inconfortable. La peur était rendue à 2/10.

Le point de vue de la cliente

Mélanie était à même de constater les changements survenus en elle :

« Je suis plus indifférente au jugement possible de mes patrons. S’ils me jugent, eh bien, tant pis pour eux! Ça va juste me confirmer que j’ai raison de partir de ce milieu. »

La jeune professionnelle se sentait plus calme qu’au début. Nous avions réussi à neutraliser une autre de ses peurs.

La cliente a-t-elle démissionné?

Comme mentionné dans le précédent billet, nous avons eu à travailler plusieurs peurs rattachées à l’idée de démissionner. Grâce à ce travail, Mélanie s’est dégagée de ses blocages, un à la fois, et a pu enfin démissionner de son poste et relever de nouveaux défis dans un nouvel environnement répondant davantage à ses besoins d’être appréciée et reconnue.

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.

Bibliographie abrégée

Friedberg, F. (2004). Eye movement desensitization in fibromyalgia: A pilot study. Complementary Therapies in Nursing and Midwifery, 10(4), 245-249.

Friedberg, F. (2006). Comprendre et pratiquer la technique des mouvements oculaires (EMT). Paris, InterEditions.

Migneault, S. (2014). L’EMT (Eye Movement Technique) : un levier en psychothérapie. Dans P. Mongeau (dir.), Fibromyalgie, quand tu nous tiens (p. 231-238). Saint-Sauveur-des-Monts, Éditions du Grand Ruisseau.

Shapiro, F. (2018). Eye Movement Desensitization and Reprocessing. Basic principles, protocols, and procedures, 3e édition, New York, The Guilford Press.

Stéphane Migneault est psychologue, formateur et conférencier. Il pratique la psychothérapie brève à Québec. Fort de ses 15 années d’expérience avec l’EMT, il enseigne depuis 2010 cette technique avant-gardiste à des professionnels de la santé: psychologues, conseillers d’orientation, travailleurs sociaux, psychoéducateurs, sexologues, infirmières psychiatriques et médecins. Il a formé à ce jour plus de 1300 professionnels du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, tant en français qu’en anglais. Avec une nutritionniste, il coanime la formation De l’assiette au cerveau: l’influence de l’alimentations sur le cerveau et la santé mentale.
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Stéphane Migneault est psychologue, formateur et conférencier. Il pratique la psychothérapie brève à Québec. Fort de ses 15 années d’expérience avec l’EMT, il enseigne depuis 2010 cette technique avant-gardiste à des professionnels de la santé: psychologues, conseillers d’orientation, travailleurs sociaux, psychoéducateurs, sexologues, infirmières psychiatriques et médecins. Il a formé à ce jour plus de 1300 professionnels du Québec, du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario, tant en français qu’en anglais. Avec une nutritionniste, il coanime la formation De l’assiette au cerveau: l’influence de l’alimentations sur le cerveau et la santé mentale.