UN SONDAGE, UN RAPPORT ET LE MÊME CONSTAT ACCLABLANT
À propos, avez-vous entendu parler du sondage mené en ligne par Innovative Research Group en partenariat avec l’African-Canadian Civic Engagement Council (ACCEC), entre le 17 et le 30 juin 2020, auprès de 2322 Canadiens, dont 400 personnes noires? Les conclusions sont on ne peut plus claires : les Afro-Canadiens sont plus touchés par les effets de la COVID-19. Plusieurs facteurs expliquent cette vulnérabilité dont le phénomène de ghettoïsation des familles immigrantes. Par ailleurs, Santé publique Ottawa avait publié en novembre 2020 un rapport abondant dans le même sens. En effet, on peut y lire qu’au nombre de personnes qui ont contracté le coronavirus à Ottawa entre mars et août 2020, 37 % étaient des Noirs, alors qu’ils ne représentent seulement que 7 % de la population à Ottawa. Il va sans dire que cette réalité pose de nombreux défis à cette clientèle déjà vulnérable à bien des égards.
SEPT DÉFIS À SURMONTER POUR TROUVER UN EMPLOI DURANT LA COVID-19
1- Défi du numérique
Le rapport au numérique demeure sans conteste un défi pour nombre de chercheurs d’emploi immigrants d’arrivée récente. En fait, de l’aveu de certains clients, le fait de participer à des événements de recrutement en ligne, ou de savoir utiliser des applications comme Zoom ou Teams lors de l’entrevue d’emploi virtuelle, constitue un véritable challenge. En passant, ça vous rappelle quelques-uns de vos clients issus de l’immigration?
2- Défi du transport
Par manque de travail dans les grands centres, quelques chercheurs d’emploi immigrants acceptent d’aller travailler dans les petites villes environnantes. Toutefois, pour s’y rendre, il faut avoir une voiture ou faire du covoiturage. Or, la pandémie de la COVID-19 ne facilite guère les choses. En effet, certains employés, qui auparavant étaient disposés à offrir du covoiturage à leurs collègues immigrants, sont maintenant fermés à l’idée de continuer à le faire, vu la dangerosité de la pandémie en question. Il s’ensuit, entre autres choses, la diminution des heures de travail, voire la perte d’emploi pour certains travailleurs immigrants. Imaginez comment ces derniers se sentent, surtout si c’est leur premier emploi au Québec.
3- Défi de l’isolement social
En raison de la restriction des visites à domicile, un grand nombre de personnes immigrantes d’arrivée récente se sentent socialement isolées de leurs personnes significatives, dont les membres de leurs communautés culturelles. Autant dire que cette situation est très douloureuse pour les uns et les autres. Heureusement que certaines initiatives citoyennes commencent à émerger dans le but de répondre aux besoins de nouveaux arrivants. C’est le cas, par exemple, de la Communauté congolaise de l’Estrie, qui entend organiser de séances virtuelles de recherche d’emploi, afin d’aider les jeunes récemment arrivés dans la région à trouver un emploi d’été.
4- Défi de la langue
La plupart des services du gouvernement sont accessibles en français ou en anglais, ce qui constitue un grand défi pour certains clients immigrants dont la langue maternelle n’est ni le français ni l’anglais. En pareilles circonstances, trouver un emploi devient un exercice difficile, notamment dans le secteur du service à la clientèle, et même en manufacture.
5- Défi du réseautage
Le réseautage culturel constitue un des moyens les plus efficaces pour bon nombre de personnes immigrantes qui désirent s’insérer sur le marché du travail. En effet, les responsables des associations culturelles organisent des rencontres de bienvenue pour les nouveaux arrivants et en profitent, dans la foulée, pour s’enquérir de leurs besoins en matière d’emploi, afin de les référer à de potentiels employeurs. Tout cela n’est plus possible depuis l’apparition de la COVID-19, puisque les rencontres en grand groupe sont réduites à la portion congrue et des visites, sont parfois interdites entre les membres de différentes familles.
6- Défi de la précarité
Le risque de la précarité financière est très grand pour bon nombre de personnes immigrantes d’arrivée récente. Celles-ci travaillent souvent dans des secteurs les plus durement touchés par la pandémie de la COVID-19. Il s’agit, notamment, de ceux de la restauration, de l’entretien ménager et de l’hébergement. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir plusieurs de ces personnes connaître une précarité financière et professionnelle prolongée sur plusieurs mois avant de retrouver un nouvel emploi correspondant à leurs besoins, à leurs compétences et à leurs champs d’intérêts.
7- Défi de l’âgisme
Pour terminer, il y a aussi le défi de l’âgisme. En effet, certains employeurs estiment que les femmes immigrantes de 55 ans et plus ne sont pas faciles à intégrer au sein d’une équipe de travail, parce qu’elles manqueraient d’énergie et de rapidité dans l’exécution des tâches. Pire encore, elles ne feraient pas preuve de débrouillardise devant certains défis rencontrés en emploi. D’autres employeurs craignent de pouvoir assumer des coûts exorbitants en cas d’accident de travail. C’est ce qui explique, en partie, le découragement observé chez certaines femmes immigrantes faiblement scolarisées lors de leurs démarches de recherche d’emploi.
DÉFIS CERTES DIFFICILES, MAIS PAS INSURMONTABLES
À tout prendre, le rapport entre la COVID-19, la recherche d’emploi et les nouveaux arrivants est évident. Le fait est que ces derniers font face à de nombreux défis dans leurs démarches de recherche d’emploi, dont le numérique, le transport, l’isolement social, la langue, le réseautage, la précarité ainsi que l’âgisme. Pour autant, ces défis ne sont pas insurmontables si les employeurs, les responsables des communautés culturelles, les intervenants en employabilité ainsi que les gouvernants se mettent ensemble pour réfléchir aux meilleures façons d’aider davantage les nouveaux arrivants en matière d’emploi. Ça pourrait être le sujet du prochain article, qu’en pensez-vous?