Il serait probablement temps de songer à repenser la mission de l’éducation, ainsi que les carrières qui en découlent. Le contenu de ce « point de vue » ira, et j’en suis parfaitement conscient, dans un sens vers lequel un lecteur s’attend le moins, même si la question de la santé mentale est à la mode en Ontario.
J’ai fait une recherche Google « Mission du ministère de l’Éducation de l’Ontario ». Et, certes, j’ai trouvé des résultats qui pourraient être considérés comme des missions ou des visions. Si je fais la même recherche pour bien des conseils scolaires ou des écoles en Ontario, là je peux facilement trouver des intentions explicitement décrites comme Mission ou Vision. Mais, toute intention peut perdre son statut de mission dans la mesure où la question du « pourquoi » se pose ou, autrement dit, si on gratte pour aller plus en profondeur.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde de la technique et de la technologie. Les services offerts dans la société sont efficaces dans la mesure où :
Il est important de signaler que malgré le caractère négatif exprimé dans certains points, la domination du monde de la technique et de la technologie, fruit de l’hyperfonctionnement de l’hémisphère gauche du cerveau, a des côtés brillants et alléchants quant aux réalisations extraordinaires qui feraient certainement la fierté de notre civilisation. Personne ne peut nier la splendeur de l’exploration de l’espace ni celle de l’intelligence artificielle ultra moderne.
Il est aussi nécessaire de réaliser que le choix de laisser dominer l’hémisphère gauche du cerveau ne peut pas se faire sans compromettre son hémisphère droit : les relations humaines saines, la compassion, le sentiment d’appartenance, la solidarité, l’amour, la paix et la justice sociale qui nécessite une vraie connaissance de soi-même et de l’autre. Une connaissance qui va au-delà des étiquettes, des identifications et du fruit permis et du fruit défendu. Avons-nous déjà fait un choix conscient de laisser dominer l’hémisphère gauche du cerveau humain? Si oui, ça ne sert à rien de se lamenter sur l’état de santé mentale de nos jeunes dans les écoles ou de chercher des stratégies impossibles et inefficaces. Pour qu’elles soient possibles et efficaces, la première condition est celle d’accepter de payer le prix : compromettre la domination de l’hémisphère gauche du cerveau et toutes les conséquences qui en découlent.
Se connaître à sa propre valeur, c’est être capable d’identifier autant ses richesses que ses pauvretés tant au niveau individuel que collectif, tant au niveau du technique que de l’humain. Une société qui n’est pas capable d’investir son humilité à côté de sa fierté ou qui confond l’humilité avec la faible estime de soi est en danger. Alors, posons-nous la question : sommes-nous déjà comblés par notre technologie ultra moderne? Si la réponse est non, alors la suite de cet article serait utile.
L’éducation, à mon avis, devrait être l’éclaireur, le moteur du changement de la société et non une victime de la société.
Si ce qui se passe dans la société se répète à l’école sans que les éducateurs n’aient leur mot à dire parce qu’ils n’ont ni le temps ni l’occasion de développer la pensée critique, si les enseignants deviennent hyperspécialisés et ont un principal et unique mandat tellement bien défini et cadré autour de l’apprentissage scolaire pour que chaque jeune devienne un engrenage dans la machine économique, si les enseignants sont eux aussi victimes de divisions politiques, idéologiques et cherchent l’unité dans la conformité plutôt que l’unité dans la diversité, alors il serait plus approprié de le nommer ministère de l’Enseignement et de l’Apprentissage plutôt que ministère de l’Éducation.
Une vraie éducation devrait : (* En anglais, « consciousness » et non pas « conscience » / loin du concept du bien et du mal)
Bref, pour que l’éducation ne soit pas réduite à l’instruction, ne serait-il pas nécessaire de réviser l’ordre des priorités?
La question de la santé mentale est devenue à la mode en Ontario ces jours-ci lorsque les intervenants ont réalisé que les élèves en ont besoin pour réussir à l’école ou pour assurer leur sécurité et celle de leur environnement. Lorsqu’une personne est dans ce type de souffrance, la cause principale est justement parce qu’en profondeur, elle se sent « utilisée » pour une cause, peu importe la noblesse de cette cause. L’école d’aujourd’hui ne devrait-elle pas avoir les outils et les ressources pour combler les lacunes des familles et celles de la société, y compris les besoins socio-affectifs de l’élève? L’hémisphère gauche du cerveau réagira : « Qui est responsable de quoi? Comment assurer la redevabilité des individus dans le système? », celle de l’hémisphère droit serait : « Un besoin humain est devant moi, je répondrai à ce besoin en tant qu’humain avant d’être un spécialiste ». Ferons-nous un équilibre?
Nous ne pouvons certainement pas demander à des membres de la famille d’un élève qui eux-mêmes se retrouvent en situation de besoin d’aide de fournir au jeune ce qu’elle n’est pas capable de s’offrir à elle-même. Alors, qui va faire le changement de ce cercle vicieux si ce n’est l’école? Comment pouvons-nous assurer une démocratie et une justice sociale sans l’éducation de la personne plutôt que l’instruction d’un curriculum? Il est temps de trouver une mission de l’éducation qui nous aide à cheminer vers une humanité où les guerres, les injustices, les prisons et les atrocités ne sont plus les moteurs de l’économie. L’être humain a cru un jour qu’il pouvait conquérir l’espace. Eh voilà, il l’a réalisé. Si on croit qu’un monde juste et en paix est possible, si on croit en une économie dont le moteur principal n’est pas l’industrie et le commerce des armes, alors, nous devrions commencer à explorer l’éducation humaine qui intègre tout le reste et avec cela, de nouvelles carrières qui construiront cette nouvelle humanité prendront naissance par la jeunesse éduquée.