En remontant le fil du temps, on s’aperçoit que la profession de conseiller d’orientation a beaucoup évolué afin de s’adapter aux besoins changeants de la population (Michaud, 2006). En effet, sous l’impulsion de la diversification des emplois (Savickas, Nota et al., 2010), notre mission s’est progressivement élargie (Michaud, 2003), en ajoutant à la mission historique d’éducation au choix de métier dans le milieu scolaire (Michaud, 2006), l’accompagnement au développement et à la gestion de la carrière dans une perspective d’orientation tout au long de la vie (Hall, 1996 ; Littleton, Arthur et Rousseau, 2000 ; Gingras, 2005). Afin de répondre aux besoins changeants de la population, l’orientation se modernise.
Le terme orienteur, bien que toujours très présent dans la bouche de celles et de ceux qui cherchent une aide pour leur carrière ou leurs études, fait plutôt référence à un temps ancien ou le rôle du c.o. était alors cantonné aux seules écoles secondaires québécoises. Une fois par année, chaque élève du collégial qui arrivait à la fin de son parcours était alors amené à rencontrer un c.o. qui allait alors ainsi faire des prédictions quant à son avenir professionnel, se trompant bien souvent d’ailleurs! Nombreuses sont les histoires d’individus déçus de ce que leur c.o. d’alors leur avait prédit tandis qu’à 15 ou 16 ans ils ne savaient pas quel métier choisir. Autant dire que la réputation parfois mauvaise de notre profession remonte probablement à cette époque « d’espérances déçues ». L’orienteur nous ramène peut-être un peu à cela… « Celui qui croit savoir et qui finalement ne sait pas grand-chose »… Certaines mauvaises langues pourraient-elles affirmer. Ceci dit, l’orientation demeure une profession complexe, au confluent de la psychologie, des ressources humaines et de l’éducation alors même que le travail demeure encore central dans la vie des gens.
Par ailleurs, comment évaluer une orientation efficace et utile?…Sur quels critères précis faudrait-il se baser?…Pas si évident que cela, surtout quand la personne ne sait pas elle-même quelle décision prendre… Pourtant être sur la bonne voie professionnelle augmenterait « le taux de bonheur » selon certains. Autant dire que les attentes sont finalement élevées quand on nous sollicite pour aider à résoudre une difficulté professionnelle ou à prendre une décision de carrière. Cela est d’autant plus délicat que 51 % à 60 % des individus qui consultent aujourd’hui en orientation souffrent d’un niveau élevé de détresse psychologique justement en relation avec des difficultés de prise de décision (Multon et al., 2001; 2007). L’orienteur c’est un peu comme ce vieil ami qu’on connaît bien et avec lequel on n’a pas nécessairement de bons souvenirs, mais qui nous ramène, presque un peu malgré nous, à des temps anciens, ceux d’une jeunesse hésitante, empreinte aux doutes et aux questionnements alors que nous attendions qu’on nous désignât volontiers une «voie toute tracée »…