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À l’occasion d’une première rencontre en counseling d’orientation avec un client adulte il semble utile d’analyser la demande d’aide et de cerner le besoin. Classique! Lorsque Jérémie s’est mis à répondre en termes de limites pendant l’exploration de ses ressources, il m’a paru indiqué d’évaluer la posture de ce client. Face au constat que les exercices proposés entre deux rencontres n’étaient pas réalisés par le client et que des rendez-vous n’étaient pas honorés, il m’a paru nécessaire d’évaluer les raisons de son attitude ainsi que les ressources et les limites personnelles et environnementales du client.
Nous reprenons le temps de nommer l’objectif de ce counseling d’orientation, l’histoire du problème d’orientation, ce qui a été entrepris pour le résoudre (ressources) et ce qui a pu empêcher (limites) l’atteinte de son objectif actuel.
Vu la situation de Jérémie, il semble que trois enjeux de carrière se chevauchent continuellement : réorientation, réinsertion, réadaptation. Nous convenons ensemble (ressource) d’évaluer (ressource et limite) notre potentiel commun (ressource) actuel de réussite d’un counseling d’orientation.
« Vous estimez votre niveau d’espoir que l’accompagnement donne des résultats positifs à 1 sur 10.
Vous estimez votre croyance que l’accompagnement débouche sur un métier qui vous convient à 1 sur 10.
Pour que l’accompagnement demandé réussisse, vous estimez qu’il vous faudrait atteindre un niveau de croyance et d’espoir supérieur à 4/10 donc situé à 5/10 au minimum. »
Nous détectons un besoin d’implication et un besoin d’établir une relation de confiance ainsi que d’être rassuré quant à notre engagement réciproque. Nous identifions aussi des besoins de dialogue constructif et d’estime de soi.
Au vu de cette première phase d’évaluation, je propose au client d’évaluer ses schémas cognitifs susceptibles de faire obstacle au counseling d’orientation.
Cette évaluation fait apparaître trois schémas mentaux qui constituent peut-être des freins au sein du counseling d’orientation et dans sa carrière professionnelle. Nous en parlons, car identifier ses schémas permet d’identifier ses besoins à combler et de trouver des stratégies adaptées pour le faire.
Il est utile de comprendre que les schémas se développent dans l’enfance.
Il est également utile de comprendre que les schémas permettent de s’adapter à des relations frustrantes et traumatisantes. Pendant l’enfance, les schémas étaient adaptés à une situation de dépendance qui ne répondait pas à ses besoins psychologiques fondamentaux. Les schémas mentaux contribuent à maintenir une personne dans une situation de dépendance non constructive.
À ma demande, et avec l’accord de Jérémie, nous complétons l’évaluation de sa situation en lien avec sa demande d’aide en counseling d’orientation. Ainsi nous déterminons son lieu de contrôle, c’est-à-dire son espace de pouvoir d’agir.
« Vous estimez votre sentiment de contrôler les évènements impactant votre vie en général à 1/10. Vous souhaiteriez atteindre 8/10. Vous estimez votre sentiment de contrôler les évènements impactant votre vie professionnelle à 0/10. Vous souhaiteriez atteindre 6/10. »
Il est possible que ses besoins soient principalement relationnels. Je lui soumets l’hypothèse selon laquelle il rechercherait plus une culture professionnelle particulière qu’un travail particulier. Le client semble intégrer ses besoins relationnels et leur donner de l’importance, processus non réalisés au cours de ses expériences dans différentes organisations. Aussi, Jérémie valide mon hypothèse selon laquelle il recherche une culture professionnelle. Il n’a pas encore déterminé ses exigences professionnelles.
À ma suggestion mal formulée (limite) de demander le soutien (ressource) d’un psychothérapeute, Jérémie se sent déstabilisé (limite). Nous nommons (ressource) ensemble (ressource) ce qui pourrait être décrit comme une rupture (limite) de notre alliance afin de rétablir (ressource) notre alliance. Nous mettons des mots sur ses sentiments et sur ses besoins (ressources).
Le processus de rétablissement de l’alliance de travail, en particulier la dimension du lien émotif, permet à Jérémie de prendre conscience de son schéma de dépendance subi en counseling, au travail et en dehors du travail.
D’après moi, il serait nécessaire qu’au minimum deux ou trois ressources soient mobilisables chez Jérémie pour que le counseling donne des résultats.
Nous faisons le point sur ses besoins de compétence, notamment d’efficacité, dans une organisation. Nous faisons le point sur ses besoins relationnels, notamment de liens bienveillants, au sein d’une équipe. Nous faisons le point sur ses ressources et limites quant à son objectif professionnel poursuivi en counseling d’orientation. Ce dernier point peut aider Jérémie à décider en toute connaissance de la suite à donner à son counseling d’orientation.
Ainsi, nous avons exploré les ressources et les limites de Jérémie, particulièrement la phase-dimension « Soi ». Arrive le moment d’explorer (de se confronter?) au projet professionnel et à une recherche d’emploi. Dans le cadre d’une réalisation de la décision de Jérémie, nous pourrions utiliser le « Trèfle chanceux » en insistant sur la phase-dimension « Environnement ».
Les différentes cultures professionnelles expérimentées par le client ne comprenaient pas de raisonnement en termes de besoins des travailleurs. Certaines organisations avaient un volet accueil et adaptation des nouveaux travailleurs, mais uniquement en théorie. De nombreuses organisations recherchent des travailleurs compétents. Certaines ne peuvent ni les attirer ni les garder en raison d’une culture professionnelle excluant leurs besoins.
Plus à l’écoute de ses besoins, Jérémie semble plus apte à trouver sa place dans le monde du travail. Le monde du travail aura-t-il fait le pas vers l’écoute des besoins de ce type de travailleur motivé et désireux d’y trouver sa place?
Jérémie aura au moins appris à donner de la valeur à ses besoins, à discerner un travail décent et peut-être même à contribuer un jour à un type de culture professionnelle qui prend en compte les besoins d’un être humain.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.