Nous connaissons bien nos mauvaises habitudes, que nous qualifions de défauts. Comme des boulets, nous espérons nous en débarrasser en les remplaçant par différents comportements que nous jugeons plus appropriés. Démarche souvent difficile, nous avons l’impression de travailler contre nous-même. Malheureusement, certaines personnes contournent ce questionnement en se confortant à l’aide de justifications. À travers un processus d’orientation, ces dernières évoquent fréquemment l’impression de se buter à différents projets inachevés. Elles préféreraient blâmer le système d’éducation ou changer de programme plutôt que se pencher sur leur procrastination, par exemple. À l’usure, la motivation et le sentiment d’efficacité personnel sont principalement affectés laissant ainsi place à l’angoisse et au désespoir. C’est alors que les stratégies choisies par ces personnes vivant de l’angoisse et du désespoir incluront davantage de raccourcis, des moyens rapides et même de la négligence pour atteindre leurs fins. Alors, comment pouvons-nous travailler avec cette « usure »?
En revenant sur l’exemple de la procrastination, la discipline pourrait y remédier, mais pour nous discipliner nous devons d’abord nous motiver. Pour nous motiver nous cherchons préalablement à y rattacher un sens et à son tour, le sens se base sur l’anticipation de résultats tangibles et satisfaisants. Bref, reconnaître la procrastination risque peu d’améliorer le sort de la personne concernée. Et si la procrastination n’était pas la coupable, mais plutôt une réponse adéquate face à une besogne? C’est connu que ces personnes qui ont tendance à reporter leurs obligations à la dernière minute attendent d’être envahies par un sentiment de panique pour se mettre en action. En ce sens, elles performent probablement bien en situation d’urgence, peuvent dégager les priorités lorsque les échéanciers sont serrés ou recourent apparemment à leur débrouillardise.
Faire ressortir ces compétences permettrait de mieux adapter un programme éducatif et professionnel plutôt que de rester en dualité avec soi-même.
En se basant sur l’exemple de la procrastination, nous pouvons appliquer ce principe sur plusieurs autres traits de personnalité communément vus comme des défauts. En voici quelques-uns :
- l’impatience pourrait révéler un bon sens critique, une facilité à voir rapidement les incohérences ou une tendance à développer de nouvelles méthodes de travail plus efficaces;
- l’anxiété favoriserait la réflexion, la prudence, la tendance à valider le travail, à anticiper plusieurs scénarios et à consulter plusieurs professionnels compétents avant de prendre une décision;
- la gêne sociale laisserait présager une certaine sensibilité, un souci de l’image et un bon sens de l’observation;
- l’aversion pour la lecture et l’écriture favoriserait l’utilisation de schémas, de graphiques et de représentations.
Dégager le potentiel caché derrière un défaut encouragerait la personne concernée, d’une part à le reconnaître; d’autre part, à mieux adapter ses choix professionnels. Toutefois, certains traits peuvent difficilement être associés à des compétences et requièrent plutôt le développement personnel, dont le manque d’autonomie ou les biais cognitifs. La réfraction à la critique ou la fuite devant les occasions de s’améliorer rend le processus d’orientation doublement complexe. Dans ce cas, certaines approches impliquant la métacognition devront être prioritaires. Sans trop aller dans les détails, disons que la métacognition consiste à réfléchir sur sa façon de réfléchir ou bien d’apprendre sur sa façon d’apprendre. En consultation, questionner sur ce qui aurait pu être fait autrement face à un mauvais choix déclencherait ce processus métacognitif. En répétant cet exercice en s’appuyant sur plusieurs embûches antérieures, la personne parviendrait à se comprendre et à reconnaître certains schémas moins adaptés. Ensuite, elle tentera de ne pas reproduire les mêmes erreurs en se responsabilisant davantage par rapport à son développement et ses prises de décision.
*Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.