J’assistais récemment à un souper-bénéfice et un constat m’a frappée lourdement quand j’ai vu l’ensemble des membres du comité organisateur de l’événement : une dizaine d’hommes étaient debout sous les applaudissements du public. L’organisme de bienfaisance a un membership composé exclusivement d’hommes. Une seule question est apparue dans mon esprit à ce moment : pourquoi? La deuxième : quelle est la place des femmes en affaires?
Je suis loin d’être une féministe enragée, attachant son soutien-gorge au bout d’un bâton pour manifester à propos de liberté et d’émancipation (désolée pour l’image stéréotypée!). Force est de reconnaître que si j’avais été de cette époque, j’aurais probablement fait partie des différents mouvements des années 60 qui ont contribué à l’évolution des femmes au cœur de la Révolution tranquille. Depuis l’obtention du droit de vote en 1940, beaucoup de chemin a été parcouru pour la cause des femmes : le droit au divorce, les congés de maternité, les services de garde, l’égalité salariale, les conditions de travail des femmes, la contraception et le régime matrimonial, etc. Ce qui semble usuel et acquis dans notre vie moderne a longtemps été l’objet de travail, de débats et de représentation pour espérer vivre une vie selon nos convictions.
Sur les bancs d’école, on peut observer un taux de diplomation plus élevé chez les filles que les garçons. Par la suite, elles sont majoritaires dans les études post-secondaires et se rendent souvent plus loin dans les parcours scolaires que leurs collègues masculins. Le palmarès positif s’arrête ici, puisqu’on observe un écart salarial marqué une fois en emploi et des chances de progressions professionnelles inférieures chez les femmes. Ce n’est surtout pas à cause d’un manque d’intérêt! Cherchant toujours à se démarquer dans leur rôle et responsabilité en emploi, l’ambition est souvent présente chez les femmes, mais mal perçue ou non reconnue dans leur environnement. Je peine à comprendre ce qui crée le plafond de verre et le fil invisible qui empêche ou ralentit l’évolution des femmes. D’ailleurs, est-ce qu’on comprend tout à fait le phénomène du « plafond de verre »? Cette image sous-entend l’existence d’obstacles, visibles ou invisibles, sur lesquels peuvent se heurter les femmes au moment d’évoluer dans leur carrière. Ainsi, un simple commentaire à propos d’un potentiel congé de maternité à venir, du défi de combiner la vie personnelle et la vie au travail, d’un doute sur la capacité émotionnelle de gérer différentes situations ou de se démarquer dans un groupe d’hommes, tout cela participe à créer l’effet du plafond de verre pour la progression des femmes dans un poste comportant davantage de responsabilités.
Plus on approfondit le sujet de la place des femmes en gestion, plus on se rend compte que celui-ci se réfère à des questions et des constats de société plus larges.
L’éducation, les valeurs et la vision de ce qui est attendu pour une femme peuvent largement influer sur son parcours. À moins d’y être conscientisée autrement et rapidement!
Heureusement pour nous (ça y est, mon fond de féministe vient de parler!), de plus en plus, les embauches de personnel de gestion se font sur la base des compétences et de la personnalité, mettant ainsi de côté le critère du genre et du copinage. Peut-être faudra-t-il davantage voir se concrétiser le message valorisant l’équilibre de vie qu’on véhicule à coup de grands discours. Parce que derrière ce concept, cela signifie d’arriver à donner du temps à sa vie personnelle, sa famille, tout en ayant une carrière à la hauteur de ses ambitions. Qui viendra s’occuper des enfants, du ménage et des repas?
Je suis féministe dans l’âme pour donner une voix aux femmes et les encourager à écouter celle de l’ambition, à ne pas se laisser intimider par l’environnement ou les défis reliés à l’obtention d’un poste de gestion, à demander de l’aide dans leur vie personnelle et surtout, à éviter de tomber dans le piège du sentiment de culpabilité face à la famille. C’est trop facile et surtout, inutile. Bonne carrière, les filles!
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.