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On nous a appris que devenir un bon leader, c’est « monter ». Gravir les échelons. Acquérir des responsabilités. Inspirer confiance. Ne pas flancher.
Il y a des textes qui naissent d’un constat qu’on ne peut plus taire. Ces dernières années, j’ai eu de nombreuses conversations avec des gestionnaires, des professionnels, des gens brillants qui, sur papier, avaient tout pour réussir. Et pourtant… quelque chose craquait. Ce n’était pas visible. Pas tout de suite. Ils souriaient encore dans les réunions. Ils livraient leurs projets. Ils tenaient le coup. Jusqu’à ce qu’ils n’y arrivent plus.
Ce texte est né pour eux.
Pour ceux qui se sont levés un matin en se disant : « Est-ce que je suis encore à la bonne place? »
Pour ceux qui ne se reconnaissent plus dans le rôle qu’ils ont pourtant tant souhaité.
Pour ceux qui doutent en silence, mais qui n’osent pas le nommer.
Pour ceux qui veulent comprendre ce malaise diffus, ce manque d’élan, cette fatigue étrange… alors que tout semble aller « comme il faut ».
J’ai voulu mettre des mots sur ce que plusieurs vivent : ce plafond invisible qu’on peut atteindre… même en étant compétent. Parce qu’à force de toujours vouloir paraître solide, certain, sûr de soi à tout prix, on finit par toucher au plafond. Celui qu’on appelle, avec un brin d’humour… le niveau d’incompétence.
L’illusion de la ligne droite
En entreprise, les parcours linéaires sont valorisés. On monte en grade, on monte en pression. Et souvent, on monte jusqu’à un poste où l’on ne se reconnaît plus. On devient gestionnaire, par passion ou expertise… mais on finit par ne rien gérer d’humain. On porte le titre, mais pas toujours le sens. Et on s’accroche. Parce qu’il ne faudrait pas « redescendre ». Pas montrer qu’on s’est peut-être trompé de voie ou qu’on a atteint une limite.
Mais au fond, où est le vrai courage?
Et si on osait dire : « Je ne suis plus à ma place »
Dire qu’on doute.
Qu’on n’a pas toutes les réponses.
Qu’on a besoin de recul, d’aide, d’un regard extérieur.
Ce n’est pas de la faiblesse. C’est de la lucidité.
J’ai été gestionnaire.
Je sais à quel point il est difficile de dire qu’on est fatigué, dépassé, ébranlé. Surtout quand on porte les autres, qu’on incarne la stabilité.
Ce que ça brise, à l’intérieur.
Ce que ça installe comme culture, en silence.
Des équipes où personne n’ose dire que ça ne va pas. Des climats où la performance est une armure, pas un levier.
Ce qu’on perd à invisibiliser la vulnérabilité
- On perd la confiance réelle, celle qui permet de parler vrai.
- On perd l’humain derrière le rô
- On perd des talents précieux qui s’essoufflent dans le silence, au nom de l’
- On perd l’occasion d’apprendre de ses erreurs, parce qu’on ne les nomme pas.
Et ce qu’on gagne à l’accueillir?
De l’écoute.
De la cohésion.
Du leadership incarné, ancré, humain. Celui qui dit : « Moi aussi, j’apprends. »
Revenir à soi pour mieux porter les autres
Le leadership d’aujourd’hui n’a plus besoin de capes ni de masques.
Il a besoin de présence.
De conscience de soi.
D’authenticité.
Et parfois, oui, de dire à voix haute : « Je me suis trompé. Je vais faire mieux. »
C’est peut-être là que commence le vrai leadership.
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre