L’accompagnement à distance en orientation…à explorer?
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L’accompagnement à distance en orientation… à explorer?

J’ai entrepris depuis quelques années un doctorat portant sur la pratique de l’accompagnement à distance en orientation. Le terme « télépratique » en orientation tend à s’imposer au Québec lorsqu’on parle des pratiques à distance. Plusieurs constats et réflexions me sont venus et continuent à m’interpeller au fur et à mesure que je chemine dans le développement de la problématique et de la méthodologie de ma recherche.  

En premier lieu, il est important de réaliser que les conseillères et conseillers d’orientation utilisent les technologies de l’information et des communications (TIC) depuis plus de 40 ans.  Les professionnels de l’orientation sont probablement ceux et celles du domaine de la santé mentale et des relations humaines qui se sont familiarisés et qui ont intégrés les TIC à leur pratique depuis le plus longtemps.  La facette information de notre pratique a probablement facilité cette intégration. On n’a qu’à penser aux produits d’orientation assistés par ordinateur tels que REPÈRES et CHOIX qui sont apparus dès les années 1980, pour migrer vers l’an 2000 sur le WEB.

Ces produits permettent au client de faire un peu d’auto-exploration et d’accéder à une base de données sur les professions, les programmes d’études et autres informations diverses. Depuis, de nombreux sites Internet permettent d’accéder au même type d’information. 

Mes lectures et ma participation à divers congrès et conférences dans le domaine du développement de carrière, tant au Canada qu’à l’étranger, m’ont amené aussi à constater que peu de conseillers et conseillères dans le développement de carrière font de l’accompagnement à distance, et lorsqu’ils ou elles le font, c’est généralement de manière anecdotique, c’est-à-dire qu’à un moment donné un client leur demande s’il ne pourrait pas faire l’entretien la prochaine fois. .. à distance. Très souvent les conseillers vont s’essayer et vont spontanément utiliser l’application qu’ils connaissent le plus, soit leur application courriel ou Skype.  J’ai mené ces dernières années deux petites enquêtes en ligne auprès des conseillers et conseillères d’orientation du Québec. J’ai publié les résultats de ces enquêtes dans la Revue canadienne de développement de carrière du CERIC (Turcotte et Goyer, 2017). Les résultats montraient que les conseillers étaient peu engagés dans de l’accompagnement à distance.  Parmi les commentaires que j’avais pu recueillir et qui rejoignent ceux que j’ai pu lire dans différents articles enquêtant sur la pratique des intervenants dans divers pays, les conseillers d’orientation et autres intervenants du champs de la santé mentale et des relations humaines font peu d’accompagnement à distance, mais seraient prêts à s’engager dans des pratiques à distance s’ils sentaient l’appui de la part de leurs associations ou ordres, que ce soit sous forme de guide ou de formation. 

Pourtant, déjà plusieurs constats ont émergé depuis une vingtaine d’années de la recherche en counseling et psychothérapie (Turcotte et Goyer, 2018). Notamment, que la majorité des pratiques d’accompagnement utilisant les TIC se font par le biais d’échanges de courriels,  du clavardages ou des appels téléphoniques en mode synchrone ou asynchrone, quoique de plus en plus la vidéoconférence soit utilisée ; que ce sont généralement des interventions de courtes durée, un peu comme on peut le voir dans le domaine du développement de carrière ; que ces modalités à distance répondent à une diversité de difficultés, notamment d’ordre vocationnel, relationnel, de l’employabilité, de l’anxiété… ; et que ces interventions à distance peuvent être aussi efficaces que celles menées en face à face.  

J’ai constaté également en discutant avec des conseillers et conseillères qui s’aventuraient d’une certaine manière dans l’accompagnement à distance, des préoccupations quant aux enjeux déontologiques.
Dans le domaine du counseling, les associations américaines, notamment la National Career Development Association et l’American Counseling Association, sont en avance sur nous à ce sujet et ont ajouté depuis une dizaine d’années une section dans leur code d’éthique qui porte sur la pratique à distance. Au Canada, l’Association canadienne de counseling et de psychothérapie et l’Ordre des conseillers et conseillères d’orientation du Québec publieront sous peu des guides à ce sujet.

Dans un prochain blogue, j’aborderai des questionnements déontologiques ayant trait à la télépratique en orientation. 

 

Références : 

American Counseling Association (2014).  ACA Code of Ethics. Récupéré sur Internet le 25 avril 2017 sur le site: http://www.counseling.org/docs/ethics/2014-aca-code-of- ethics.pdf?sfvrsn=4 

National Career Development Association (2015). NCDA Code of ethics. Récupéré sur Internet le 11 mars 2017 sur le site : http://ncda.org/aws/NCDA/asset_manager/get_file/3395 

Turcotte, M., et Goyer, L. (2017). L’utilisation des technologies de l’information et des communications dans la pratique des conseillers et des conseillères d’orientation du Québec.  Revue canadienne de développement de carrière, 16(2), 6-11. 

Turcotte, M., et Goyer, L. (2018). L’accompagnement en orientation à distance à l’ère du numérique : nouvelle forme d’accompagnement ou nouvel environnement? Revue de l’éducation de l’Université d’Ottawa, 5(3), 55-59. 

 


Article publié pour la première fois le 12 décembre 2018.

Michel Turcotte est conseiller d’orientation et psychologue. Au terme d’une carrière de trente ans au ministère canadien de l’Emploi et développement social, à titre de conseiller, formateur de conseillers, gestionnaire de la recherche et de l’élaboration des politiques, Michel a entrepris depuis 2013 à l’Université Laval une thèse de doctorat sur l’accompagnement en orientation professionnelle à distance. Il est membre du Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT) et du Laboratoire de recherche sur l’analyse des dispositifs d’accompagnement et de la compétence à s’orienter (ADACO). Il a reçu le prix Etta St. John Wileman en 2017 décerné par le CERIC, la médaille d’or Stu Conger en 2014 et le Mérite du Conseil Interprofessionnel du Québec en 2012 pour le leadership exercé tout au long de sa carrière dans le domaine du développement de carrière.
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Michel Turcotte est conseiller d’orientation et psychologue. Au terme d’une carrière de trente ans au ministère canadien de l’Emploi et développement social, à titre de conseiller, formateur de conseillers, gestionnaire de la recherche et de l’élaboration des politiques, Michel a entrepris depuis 2013 à l’Université Laval une thèse de doctorat sur l’accompagnement en orientation professionnelle à distance. Il est membre du Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT) et du Laboratoire de recherche sur l’analyse des dispositifs d’accompagnement et de la compétence à s’orienter (ADACO). Il a reçu le prix Etta St. John Wileman en 2017 décerné par le CERIC, la médaille d’or Stu Conger en 2014 et le Mérite du Conseil Interprofessionnel du Québec en 2012 pour le leadership exercé tout au long de sa carrière dans le domaine du développement de carrière.
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