Nous, les conseillers d’orientation, sommes les spécialistes des problèmes en lien avec le stress vécu au travail. Ce stress peut se manifester, entre autres, par les syndromes d’épuisement professionnel (EP) et de fatigue de compassion qui incluent souvent le traumatisme vicariant. Malheureusement, la fatigue de compassion (FC) et le traumatisme vicariant (TV) sont des syndromes encore trop souvent méconnus des professionnels. Les médecins donneront un congé de maladie pour épuisement professionnel mais ne parleront que rarement de la fatigue de compassion. Nos clients arriveront avec ce diagnostic et nous interviendrons avec les connaissances et les outils que nous avons à ce propos. Hors, sans questionnement et sans test, nous pouvons nuire à nos clients car même si quelques symptômes s’apparentent aux deux problématiques, elles se définissent différemment. Notre intervention doit en tenir compte.
La théorie des besoins hiérarchiques de Maslow est-elle encore utile?
La fatigue de compassion et le trauma vicariant, c’est quoi au juste?
La fatigue de compassion ou usure de compassion fait référence à la profonde érosion émotionnelle et physique qui survient lorsque les intervenants ou soignants sont incapables de faire le plein, de se régénérer. Le filtre qui habituellement permet aux soignants ou à l’intervenant d’avoir de l’empathie est usé et défectueux donc trop perméable (sympathie, souffrance) alors le soignant se ferme par protection et le filtre est obstrué (manque d’empathie, amertume, froideur). Les clients diront souvent « je ne me reconnais plus, je n’arrive plus à être positif ».
Le traumatisme vicariant a été décrit comme un traumatisme par procuration ou traumatisme secondaire. Les aidants professionnels qui vivent une exposition répétée à du matériel traumatique (les histoires difficiles des clients, les crises émotionnelles, etc.) développent un stress continu relié à ces histoires, stress qui se généralise à plusieurs peurs. Les clients peuvent avoir des flashs, faire de l’insomnie et éviter de plus en plus des situations qu’ils jugent maintenant à risque. La fatigue et le stress changent la vision du monde. Cette vision positive du monde se transforme en vision négative et le sentiment de sécurité est atteint. Plusieurs diront qu’ils ne gèrent plus le stress comme avant.
Les aidants et les soignants peuvent simultanément faire l’expérience de la fatigue de compassion et du trauma vicariant. Ils sont CUMULATIFS AVEC LE TEMPS et se répercutent sur la vie personnelle.
******Vous pouvez faire passer les tests, le TUC ou le ProQOL gratuitement sur le web pour reconnaître les symptômes et mesurer les risques de développer un syndrome de fatigue de compassion.*****
Qu’en sera-t-il après la première vague de pandémie? Quels seront les besoins des soignants et des professionnels de la relation d’aide? Quelques pistes :
✔ Repos, repos et encore repos, dormir!
✔ Accueil et accompagnement sécurisant « débriefing », besoin de ventiler (colère, sentiment d’avoir été pris en otage, stress, etc.)
✔ Éviter les séries télévisées et les réseaux sociaux remplis de violence et de mauvaises nouvelles (à haute teneur en images traumatiques).
✔ La compassion et l’autocompassion sont les premiers remèdes. Savoir que l’empathie ne disparaît pas : C’EST UN ÉTAT TEMPORAIRE de protection et de réparation et il faut le dire aux clients.