Développement de carrière et logement
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Développement de carrière et logement

Temps de lecture : 4 minutes

Il y a beaucoup de similarités entre le développement de notre carrière et le choix de notre résidence ou de nos résidences. J’utilise le terme résidence pour inclure tous les types de logements : maison ou appartement, mais aussi roulotte, bateau, tente, cabane et même grotte (allez googler troglodytique). Notre habitation est une dimension de notre vie aussi fondamentale que la carrière.

Parmi tous les genres de logements comment sommes-nous arrivés à choisir le nôtre? Selon moi, c’est un développement. Enfant, nous apprenons très tôt que nous habitons dans un logement, maison, appartement ou autre. Nous apprenons que tout le monde habite dans un logement, mais que tous ces logements ne sont pas les mêmes. Sur la rue, dans le quartier, les maisons se ressemblent toutes, mais mon cousin habite dans une grande maison où il y a une salle de jeux et une piscine dehors. Mon autre cousine vit dans un appartement au 6e étage. De chez elle, on voit loin, loin, mais il faut jouer dans sa chambre et on ne peut pas manger tous à la même table. L’autre jour, nous sommes allés à la ferme de grand-papa et de grand-maman. Là, on a eu du plaisir. On est allé jouer dans la grange, on a cueilli des tomates du jardin. Mon cousin, ma cousine et moi avons tous couché à l’étage dans UNE grande chambre. C’était la chambre de ma mère et de ses sœurs lorsqu’elles étaient petites.

En grandissant, au fur et à mesure que notre périmètre s’agrandit, nous accumulons, en grande partie à notre insu, de l’information que nous traitons, en catégorisant bien souvent et en évaluant.  Nous apprenons aussi graduellement comment fonctionne le domaine de l’habitation, la différence entre locataire et propriétaire, la relation entre logement et style de vie, que la même maison, mais dans des villes différentes, n’a pas la même valeur. Nous développons aussi des préférences, nous nous formons une idée de ce que nous aimerions, mais aussi de ce nous croyons que nous pourrons avoir. Tranquillement, nous réalisons que nous aussi nous aurons notre logement, seul ou avec d’autres.

Notre habitation en dit long sur qui nous sommes.
Le logement que nous habitons est-il situé au centre-ville, en banlieue, à la campagne? Sommes-nous propriétaires ou locataires? Est-il temporaire, en attendant de pouvoir avoir « mieux » ou est-il « pour de bon »? Est-il « tout neuf » ou « un projet de rénovation »? Quelle partie de notre budget occupe-t-il? Avons-nous une deuxième résidence, un chalet ou « un camp » où nous allons pour décrocher? Pour certains, le logement et ses obligations sont source de stress, pour d’autres, instrument de bonheur.

L’autre jour, j’ai aidé un ami à vider la maison de ses parents malheureusement décédés. Pendant plus de quarante ans, ils ont habité la même maison avec trois chambres à coucher et un appartement au sous-sol. Ils ont élevé deux garçons et une fille. Que de souvenirs entre ces murs! On pouvait imaginer les aménagements, modifications et améliorations faites au cours des années, à chaque étape de leur vie. C’était des gens modestes, de simples ouvriers, mais que de bonheurs et de valeurs ils ont transmis à leurs enfants.  La maison a été vendue à une jeune femme, également membre de la parenté, qui, avant d’aménager, effectue des rénovations pour mettre le logement à son goût. La vie continue.

Selon l’étape de vie à laquelle nous sommes rendus, notre habitation varie et revêt une signification différente.  À la fin de l’adolescence, au début de l’âge jeune adulte, nous nous concevons un plan plus ou moins conscient, selon notre représentation de soi et notre lecture de l’environnement. Notre habitation est peut-être symbole de notre autonomie et de nos responsabilités. Ensuite, au cours de la vie, selon les évènements, nos projets et le hasard, nous effectuons, ou pas, des changements d’habitation.

Notre logement est peut-être symbole de notre place dans la communauté.
Au quatrième tiers, nous évaluons à nouveau notre situation et nous aménageons dans un logement qui répond mieux à nos besoins selon nos capacités.

Anciennement, dans notre culture nord-américaine, l’achat d’une maison était un rite de passage à la vie adulte. Dans l’ordre, tu finissais tes études, tu te trouvais un emploi, tu te mariais, tu achetais une maison et tu « fondais une famille ».  Aujourd’hui,  il n’y a plus d’ordre. Je connais des gens qui se sont mariés avant de terminer leurs études ou qui ont acheté une maison avant d’avoir un emploi. Certains n’achètent jamais de maison, ne se marient pas ou n’ont pas d’enfants. Certains ont plus d’une maison, en séquence ou en même temps. Chacun a son parcours individuel et personnel.

Pourquoi cette comparaison entre l’habitation et la carrière est-elle si importante?

Parce que pour plusieurs personnes, elle est plus facile à comprendre que le développement de leur carrière. Parce qu’elles trouvent cela plus facile de se projeter dans leurs projets d’habitation que dans leur projet de carrière. Et donc, pour aider ces gens à comprendre leur développement de carrière, il est avantageux de discuter d’abord de leur développement d’habitation.

Mais aussi parce que, pour nous, intervenantes, intervenants, chercheures et chercheurs, il nous permet de comprendre davantage comment les individus amassent et traitent l’information, se forment une identité et prennent des décisions au sujet d’un aspect important de leur vie.

Pendant les dernières années, dans un de mes cours à la maîtrise en orientation, je distribuais des revues de plans de maison aux étudiantes et étudiants et je leur donnais la directive de revenir la semaine suivante avec un projet de construction. Je leur donnais l’option de partager les revues ou d’aller chercher d’autres informations.  Il était toujours intéressant de constater que certains d’entre eux avaient déjà construit leur maison, d’autres avaient conçu leurs plans ou avaient déjà pensé à ce qu’ils voulaient.  Tous partaient de ce qu’elles ou ils étaient, de leurs rêves et de leurs réalités et confrontaient la réalité de l’environnement.  Mais, dans le contexte de l’exercice, tous n’avaient aucune difficulté à transposer la démarche à celle du développement de carrière.

 

Cet article est paru à l’origine sur le site Orientaction.ca le 19 avril 2016.

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