L’impression d’être seul là-haut en ces temps de crise…
Récemment, j’ai reçu un client en pratique privée qui est gestionnaire de département dans une grande entreprise. Avec force de détails, il me racontait le quotidien de son travail, les relations parfois houleuses dans son équipe, les contrecoups de ses décisions en lien avec l’équipe, l’impression de ne pas savoir par quel bout prendre certaines situations ou de ne pas être suffisamment «équipé» pour jouer le rôle de gestionnaire. C’est au moment où il a décrit comment il se sentait par rapport aux événements que j’ai compris ce qui se passait. Ses mots ont été : «je me sens seul parfois, personne avec qui parler de tout ça». En fait, il était aux prises avec un phénomène qu’on entend de plus en plus parler : la solitude du gestionnaire.
Il lui a fallu un moment pour intégrer ce point. Pour une première fois, quelqu’un apposait des mots sur ce qu’il vivait et il se sentait vraiment compris. C’est encore plus actuel avec le tourbillon dans la société causé par la Covid-19. Les gestionnaires et entrepreneurs ont mille décisions à prendre et des directions à donner à leur entreprise malgré le vide ou le brouillard qui leur pend au bout du nez. Les employés sont insécures et veulent des réponses. «Qu’est-ce qu’on fait patron?» Habituellement, les réponses sont là. Mais cette fois-ci, c’est différent et les décisions sont encore plus importantes puisqu’elles pourraient mettre en péril la viabilité future de l’entreprise.
Le concept s’explique simplement par le fait qu’une personne, du haut de son poste comportant de grandes responsabilités, peut finir par se sentir seule à porter le poids des prises de décision. Ainsi, quand on y regarde de plus près, on comprend aisément comment le sentiment de solitude s’installe. Les employés s’attendent à avoir des réponses, à recevoir la ligne directrice dans un mandat, une situation particulière ou encore à obtenir les solutions lorsqu’apparait des problématiques. Combien de fois on entend «Demande au patron, il va te dire quoi faire!». Lorsque vient le moment de décider et de trancher, tous se retournent vers lui et s’attendent à ce qu’en tant que leader, il prenne une décision. Mais pas n’importe quelle décision, la meilleure. Même dans le brouillard, il doit savoir s’il va tourner à gauche ou à droite sur la route, sans GPS ou plans.
On s’attend parfois à ce que les gestionnaires, les dirigeants, les chefs d’entreprise ou les entrepreneurs conservent une image forte et sans faille, à tout le moins c’est ce qu’eux souhaitent et la pression provient autant d’eux-mêmes que des autres.
Ces décisions, préoccupations et réflexions, on se demande avec qui le gestionnaire peut les partager, sans risquer de saboter sa stratégie d’affaires, de briser une image professionnelle ou encore de perdre/diminuer sa crédibilité auprès des employés. Sans compter que si le gestionnaire partage ses états d’âme au travail, y a-t-il des gens vraiment disponibles et prêts pour recueillir l’émotion? Oui, je peux imaginer le sentiment de solitude du gestionnaire.
En restant dans la solitude et l’isolement, les risques sont grands pour la santé mentale et physique du gestionnaire et peuvent s’exprimer de plusieurs façons. On pourrait observer :
- Un frein dans le développement de l’équipe/de l’entreprise
- Un besoin de réfléchir plus intensément, sans pour autant être en mesure de prendre des décisions pour avancer
- Davantage de remise en question du rôle/de la valeur de la personne dans l’entreprise
- La présence d’anxiété, de démotivation et d’isolement physique (se retirer pour éviter de côtoyer l’équipe de travail)
Comment briser le cycle de l’isolement? Voici quelques pistes pour aider à apprivoiser la situation et à s’en sortir.
Obtenir de l’accompagnement d’un mentor
Les gens d’expérience qui souhaitent redonner au suivant ont un nom dans le milieu des affaires : mentors. Par leur sagesse et leurs expériences, ils donnent un précieux coup de main pour y voir plus clair et assurément comprendre la situation. Le fait qu’ils soient neutres dans la situation permet d’enlever l’implication émotive dans la discussion. Cela devient une excellente occasion d’apprentissage et d’évolution personnelle pour les mentorés.
Faire partie d’un groupe de réseautage de gens d’affaires
Qui de mieux placé que des gens vivant la même situation? Sans tomber dans la victimisation, il s’agit alors d’obtenir une résonnance auprès de gens vivant des situations similaires, au même moment. En plus de permettre cet échange, cela permet de sortir du bureau et de changer d’air. C’est excellent pour le moral!
Participer à des événements et des formations
Les occasions sont multiples de joindre l’utile à l’agréable! Apprendre sur de nouveaux sujets et stimuler l’esprit en plus d’être en contact avec des gens provenant du même milieu professionnel. Le but est atteint de briser l’isolement.
Apprivoiser la solitude en apprenant à se connaître
La solitude sera toujours bénéfique pour réfléchir aux décisions et futurs projets, pour organiser le temps, planifier l’avenir, bref, pour faire du développement d’affaires. Prendre du recul fait donc partie de la solitude productive et permet également d’en apprendre davantage sur soi-même.
Solutions légères et différentes
Dans les façons d’apporter du repos à l’esprit, il y a également les options complètement différentes : faire des activités qui vous détendent (yoga, activité physique, marche, arts, etc.) ou dirigez les discussions vers autres sujets que le travail. Dans ce cas, il s’agit de côtoyer des gens à l’extérieur des sphères du travail.
Peu importe la méthode choisie, l’important est d’agir pour diminuer le sentiment d’isolement et de solitude. On assiste actuellement à une situation hors du commun et rien ne préparait les gestionnaires et entrepreneurs à y faire face. Ainsi, la première chose est d’être indulgent envers soi-même et ensuite, regardez les ressources du réseau!