Madame Burn-out, cette conseillère d'orientation invisible
Marché du travail

Madame Burn-out, cette conseillère d’orientation invisible

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Ce billet fait suite au précédent « Monsieur Burn-out, l’homme invisible ». Après le burn-out, ou épuisement professionnel, généralement, vient une dépression. Mais pas toujours. Dépression ou non, ce que nous faisons du burn-out et de l’après-burn-out peut aussi jouer le rôle d’un frein, d’un volant ou d’un accélérateur de développement de carrière. 

Un développement de carrière n’est pas uniquement et pas forcément vertical ou quantitatif comme un virage à gauche ou à droite, par exemple une reconversion, un changement de service, une promotion ou une réduction de son temps de travail, ou encore une limitation de ses interactions sociales au travail ou au contraire une augmentation de ses interactions sociales dans sa sphère professionnelle. 

Le développement de carrière peut être également un progrès horizontal ou qualitatif pas toujours visible ou impressionnant au premier abord, tel qu’un mieux-être professionnel ou une prise de recul ou encore, par exemple, une diversification de ses activités professionnelles ou extraprofessionnelles ou bien des choix de relations et de réseaux professionnels plus qualitatifs. 

Si une dépression succède à un épisode d’épuisement professionnel, ouvrons-lui notre porte en grand! Si une prise de recul survient, soyons-en reconnaissants.

Si un saut développemental fait suite au burn-out, ouvrons-lui nos bras!
 Un saut développemental peut être simplement un gain de lucidité, d’estime de soi, de clarté dans son esprit en général et dans ses valeurs ou ses croyances en particulier. Un saut développemental peut se manifester par un accès impromptu à un autre stade de développement psychosocial, par un accès inattendu à une dimension plus profonde de soi, en bref vers une plus grande maturité et connaissance de soi et pourquoi pas, une conscience plus fine de soi ou d’une partie de soi (plus ouverte, sensible, intuitive…). 

Une fois que tout a brûlé à l’intérieur, qu’est-ce qu’on fait? 

Retirer ses doigts de la prise ne signifie pas lâcher-prise! 

Parfois la vie, un évènement, une intuition ou notre conseillère d’orientation invisible sait mieux que nous (notre mental) ce qui est le mieux pour nous. Par exemple, alors que je pensais faire une pause dans l’écriture pour la revue française Questions d’orientation et le blogue OrientAction, ma conseillère d’orientation invisible m’a soufflé l’idée et l’envie d’écrire pour répondre à des besoins de partage et de contribution à la communauté. Bien sûr, j’ai décidé d’écouter ma conseillère d’orientation invisible. Je peux toujours décider de l’ignorer, si ça me chante. À mon avis, elle est souvent bien plus sage que je ne le serai jamais. 

À ce stade de votre lecture, vous vous dites peut-être : mais je n’ai pas de conseillère d’orientation intérieure! Si! Tout le monde en a une. Vous me direz : ça dépend des gens! Non, ça dépend de la vie des gens, de leur attitude, de leur environnement et de leurs décisions. Ce n’est pas parce qu’elle est invisible qu’elle n’existe pas. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas encore accès à elle que vous n’en avez pas. Ce n’est pas parce que vous ne l’entendez pas qu’elle ne s’exprime pas. Chut! Un peu de silence. Écoutons. Parfois, rencontrer une conseillère d’orientation réelle nous aidera à entendre notre conseillère d’orientation invisible. Votre conseillère d’orientation intérieure est patiente, très patiente. Elle vous parle et peut attendre toute votre vie pour vous donner des chances de l’entendre un jour. 

Parfois, malgré tout, nous ne l’entendons pas. Notre esprit n’est peut-être pas encore prêt à l’entendre. Nous avons encore besoin de protection et de sécurité. 

C’est là que la vie en nous se montre plus intelligente que nous. Par exemple, il y a une vingtaine d’années, dans un entretien informel avec Marshall Rosenberg, celui-ci me répondit : si tu as une dépression, alors tu es béni par la vie! Vingt ans plus tard, pour résumer la pensée de Dabrowsky concernant la désintégration positive, Jacques Limoges lança à la boutade lors de sa conférence à Montpellier : « Le plus beau cadeau que vous pouvez faire à une personne qui vous est chère est de lui souhaiter une dépression au cours de l’année! » Je n’en suis pas encore là. 

C’est évidemment une perspective ouverte sur la vie et transformatrice. Cette perspective nous invite à accueillir toute manifestation de vie intérieure pour en faire un moteur. Ce que nous décidons d’en faire est une autre histoire! 

Pourquoi ne pas étendre cette perspective au niveau organisationnelle? Une organisation ou une équipe de travail qui a la chance d’avoir en son sein des collaborateurs qui expriment leur vérité bénéficie de précieuses informations pour se développer. Si l’organisation ou un gestionnaire porte atteinte à l’autonomie d’un salarié ou d’une équipe, alors non seulement l’individu en souffre, mais l’équipe en pâtit et toute l’organisation en fait les frais. Clarifions un point très important concernant l’autonomie. L’autonomie comprend le souci d’autrui, contrairement à certaines idées reçues qui font référence en réalité à l’indépendance plutôt qu’au besoin d’autonomie. Je ne m’étendrai pas plus sur ce niveau organisationnel. 

Écoutons donc Madame Burn-out, cette conseillère d’orientation invisible qui parle aussi avec des sensations, des émotions, des intuitions et des images. À un moment donné, il est bien possible qu’elle nous aide à quitter Burn-out-City! 

  

 *Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 

Psychologue de l’éducation nationale spécialisé en éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle, Laurent exerce en France dans un centre d’information et d’orientation. Depuis 20 ans, il accompagne tout type de public notamment les scolaires. Il a passé une année en qualité d’étudiant au Département d’orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke pour peaufiner ses compétences opérationnelles. Il mesure chaque jour la portée transculturelle d’un counseling au service de l’orientation et du développement de carrière. Il partage son expérience de l’accompagnement via l’écriture et la formation.
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Psychologue de l’éducation nationale spécialisé en éducation, développement et conseil en orientation scolaire et professionnelle, Laurent exerce en France dans un centre d’information et d’orientation. Depuis 20 ans, il accompagne tout type de public notamment les scolaires. Il a passé une année en qualité d’étudiant au Département d’orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke pour peaufiner ses compétences opérationnelles. Il mesure chaque jour la portée transculturelle d’un counseling au service de l’orientation et du développement de carrière. Il partage son expérience de l’accompagnement via l’écriture et la formation.
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