Favoriser la pleine participation des travailleurs et des travailleuses autochtones au marché du travail : des défis pluriels et des pistes de solution prometteuses
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Favoriser la pleine participation des travailleurs et des travailleuses autochtones au marché du travail : des défis pluriels et des pistes de solution prometteuses

Temps de lecture : 3 minutes

De nombreuses régions du pays se trouvent en situation de rareté de main-d’œuvre, malgré les bouleversements socioéconomiques provoqués par la crise sanitaire que nous connaissons actuellement. Plusieurs entreprises cherchent donc activement à pourvoir des postes et sont amenées à redéfinir leurs stratégies de recrutement. C’est dans ce contexte, et dans une visée d’inclusion socioéconomique de tous les groupes de la société, qu’AXTRA participe au projet NIKA depuis 2017. Piloté par le Conseil du patronat du Québec (CPQ), en collaboration avec le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ), le Service aux entreprises de la Commission scolaire De La Jonquière et l’entreprise Granules LG, ce projet vise à favoriser la participation active des travailleurs et des travailleuses autochtones au marché du travail québécois. 

Dans le cadre de ce partenariat novateur, le premier mandat confié à AXTRA consistait à documenter les enjeux, les bonnes pratiques et les besoins des travailleurs autochtones et des employeurs québécois dans une revue de la littérature, qui est parue en janvier 2019. 

L’Alliance a lancé depuis peu le deuxième volet de son mandat, qui consistait à documenter les enjeux, les bonnes pratiques et les besoins des travailleurs et des travailleuses autochtones et des employeurs québécois. 
Pour répondre à ces objectifs, AXTRA a parcouru 9 régions et parlé à plus de 52 employeurs et informateurs clés, tandis que le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec (RCAAQ) a réuni au sein de 12 groupes de discussion plus de 114 participants et participantes autochtones éloignés du marché du travail et issus de 9 régions différentes. Ces personnes ont toutes contribué au rapport de recherche NIKA. Un sommaire de gestion (« sommaire exécutif ») en en français et en anglais  est également en ligne. 

Des défis à relever à toutes les étapes du processus demploi 

La collecte d’information sur le terrain a permis de constater que la pleine participation de la main-d’œuvre autochtone au marché du travail comporte des défis à tous les niveaux. Les participants et participantes autochtones, qui vivent surtout en milieu urbain, ont soulevé les enjeux reliés à leur préparation à intégrer le marché du travail. Ceux-ci concernent principalement les défis liés à la précarité et aux difficultés personnelles, à la formation (choix de carrière, scolarisation, accès à des ressources spécialisées, etc.), à la langue d’usage et à la recherche d’emploi. 

Les discussions avec les employeurs ont, quant à elles, permis de déterminer que les défis en amont sont importants, dès la sélection et le recrutement de personnes autochtones. Le degré d’ouverture à une main-d’œuvre autochtone varie d’un employeur à l’autre, notamment en raison d’enjeux concernant les préjugés qui persistent à l’égard des peuples autochtones et de l’absence de politique de recrutement adaptée.

La rareté de candidatures dans certaines régions ainsi que les critères d’embauche qui ne concordent pas avec la qualification de la main-d’œuvre disponible sont également problématiques pour plusieurs employeurs.

Finalement, les méthodes de recrutement (affichage des postes, processus d’embauche, etc.) peinent à joindre la population autochtone. 

L’intégration et le maintien en emploi comportent également leur lot de défis, à la fois pour les travailleurs et les employeurs. Les défis logistiques de transport et de conciliation travail-famille fragilisent le maintien en emploi de certaines personnes. Dans les milieux de travail, certains défis socioculturels ont été mentionnés de part et d’autre et complexifient parfois la gestion organisationnelle des équipes de travail et des nouveaux employés. 

Des pistes de solution prometteuses 

Les nombreuses recommandations formulées par l’ensemble des employeurs et des participants et participantes autochtones ont pu être rassemblées en 12 catégories: 

  1. Développer plus de services culturellement pertinents pour les chercheurs d’emploi autochtones; 
  2. Offrir un accompagnement plus soutenu aux futurs travailleurs autochtones, dès la période de formation; 
  3. Informer et sensibiliser davantage les employeurs afin de déconstruire certains préjugés et de favoriser leur ouverture à l’embauche de travailleurs issus de la diversité; 
  4. Offrir aux employeurs un soutien adéquat pour le recrutement de travailleurs autochtones; 
  5. Bonifier et simplifier les crédits d’impôt et les subventions salariales pour l’embauche de travailleurs autochtones; 
  6. Mieux faire connaître les secteurs et métiers en demande aux travailleurs autochtones; 
  7. Diffuser des modèles de réussite autochtones en formation et en emploi; 
  8. Accentuer les partenariats avec les organisations autochtones dans les communautés et en milieu urbain, dans une optique de collaboration à long terme, basée sur une relation de confiance; 
  9. Offrir de la formation en sensibilisation aux réalités autochtones et en sécurisation culturelle aux gestionnaires et aux équipes de travail; 
  10. Soutenir les employeurs lors de l’intégration de nouveaux travailleurs autochtones, tant sur le plan financier que sur le plan de la gestion des ressources humaines; 
  11. Bonifier et prolonger l’accompagnement des nouveaux travailleurs autochtones lors de l’embauche et tout au long de leur cheminement professionnel; 
  12. Diversifier les pratiques d’intégration pour créer des milieux de travail inclusifs. 

Les constats tirés dans le rapport de recherche NIKA permettent de souligner à quel point il est important d’outiller les travailleurs et les travailleuses ainsi que les employeurs à toutes les étapes du processus d’emploi. Tous les acteurs du marché du travail et de la société civile ont une part de responsabilité pour faciliter et favoriser la pleine participation de la main-d’œuvre autochtone au marché du travail. Bien qu’il reste beaucoup à faire, tant sur les plans individuel, organisationnel que sur le plan systémique, les données colligées dans cette étude illustrent la volonté des deux parties de trouver des solutions créatives et consensuelles dans le but de créer des milieux professionnels plus inclusifs et sécurisants. 

Florence Desrochers est chargée de projet en recherche et analyse chez AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi, depuis 2019. À ce titre, elle participe à la réalisation de diverses recherches et travaux de partenariats qui visent à favoriser l’intégration des groupes sous-représentés sur le marché du travail.
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Florence Desrochers est chargée de projet en recherche et analyse chez AXTRA, l’Alliance des centres-conseils en emploi, depuis 2019. À ce titre, elle participe à la réalisation de diverses recherches et travaux de partenariats qui visent à favoriser l’intégration des groupes sous-représentés sur le marché du travail.
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