L’art de mener des conversations de carrière axées sur la croissance
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L’art de mener des conversations de carrière axées sur la croissance

Temps de lecture : 3 minutes

Avec le temps, nous développons notre propre manière de mener des conversations de carrière. Cette façon de procéder devient naturelle, évidente. Nos réflexes plus ou moins conscients nous amènent à utiliser les mêmes outils et exercices ou à fournir des informations dans le but de « faire quelque chose » ou de nous sentir utiles. Cela dit, au-delà de ces objectifs, nous avons tout intérêt à viser des conversations de carrière axées sur la croissance de nos clients. 

Cet article a pour but de vous présenter un modèle à cinq processus comportant des interventions qui aident à soutenir le parcours de développement de carrière des clients. Voici donc les cinq processus, les sous-résultats et les questions à poser pour entretenir des conversations de carrière axées sur la croissance. 

Chaque processus comprend des « sous-résultats » importants qui aident à définir les « tâches » à travailler avec eux.

1. L’engagement

Ce processus implique de mieux comprendre le client et le contexte dans lequel il vit : sa ville, sa culture, son contexte socioéconomique, sa vie familiale, etc. Nous cherchons ainsi à comprendre comment le client trouve un sens à sa vie, car le sens a tendance à fournir l’énergie nécessaire pour le reste de la démarche. Il faut également comprendre les obstacles ou les défis auxquels le client est confronté; il n’y a rien de plus décourageant qu’une bonne intervention appliquée au mauvais problème. Nous souhaitons finalement faire en sorte que le client développe sa compréhension du processus, et lui insuffler de l’espoir. 

Une des façons d’amorcer ce premier processus consiste à stimuler le sentiment de fierté du client. Par exemple : « Parlez-moi d’un accomplissement ou d’une réalisation pour laquelle vous vous sentez plutôt bien. Cela pourrait être lié à votre travail, à lécole, à votre communauté ou à quelque chose que vous avez fait pour votre famille. » 

2. L’exploration

Durant ce processus, nous cherchons à comprendre le potentiel du client (ce qu’il a à offrir) et les exigences de son lieu de travail. Notre tâche principale consiste à trouver et à exploiter des éléments d’information qui peuvent conduire à de nouvelles perspectives et attitudes afin d’identifier des opportunités potentielles. Une des façons d’y arriver consiste à solliciter les passions du client, en lien avec la situation décrite au processus no 1 (L’engagement). Cela peut se traduire par des questions comme celles-ci :  

  • Pourquoi cette expérience a-t-elle été si significative pour vous?  
  • Qu’avez-vous ressenti à l’époque? 
  • Qu’est-ce que cela vous fait maintenant, quand vous y pensez? 
  • Comment pourriez-vous vous sentir à nouveau de cette façon? 

3. La décision

Ce processus doit être envisagé par petites étapes, où chacune rapproche un peu plus le client de l’avenir qu’il souhaite. En ce sens, nous cherchons à trouver les interventions qui seraient les plus utiles pour cette personne en ce moment. Une des façons d’y arriver est d’affirmer que la décision la plus importante concerne l’étape suivante qu’il s’apprête à entamer, et non la dernière de tout son processus. On peut par exemple fixer des objectifs en référence avec la situation décrite au processus no 1. Par exemple : « Comment pourriez-vous créer une nouvelle expérience qui répondrait aux mêmes valeurs et champs d’intérêt que dans la situation décrite? » 

4. La préparation

Ce processus met en évidence le fossé qui existe souvent entre la formulation d’une aspiration et la réalisation d’un rêve. Pour y arriver, il faut habituellement développer de nouvelles compétences, connaissances ou attitudes. Les tâches clés du processus consistent donc à déterminer les éléments à acquérir et les ressources qui seront nécessaires, puis à élaborer un plan d’action qui augmentera les chances de réaliser le rêve en question. Une des façons d’y arriver consiste à encourager le client à énumérer les étapes qu’il doit franchir pour atteindre ses buts, puis à se mettre en action. Par exemple :  

  • Par quoi pourriez-vous commencer immédiatement (aujourd’hui ou demain)? 
  • Comment vous sentez-vous lorsque vous pensez à l’étape suivante? 
  • Quel genre de soutien trouveriez-vous le plus utile? Comment pourriez-vous l’obtenir? 

5. La mise en œuvre

Dans ce processus, de nouveaux plans sont élaborés. Nous avons alors deux tâches principales : aider le client à maintenir son élan vers le projet de vie auquel il aspire et développer des systèmes de soutien sur lesquels il pourra compter au-delà de la relation d’aide.

L’objectif principal est de générer la confiance et l’autoefficacité chez lui en misant sur le maintien de ses acquis à long terme.

Les questions à poser peuvent être les suivantes : 

  • Quelles actions précises avez-vous posées pour atteindre vos objectifs? 
  • Que pensez-vous avoir accompli?  
  • Comment savez-vous que vous l’avez accompli (quelles rétroaction ou preuve avez-vous)? 
  • Comment pouvez-vous utiliser cette nouvelle expérience dans l’avenir?  

Conclusion 

Ces conversations permettent de répondre aux besoins uniques de chaque client. Ce sont des moyens de les engager dans leur processus et d’utiliser le pouvoir mobilisateur de l’émotion pour obtenir des résultats plus importants.  

Ce modèle est tiré du livre Career helping : Harnessing Perspective and Emotion in Everyday Practice (Septembre éditeur), un ouvrage qui démontre l’importance de porter attention aux perceptions et aux émotions des clients afin de les aider à surmonter des défis de carrière personnels de plus en plus complexes et uniques. Il propose aux professionnels du développement de carrière des stratégies qu’ils peuvent utiliser pour exploiter le pouvoir de la perception et de l’émotion dans leur pratique quotidienne. 

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 

Kris Magnusson (Ph. D.) est professeur et ancien doyen de la faculté d’éducation de l’Université Simon-Fraser (Canada). Durant sa carrière, il a été enseignant et conseiller collégial en Saskatchewan et en Alberta, puis membre du corps professoral en psychologie du counseling aux universités de Calgary et de Lethbridge.
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Kris Magnusson (Ph. D.) est professeur et ancien doyen de la faculté d’éducation de l’Université Simon-Fraser (Canada). Durant sa carrière, il a été enseignant et conseiller collégial en Saskatchewan et en Alberta, puis membre du corps professoral en psychologie du counseling aux universités de Calgary et de Lethbridge.
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