Devrait-on se méfier des tests psychométriques gratuits? 
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Devrait-on se méfier des tests psychométriques gratuits? 

Temps de lecture : 2 minutes

« Dévoilez votre intelligence, votre vraie personnalité avec nos tests gratuits, officiels et précis.»  

Les offres comme celle-ci regorgent sur le Web. Nous aimerions bien vous dire que ces publicités sont sérieuses et qu’elles peuvent vous permettre d’obtenir des informations sur vous ou sur vos clients sans qu’il vous en coûte un sou. Pourtant, associer les mots « psychométrie » et « gratuit » serait comme un oxymore, c’est-à-dire une expression de ce qui est inconcevable et contradictoire. En effet, si on y réfléchit un peu, comment une maison d’édition pourrait-elle investir des sommes considérables dans la construction d’un test fiable et valide puis l’offrir ensuite gratuitement?   

Sur le Web, quelques annonceurs n’hésitent pas à affirmer qu’ils se font un point d’honneur de produire des résultats éprouvés d’un point de vue scientifique, issus d’une psychométrie fiable et cela en quelques minutes. Le marché propose également des questionnaires alléchants pouvant donner l’impression d’être de vrais tests seulement parce qu’ils empruntent leurs types ou des synonymes à des modèles théoriques reconnus. Face à de telles publicités, vous remarquerez que l’on ne retrouve jamais les détails des « résultats éprouvés d’un point de vue scientifique ».   

En ces temps de ressources humaines et budgétaires parfois insuffisantes, il est tentant de faire appel à de pâles substituts de tests. La tentation pourrait être encore plus forte puisqu’il est devenu très difficile, voire impossible, dans certains milieux scolaires et communautaires, et même dans certains contextes organisationnels, de réclamer à la clientèle des frais pour des services ou des activités pourtant très éducatives et enrichissantes. Force est d’admettre que les coûts liés à l’utilisation et à l’interprétation des tests psychométriques dignes de ce nom constituent aujourd’hui un obstacle important. Même lorsqu’on a quelques scrupules à utiliser des questionnaires non validés, on peut être porté à rechercher le test le moins cher. Néanmoins, cette pratique risque de jeter du discrédit sur la profession et de se retourner contre elle.  

En tant qu’utilisateurs de tests, soyons fiers de porter un titre professionnel qui témoigne de notre compétence et de notre qualité de jugement en démontrant notre capacité à apprécier la valeur d’un outil.
Les conseillers d’orientation québécois ont fait preuve, par de nombreux exemples, de leur créativité et de leur professionnalisme en matière d’outils et d’activités en développement de carrière. Ce dynamisme doit impérativement s’accompagner des connaissances et du discernement nécessaire au choix d’un outil adapté. Reconnaissons-le, au-delà de notre devoir professionnel, lorsque nous décidons d’utiliser des outils psychométriques dans notre relation avec les adolescents et les adultes que nous accompagnons, nous ressentons le besoin de nous sentir appuyés et légitimés dans nos actes et dans nos paroles.

À cet égard, il est important de rappeler que l’utilisation de questionnaires parfois très attrayants mais non scientifiques comporte certains dangers. Parmi ceux-ci, la difficulté, pour le professionnel, d’avoir parfois accès aux informations essentielles permettant une interprétation significative (indices de fidélité ; indices de validité ; normes précises et récentes) concernant certains outils. En revanche, l’utilisation d’un test scientifiquement validé permet :  

  • De travailler de manière déontologique.  
  • De faire des prédictions raisonnables tout en limitant les sources d’erreur et les biais dans les interprétations.  
  • De savoir quelle pourrait être la cohérence des résultats ou leur stabilité dans le temps.  
  • De connaître le positionnement des résultats d’un individu par rapport à ses pairs.  
  • De savoir que nous ne sommes pas en présence d’une publicité trompeuse.  
  • De savoir si le test mesure bien ce qu’il prétend mesurer.  
  • De faire des inférences à partir des résultats puisqu’ils sont obtenus sur un échantillon représentatif d’une population.  
  • De faire des observations objectives.  

En définitive, l’accessibilité des données psychométriques devrait constituer le point de départ de nos critères dans le choix d’un outil. D’autres questionnements comme la situation et le besoin du client, les moyens et méthodes de passation, l’accès aux résultats pour le professionnel et pour son client, la protection de la confidentialité et la possibilité d’obtenir de la formation peuvent également guider nos choix. Le manuel d’un test et l’accès direct à son éditeur constituent, à cet égard, de précieux atouts. Reste à nous demander si tout cela est vraiment possible… gratuitement!  


Article publié pour la première fois le 3 décembre 2018.

Jacques Roy, c.o. : Monsieur Roy est président et fondateur des Éditions Psymétrik. Il est le concepteur du test psychométrique GROP et a publié dernièrement le nouveau GROP-4.  Valérie Mercier, c.o. : Conseillère d’orientation dans les milieux communautaire, scolaire et en pratique privée depuis une quinzaine d’années, Valérie agit à titre de consultante et de formatrice au sein des Éditions Psymétrik.   
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Jacques Roy, c.o. : Monsieur Roy est président et fondateur des Éditions Psymétrik. Il est le concepteur du test psychométrique GROP et a publié dernièrement le nouveau GROP-4.  Valérie Mercier, c.o. : Conseillère d’orientation dans les milieux communautaire, scolaire et en pratique privée depuis une quinzaine d’années, Valérie agit à titre de consultante et de formatrice au sein des Éditions Psymétrik.   
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