Savez-vous gérer le stress?
Marché du travail

Savez-vous gérer le stress?

Temps de lecture : 4 minutes

Ou comment votre stabilité émotionnelle influence votre réaction aux situations stressantes. 

Nous sommes tous confrontés au stress, mais chacun le gère différemment. Si vous cherchez des moyens de mieux composer avec ses effets, vous vous demandez peut-être comment votre personnalité affecte votre tolérance aux situations stressantes. 

Les différents aspects de notre personnalité ont-ils une quelconque incidence sur notre façon de gérer le stress ? Il a en effet été démontré que certains traits de notre caractère sont plus susceptibles de nous aider à faire face de manière saine aux tensions et problèmes de la vie. 

Selon la théorie du Big Five, qui propose un modèle de la personnalité comptant cinq traits fondamentaux, seul le trait de la stabilité émotionnelle a un impact significatif sur notre façon de gérer les agressions du quotidien. D’autres traits, comme l’ouverture et l’extraversion, pourraient cependant aussi avoir un effet. 

Des facteurs de réponse au stress 

Les experts ne savent pas exactement pourquoi la personnalité influence la réponse au stress d’une personne, mais la recherche offre quelques pistes d’explication : 

L’environnement. Certains environnements, comme les lieux de travail très animés exigeant de fortes interactions sociales, sont source de stress pour certains, mais conviennent à la personnalité d’autres personnes. Les personnes qui présentent un haut niveau d’extraversion, étant davantage à la recherche de sensations et d’interactions avec les autres, réagissent en effet mieux à ce type d’environnement ; alors que les personnes introverties s’y trouvent souvent hors de leur zone de confort et ressentent un plus grand inconfort, ce qui suscite un stress pour elles. 

Le bonheur, l’esprit positif et l’extraversion. Certains traits de la personnalité, comme l’extraversion et l’ouverture d’esprit, se traduisent par un plus grand nombre d’événements heureux au cours d’une vie, ce qui peut atténuer les expériences stressantes. En outre, l’extraversion et l’ouverture peuvent conduire à avoir une vision plus positive des événements de la vie. Si vous êtes une personne extravertie, vous serez par ailleurs peut-être plus encline qu’une personne introvertie à rechercher du soutien social en cas de stress. 

L’instabilité émotionnelle. Cette caractéristique est le trait le plus fortement associé à une réponse négative au stress. Les personnes présentant un niveau élevé de ce trait peuvent avoir un niveau de tolérance au stress beaucoup plus faible.  

L’instabilité émotionnelle, ou neuroticisme, se traduit par une tendance à exprimer des émotions négatives et à adopter un comportement impulsif.
Il a été démontré qu’un niveau élevé de neuroticisme est associé à une plus faible réactivité du cortisol, une hormone produite par le corps pour réagir au stress (Kirschbaum et al., 1993 ; Phillips et al., 2005 ; Oswald et al., 2006). De plus, à l’appui des preuves suggérant qu’un neuroticisme élevé est lié à des réponses physiologiques au stress atténuées, une méta-analyse de 71 études en laboratoire a conclu que le neuroticisme, l’anxiété et l’affectivité négative avaient tendance à être liés à une réactivité au stress cardiovasculaire atténuée (Chida et Hamer, 2008). 

Un niveau élevé d’instabilité émotionnelle est associé à des stratégies d’adaptation telles que le repli sur soi. En tant que trait de personnalité inadapté, le neuroticisme indique une prédisposition au stress sous la forme d’émotions négatives et d’un encadrement négatif de l’expérience. Ces émotions négatives favorisent en outre les schémas de pensée irrationnels et une moindre capacité à contrôler l’automotivation. On peut s’attendre à ce que les personnes névrosées interprètent les situations quotidiennes comme menaçantes et subissent donc des niveaux élevés de tracas quotidiens. Cette forme de névrose est liée à des processus de pensée irrationnels et à un sentiment d’impuissance face à des situations problématiques. Les personnes névrosées seraient moins capables de contrôler leurs impulsions, même si le fait d’agir de la sorte entraîne des résultats négatifs sous la forme d’une augmentation des facteurs de stress. Le névrosisme est également considéré comme un prédicteur fiable d’une insatisfaction dans la vie. 

Une étude iranienne publiée en 2018, portant sur la valeur prédictive de la personnalité dans le diagnostic de l’anxiété et de la dépression, a révélé que le neuroticisme était le seul prédicteur significatif de ces problèmes de santé mentale1. 

Un effet combiné 

Les chercheurs pensent généralement que c’est l’effet combiné du degré d’ouverture et du niveau de stabilité émotionnelle qui nous renseigne le mieux sur la façon dont une personne réagira aux dangers, aux problèmes et aux revers de la vie.  

Quatre combinaisons sont possibles :  

Stoïcisme/hyposensibilité : ouverture faible et stabilité émotionnelle 

Une personne présentant un tel profil a une vision pragmatique des dangers et des problèmes de la vie. Face aux risques et aux dangers, elle réagit par des actions concrètes. Elle aborde les problèmes et revers de la vie comme des épreuves à travers lesquelles il faut passer, sans nécessairement chercher à changer son comportement. 

Adaptation : ouverture élevée et stabilité émotionnelle 

Une personne présentant cette combinaison de traits a une vision rationnelle et posée des dangers ou des problèmes de la vie. Elle reste en contrôle de la situation sur le plan émotionnel et réagit de manière adaptative par la recherche de solutions créatives. Elle est capable de prendre une certaine distance face aux stress de la vie, et de les gérer avec humour et créativité. 

Inadaptation : ouverture élevée et instabilité émotionnelle 

Une personne avec ce profil risque de se laisser envahir par le stress et les émotions négatives lorsque confrontée à des difficultés de la vie. Elle aura tendance à fuir ses émotions plutôt que de tenter de les comprendre. Il est possible qu’elle réagisse en persévérant dans ses comportements habituels plutôt qu’en s’adaptant à la situation. Elle peut également avoir tendance à l’évitement ou au déni, ou éprouver le sentiment de perdre ses repères. 

Hypersensibilité et hyperréactivité : ouverture faible et instabilité émotionnelle 

Cette combinaison de traits explique chez une personne la tendance à se laisser envahir par ses émotions négatives lorsque confrontée à des difficultés ou à des dangers, à laisser son imagination être guidée par ses émotions et à anticiper le pire (pessimisme + imagination). Beaucoup de temps peut alors être consacré par cette personne à analyser ses émotions négatives et à broyer du noir. Elle peut de plus faire preuve d’hypervigilance face aux dangers et aux choses qui pourraient mal tourner. 

 

Est-il possible de changer votre façon de gérer le stress ? 

Nos principaux traits de personnalité évoluent lentement tout au long de notre vie. Par conséquent, la façon dont vous gérez le stress dans votre vie peut également changer au fil du temps, entre la vingtaine et la cinquantaine par exemple. 

 

Rappelons toutefois que ce n’est pas parce qu’on parvient à mieux gérer le stress qu’on ne le subit plus du tout. C’est pourquoi il est important de comprendre quels facteurs ont le plus d’influence sur votre tolérance au stress.  

 

* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre. 

 

1. Alizadeh Z., Feizi A., Rejali M., Afshar H., Keshteli A.H., Adibi P. The Predictive Value of Personality Traits for Psychological Problems (Stress, Anxiety and Depression): Results from a Large Population Based Study. J Epidemiol Glob Health. 2018 Dec; 8(3-4):124-133. doi: 10.2991/j.jegh.2017.11.003. PMID : 30864753 ; PMCID : PMC7377556.

Paul Goldman Author
Titulaire d’une maîtrise en administration des affaires – finance et membre de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec, il a commencé sa carrière dans le domaine de la consultation en finance corporative chez Deloitte & Touche. Entrepreneur, il a fondé une entreprise dans le secteur des logiciels de budgétisation et d’analyse financière. Pendant plus de 10 ans, il a ensuite enseigné la finance à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Au cours de sa carrière, il a également occupé le poste de vice-président aux finances dans différentes entreprises. Depuis plus de 10 ans, il est responsable de la stratégie d’affaires d’IRP, un éditeur de tests psychométriques dont il a collaboré au développement et à la commercialisation des outils d’évaluation à titre d’éditeur.
×
Paul Goldman Author
Titulaire d’une maîtrise en administration des affaires – finance et membre de l’Ordre des comptables professionnels agréés du Québec, il a commencé sa carrière dans le domaine de la consultation en finance corporative chez Deloitte & Touche. Entrepreneur, il a fondé une entreprise dans le secteur des logiciels de budgétisation et d’analyse financière. Pendant plus de 10 ans, il a ensuite enseigné la finance à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM. Au cours de sa carrière, il a également occupé le poste de vice-président aux finances dans différentes entreprises. Depuis plus de 10 ans, il est responsable de la stratégie d’affaires d’IRP, un éditeur de tests psychométriques dont il a collaboré au développement et à la commercialisation des outils d’évaluation à titre d’éditeur.
Latest Posts
  • Savez-vous gérer le stress?
  • Anxiété, dépression et génération Z : bien cerner le problème
  • Peut-on déjouer un test de personnalité en contexte d’embauche?