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Ce premier article d’une série de cinq présente des contenus qui proviennent d’un ouvrage collectif, L’accompagnement visant l’intégration des personnes réfugiées faiblement scolarisées. Rédigé par un comité composé de trois professeures (Bengaly M., Goyer L., Dionne P.) et deux c.o. candidates au doctorat (Gourde A., Morissette J.), le projet à l’origine de cet ouvrage a été financé par le CERIC (ci-après nommé «le guide»).
Le Canada est considéré comme l’un des pays qui accueillent le plus de personnes immigrantes dans le monde (May, 2022). Selon Mercier et al. (2022), le Canada est un pays dont « le développement socio-économique est intimement lié à son immigration » (p. 10). Parmi ces personnes immigrantes, celles avec un statut de réfugié représentent environ 27,8 % selon le recensement de 2016 à 2021 de Statistique Canada (2022). Les personnes réfugiées ont quitté leur pays à la suite d’évènements mettant en péril leur sécurité et plusieurs se sont retrouvées dans des camps de réfugiés1 où les conditions de vie sont difficiles. En effet, dans ces camps, elles n’ont pas eu accès à des institutions, ont vécu dans la pauvreté et ont reçu, selon leur âge, peu ou pas de scolarisation. Les personnes réfugiées immigrent au Canada avec leur bagage de vie, leur culture, leur vision du monde, et ce, dans l’espoir d’offrir une meilleure vie à leurs enfants (Conseil supérieur de l’éducation, 2021).
Une fois dans le pays d’accueil, elles sont amenées à apprendre les us et les coutumes d’une culture ayant des différences marquantes tout en acquérant les compétences à communiquer dans une langue qui leur est parfois étrangère.
Annie Gourde et Julie Morissette présenteront L’orientation et l’insertion socioprofessionnelle des personnes réfugiées faiblement scolarisées lors des conférences de l’événement Cannexus24 du CERIC, qui aura lieu en mode hybride (en présentiel et en virtuel) du 29 au 31 janvier 2024, à Ottawa.
Morissette et Gourde sortirons également, lors de Cannexus24, un nouveau livre intitulé »L’accompagnement visant l’intégration des personnes réfugiées faiblement scolarisées : une perspective interculturelle en orientation’‘ qui sera disponible en téléchargement gratuit sur le site du CERIC.
Cette transition vers la société d’accueil les confronte à de nombreux défis à surmonter pour leur intégration en emploi. Ainsi, les conseillers et conseillères en orientation, en développement de carrière et en emploi se présentent comme des ressources clés pour les accompagner vers l’atteinte de leur objectif. D’ailleurs, le Canada souhaite pallier les défis du vieillissement de la population et de la pénurie de main-d’œuvre en favorisant davantage l’entrée des personnes immigrantes, ce qui inclut des personnes réfugiées faiblement scolarisées. Selon la mise en place du plan d’immigration, le Gouvernement du Québec compte accueillir plus de 7200 personnes réfugiées entre 2024 et 2027 (Pilon-Larose, 2023).
En vue d’accompagner cette population selon ses besoins et ses caractéristiques, les conseillers et conseillères d’orientation, en développement de carrière et en emploi auront à mieux comprendre les différents enjeux interculturels à prendre en compte dans leurs interventions. Dans le guide (Morissette et al., sous presse), différents cadres proposés permettent de mieux comprendre la vision du monde des personnes réfugiées par rapport à celle des gens du pays. On peut penser aux différences des pays de culture dite « individualiste » ou « collectiviste » (Hofstede, 1994 et Agodzo, 2014). La compréhension de ces caractéristiques permet d’ajuster les interventions sur le plan de l’intégration des personnes réfugiées, comme le rapport à l’autorité, aux rôles sociaux de genre, au temps et au contexte.
Cet article est le premier d’une série de cinq, qui vous permettra d’en savoir davantage sur l’aide à offrir en développement de carrière aux personnes réfugiées faiblement scolarisées. Le prochain article abordera les défis que rencontrent ces personnes, le troisième parlera des principales différences culturelles, le quatrième de l’intervention interculturelle (développement des compétences interculturelles) et enfin, le dernier vous donnera des pistes concrètes au niveau de l’intervention en orientation et en développement de carrière. Restez à l’affût!
On pourrait également s’interroger sur l’influence des valeurs, des croyances et de la vision du monde à propos des interventions. Par exemple, il est montré que les relations hommes/femmes peuvent se vivre différemment selon les cultures. Comment composer alors avec ces différences, dont la valeur de l’égalité homme/femme si importante dans le pays d’accueil et qui revêt plusieurs aspects légaux (Gouvernement du Canada, 2023)? À cet effet, nous nous référons au développement des compétences interculturelles pour intervenir avec ces différences dans une posture d’intégration. Celle-ci peut amener son lot de défis puisqu’elle requiert de la part des conseillers et conseillères une conscience réflexive où chaque personne cherche à se rejoindre dans ses différences.
Comment accompagner des personnes réfugiées faiblement scolarisées à faire un choix d’orientation éclairé dans un contexte culturel où les règles, les exigences, la connaissance des métiers constituent des apprentissages laborieux dans lesquels le recours à la lecture et l’écriture est omniprésent?
On constate en effet que ce sont de tels repères, développés dans des pays occidentaux (Canada, États-Unis, France, Australie, etc.) qui constituent les fondements de la plupart des concepts théoriques appliqués aux sciences de l’orientation.
Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
[1] https://www.un.org/fr/chronicle/article/comprendre-la-vie-des-refugies
Agodzo, D. (2014). Six Approaches to Understanding National Cultures: An Overview of Hofstede’s Dimensional Paradigm. Université Spring Arbor.
Conseil supérieur de l’éducation. (2021). L’inclusion des familles immigrantes : pour une synergie accrue en éducation des adultes. Le Conseil, 233 p. https://www.cse.gouv.qc.ca/publications/inclusion-familles-immigrantes-50-0542/
Gouvernement du Canada. (2023). Lois fédérales sur l’égalité des genres au Canada. Consulté le 29 novembre 2023 sur https://www.international.gc.ca/trade-commerce/gender_equality-egalite_genres/lois_can_gen_eq_laws.aspx?lang=fra
Hofstede, G. (1994). ‟The business of international business is culture”. International Business Review, 3(1), 1-14.
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. (2023, octobre). Un système d’immigration pour l’avenir du Canada. Gouvernement du Canada. https://www.canada.ca/content/dam/ircc/documents/pdf/francais/sir/strategic_immigration-review-fr.pdf
May, P. (2022). Le Canada : pays de « l’immigration choisie »? Hommes et Migrations, janvier-mars 2022(1336), 196-203.
Mercier, D., Bélanger, D., El Miri, M. et Atkin, S. (2022). Introduction : Ces jeunes qui migrent au Canada. Hommes & migrations, janvier-mars 2022(1336), 9-12.
Morissette, J., Gourde, A., Goyer, L., Dionne, P. et Bengaly, M. (Sous presse). L’accompagnement visant l’intégration des personnes réfugiées faiblement scolarisées : une perspective interculturelle en orientation. CERIC
Pilon-Larose, H. (2023, 25 mai). Québec prêt à augmenter son seuil à plus de 60 000 d’ici 2027. La Presse, https://www.lapresse.ca/actualites/politique/2023-05-25/immigration/quebec-pret-a-augmenter-son-seuil-a-plus-de-60-000-d-ici-2027.php#
Statistique Canada (2022). Les immigrants représentent la plus grande part de la population depuis plus de 150 ans et continuent de façonner qui nous sommes en tant que Canadiens. Consulté le 29 novembre 2023 https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/221026/dq221026a-fra.htm
Annie Gourde est conseillère d’orientation, chargée de cours, formatrice et doctorante en sciences de l’orientation, elle s’intéresse à la supervision et la formation des personnes professionnelles en plus d’avoir de l’expérience dans l’intervention avec une clientèle diversifiée. Elle a également une expérience dans le recrutement et le coaching de gestionnaire en transition de carrière. Impliquée, elle est active dans la profession et s’assure d’être à l’affut des nouveautés, particulièrement en matière de technologie. Elle a une excellente connaissance du marché du travail et des différents enjeux que doivent affronter les organisations et les différentes populations.
Julie Morissette est conseillère d’orientation et formatrice en employabilité dans le programme d’intégration socioprofessionnelle du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Depuis plus de 15 ans, elle travaille auprès des personnes réfugiées faiblement scolarisées en vue de les aider à intégrer le marché du travail. Au cours de ces années, elle s’est intéressée au développement de différentes méthodes d’animation de groupe pour les personnes réfugiées ayant un niveau de maîtrise de la langue française très variable. Elle a aussi défini des différents culturels du quotidien pour aider les personnes à mieux comprendre la culture du marché du travail québécois et à mieux vivre leur intégration au travail. Chargée de cours en counseling de carrière au baccalauréat en orientation professionnelle, superviseure en counseling auprès de personnes étudiantes, elle poursuit un doctorat professionnel en enseignement supérieur afin de former les personnes conseillères à l’intervention interculturelle.
Annie Gourde est conseillère d’orientation, chargée de cours, formatrice et doctorante en sciences de l’orientation, elle s’intéresse à la supervision et la formation des personnes professionnelles en plus d’avoir de l’expérience dans l’intervention avec une clientèle diversifiée. Elle a également une expérience dans le recrutement et le coaching de gestionnaire en transition de carrière. Impliquée, elle est active dans la profession et s’assure d’être à l’affut des nouveautés, particulièrement en matière de technologie. Elle a une excellente connaissance du marché du travail et des différents enjeux que doivent affronter les organisations et les différentes populations.
Julie Morissette est conseillère d’orientation et formatrice en employabilité dans le programme d’intégration socioprofessionnelle du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Depuis plus de 15 ans, elle travaille auprès des personnes réfugiées faiblement scolarisées en vue de les aider à intégrer le marché du travail. Au cours de ces années, elle s’est intéressée au développement de différentes méthodes d’animation de groupe pour les personnes réfugiées ayant un niveau de maîtrise de la langue française très variable. Elle a aussi défini des différents culturels du quotidien pour aider les personnes à mieux comprendre la culture du marché du travail québécois et à mieux vivre leur intégration au travail. Chargée de cours en counseling de carrière au baccalauréat en orientation professionnelle, superviseure en counseling auprès de personnes étudiantes, elle poursuit un doctorat professionnel en enseignement supérieur afin de former les personnes conseillères à l’intervention interculturelle.
