La veuve et l'orphelin
Ressources et formations

La veuve et l’orphelin

Temps de lecture : 2 minutes

Mon avancée en âge me donne le privilège et surtout le devoir de transmettre certains savoirs à la relève en espérant que ces transmissions ne soient pas perçues comme des radotages, question de protéger un peu mon égo!  D’ailleurs, plusieurs de ces savoirs me furent communiqués dans le cadre de relations intergénérationnelles.  

Ainsi, à l’adolescence j’ai appris que l’expression « défendre la veuve et l’orphelin » remontait à la Bible et signifiait se soucier des êtres petits, faibles et démunis. Je la reprendrai donc ici à quelques reprises. Plus tard, j’ai constaté que l’expression « monter aux barricades » en était une sorte de synonyme et que, de nos jours, ce type de défense s’identifie généralement par le mot solidarité suivi d’un adjectif ou d’une préposition : solidarité féminine, solidarité tiers-monde, etc.  

Quand je survole ma vie professionnelle (voir entre autres mon billet Moi et les minorités), je constate que j’ai maintes fois, généralement par choix mais occasionnellement par accident, défendu la veuve et l’orphelin donc le petit, le faible et le démuni. Ainsi, ma carrière a officiellement débuté dans une école vouée à la démolition du Faubourg à m’lasse de Montréal avec des ados doubleurs et des tripleurs (confinés dans un coin d’une école primaire) en quête d’acceptation et de dignité.  Par la suite, comme professeur d’ISEP, je me fis un devoir d’intervenir avec les élèves de l’Occupationnel et du Professionnel court alors que les commissions scolaires n’avaient prévu aucun dispositif formel pour ces groupes d’élèves, mon objectif étant de leur donner un peu de statut et, partant, d’estime d’eux-mêmes. Quelques années après, cette fois comme professeur-chercheur universitaire avec le Groupe Éducation-Chômage, je me suis attardé à mieux comprendre ceux que plus tard on qualifiera de « chômeurs de longue durée » et, plus tard encore, de « personnes éloignées du travail ». Ce souci de mieux comprendre ces personnes exclues correspondait à un souci de mieux les aider à s’actualiser dans un monde où l’identité était –et est toujours– largement tributaire d’une bonne et juste insertion socioprofessionnelle. 

Mais en échangeant avec des « représentants » des jeunes générations montantes, je constate qu’une bonne majorité d’entre eux a un parti pris ouvertement favorable presque inconditionnel pour ne pas dire aveugle– pour « les veuves et les orphelins » de tout acabit.

À les écouter, je prends conscience qu’en cette matière il s’est produit en moi une sorte de bascule dont je ne saisis pas encore toute l’ampleur. Pour le moment du moins, je peux d’ores et déjà confirmer que j’ai toujours un souci et un attrait pour les veuves et les orphelins mais que je requiers maintenant quelques conditions préalables autant de moi que d’eux. Pour ma part, je fais tout mon possible pour me tenir loin de la pitié et de la condescendance. Par ailleurs, je ne veux surtout pas alimenter un nivelage vers le bas ou vers la médiocrité qui serait dommageable pour toutes les parties. 

En contrario de la part d’eux, j’attends une analyse lucide, au moins sommaire, de l’ensemble des faits en cause ainsi qu’un minimum de conscientisation. L’identification d’un problème ou la recherche d’une solution à ce problème n’est jamais l’apanage unique de l’une ou de l’autre partie. Dans tous les cas, il y a inévitablement un partage à tous les niveaux et, évidemment, je suis disponible pour aider les parties à faire ce partage et à appliquer les solutions qui en découlent. Il s’ensuit des prises en charge personnelles et collectives capitalisant sur le pouvoir d’agir de tous et chacunPas étonnant alors que j’aipar divers moyens, fait la promotion de l’entraide sous toutes ses formes. 

Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.
×
Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.