Redéfinir l’éducation en Ontario du 21e siècle, pionnier du monde?
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Redéfinir l’éducation en Ontario du 21e siècle, pionnier du monde? (partie 2)

Temps de lecture : 3 minutes

Les principales idées dans mon premier article, publié le 20 mai 2019, étaient autour de l’approche holistique de l’éducation, celle qui : 

  1. Permet aux intervenants de faire une distinction claire entre l’instruction d’un curriculum et l’éducation d’une personne. 
  2. Permet la formation humaine et intégrale de l’élève où la santé mentale, entre autres, n’est pas juste un moyen.
  3. Développe chez l’élève la conscience et la vraie connaissance de soi et celle des autres, au-delà des identifications superficielles.
  4. Intègre l’hémisphère gauche du cerveau, rationnel, logico-mathématique et l’hémisphère droit, capable de vivre des émotions.
  5. Permet que l’éducation soit un agent de changement de la société plutôt qu’une victime de la société. 

 

Dans ce numéro, il serait bon de développer le premier point en exprimant une distinction claire entre l’éducation et l’instruction 

X —————- ? —————— ? —————– ? —————— X 

Instruction                      (où sommes-nous?)                               Éducation 

 

L’article pourrait nous aider à réfléchir sur notre position actuelle sur le continuum et vers où on se dirige. 

Dans nos écoles contemporaines, la productivité mesurable est l’efficacité académique des élèves. Le taux de diplomation et les résultats des tests standardisés sont les piliers d’une école. Et pour rejoindre les jeunes, le curriculum devient ultra varié et les sports, la musique et quelques activités parascolaires sont au menu. Pouvons-nous dire que nos écoles contemporaines telles que décrites ont atteint leur objectif éducatif? Les crédits académiques, les diplômes et la performance sportive sont-ils des objectifs éducatifs?  

Une telle personne « diplômée » est-elle vraiment éduquée ou est-elle juste instruite? 

Pour répondre à ces questions, je suggère que l’instruction devrait être un moyen pour atteindre un objectif plus grand, celui de l’éducation. Et, pour faire le parallèle, nous pouvons prendre deux exemples pour illustrer cette distinction entre « un moyen » et « un objectif ». 

L’homme a été capable d’utiliser la religion autant pour grandir et pour construire que pour faire la guerre et semer la discorde ; justement parce que la religion, au lieu d’être utilisée comme un moyen pour transcender la nature humaine, est devenue un but en soi. Voici la raison pour laquelle, dans nos sociétés modernes, avec raison, beaucoup de personnes ont des réactions allergiques envers tout ce qui est religieux. 

De même, la science et la technologie, en absence de sens (en anglais « absence of purpose »), seraient réduites à une espèce de manipulation technologique qui peut être utilisée pour fabriquer des armes ou pour la manipulation génétique, peu importe si ça détruit ou construit l’humain. 

Pour le premier exemple, celui de la religion, nos sociétés modernes ont décidé de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Pour le second, nous avons décidé l’inverse, celui de « garder le bébé avec l’eau du bain ». Il serait peut-être mieux de garder le bébé et de jeter seulement l’eau du bain. 

Nous pouvons maintenant faire le parallèle entre ces deux exemples d’un côté et les activités d’apprentissage dans nos écoles de l’autre. Nos jeunes diplômés instruits, dans quelle mesure ont-ils suivi une formation leur permettant d’utiliser ce qu’ils ont appris dans les différents curriculums pour construire un monde meilleur?  

Dans quelle mesure éduquons-nous les jeunes au discernement dans nos écoles? 

Pour aider à déterminer si nos écoles sont plus axées vers l’éducation qui serait un but ou vers l’instruction qui devrait être un moyen, et dans quel sens le système est orienté, voici une série de points repères. 

Dans nos écoles d’aujourd’hui, quelle est la place de : 
  1. La pensée critique?  
  2. La formation de ce qui fait la vraie valeur de l’être humain, au-delà de toute forme de performance?  
  3. L’espace d’expression versus celui des questions à réponse unique ou dans un cadre trop limité? 
  4. La formation des jeunes à la philosophie appliquée et aux domaines qui transcendent le monde physique pour développer l’habileté à faire des choix relatifs à l’utilisation des compétences apprises à l’école? 
  5. La formation des jeunes à la conscience (en anglais « awareness ») de soi et celle des autres et au développement de l’autonomie dans le comportement au-delà du permis et de l’interdit et des conséquences punitives? 
  6. La valorisation de la collaboration versus la compétition hors contexte? 
  7. La capacité à repérer le besoin humain caché derrière un comportement indésirable et la capacité de gérer le besoin plutôt que de contrôler le comportement? 

Chacun de ces points peut certainement être développé et peut faire, à lui-seul, un article à part entière. Cependant, l’important à ce stade est d’examiner si l’un ou l’autre de ces points nous aiderait à avoir une vision éducative de nos activités d’apprentissage plutôt qu’une vision limitée à une simple instruction. 

Emad Awadalla Author
Émad Zaki Awadalla, 25 ans d’expérience en éducation, citoyen canadien d’origine égyptienne est actuellement conseiller en orientation et enseignant de chimie et de biologie. En plus de son intérêt aux sciences, Émad est trilingue, il s’intéresse surtout à l’approche holistique de l’éducation et de la santé physique et mentale.
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Emad Awadalla Author
Émad Zaki Awadalla, 25 ans d’expérience en éducation, citoyen canadien d’origine égyptienne est actuellement conseiller en orientation et enseignant de chimie et de biologie. En plus de son intérêt aux sciences, Émad est trilingue, il s’intéresse surtout à l’approche holistique de l’éducation et de la santé physique et mentale.
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