En tant que conseillère d’orientation, ayant 17 ans d’expérience en intervention individuelle, mais également dans les milieux organisationnels, il m’arrive souvent d’être interpellée pour des questions de tout genre concernant la pratique professionnelle en orientation scolaire et professionnelle. D’autres types de questions me sont posés en lien avec le fait que je donne la formation sur la télépratique et les dossiers numériques. Je trouve très important de répondre à ces demandes, lorsque je connais les réponses, mais cela m’interpelle également en termes de supervision professionnelle. Quand, en tant que professionnel est-il temps de prendre du recul sur notre pratique et de chercher une personne de confiance pour de la supervision? Comment ça se passe et à quoi ça sert? C’est ce à quoi je vais tenter de répondre dans ce court article.
Premièrement, tout le monde a eu à un moment ou un autre des questionnements, des remises en question sur sa pratique professionnelle. Les chanceux ont accès à un ou une collègue d’expérience sur leur lieu de travail qui peut les guider au besoin. Pour ceux et celles qui exercent seuls dans leur milieu de travail, peu importe le milieu, il faut rester alerte afin de demander de l’aide. Quand est-ce le bon moment? Je pense que la supervision est essentielle à plusieurs étapes de notre carrière. Que nous soyons en début, au milieu ou en fin de carrière, il arrive que nous ayons besoin de nous déposer, de discuter avec une personne afin de pouvoir réaligner nos actions dans la bonne direction. Comme le mentionne Brillon (2020), « recevoir de l’aide d’un pair aidant ou d’un superviseur est une forme de soutien professionnel dont il ne faudrait jamais se passer, peu importe notre expertise et notre nombre d’années d’expérience » (p.208).
Une démarche de supervision peut être longue, sur plusieurs rencontres, ou au besoin; à vous d’établir la cadence avec la personne qui vous aide. La première rencontre avec la personne superviseure permet de lui communiquer votre besoin et ainsi de lui permettre de déterminer un plan d’action pour vous aider. En début de démarche, il y a, habituellement, un contrat qui est signé, une entente sur la fréquence des rencontres et diverses consignes qui seront suivies tout au long de la démarche. Cette entente permet de jeter les bases de la collaboration professionnelle et du soutien apporté.
Comment la personne superviseure peut-elle vous aider? Cette personne est là pour vous, pour vous aider à affronter une situation difficile, pour vous guider face à des difficultés particulières, que ce soit avec votre clientèle ou dans votre tenue de dossier; elle peut aussi vous aider dans la gestion de vos émotions.
Recevoir de l’aide peut éviter de se retrouver avec une fatigue de compassion. Cette fatigue découle « de contacts répétés avec de multiples vécus douloureux » (Brillon, 2020, p. 39). Pour savoir si vous avez de la fatigue de compassion, voici les manifestations décrites par Brillon (2020) afin de vous aider à la détecter :
- un sentiment de surcharge d’une nature humaine souffrante,
- un sentiment d’être émoussé sur le plan de l’empathie,
- des comportements de distanciation des autres,
- une grande lassitude, une perte considérable de vitalité et de plaisir,
- une hypersensibilité, une impression de ne plus avoir de frontières protectrices,
- une perte douloureuse du sentiment de vocation.
Vous n’êtes pas obligés de ressentir l’ensemble de ces éléments avant d’aller chercher de l’aide. Mais si vous vous reconnaissez dans un élément, il est peut-être temps de prendre soin de vous et de demander de l’aide, ce que la supervision peut faire.
Plusieurs livres existent pour vous aider à traverser ces moments plus difficiles, et vous en conseillez certainement plusieurs aux personnes qui vous consultent. Parfois nous oublions que ces livres sont également bons pour nous. C’est là que la supervision offre un soutien intéressant, car la personne conseillère d’orientation qui vous aidera connaît le domaine, le type de clientèle éventuelle et les différents obstacles qu’il est possible de rencontrer, alors profitez-en! Si vous n’avez pas assez de vos vacances estivales pour recharger vos batteries, offrez-vous le cadre de la supervision professionnelle qui est très utile pour faire le point et adopter de nouvelles méthodes.
Je vous laisse sur une pensée tirée de Davies et Knightsmith (2021) qui ont écrit des Cartes pour rester positif :
« Lorsque je souris comme si j’avais envie de sourire, tout à coup, j’en ai vraiment envie. Aujourd’hui est un jour souriant. »
* Dans le but d’alléger le texte et d’en faciliter la lecture, le générique masculin est utilisé comme genre neutre.
Références :
Brillon, P. (2020). Entretenir ma vitalité d’aidant. Les éditions de l’Homme.
Davies, K. & Knightsmith, P. (2021). Cartes pour rester positif. Des cartes et un livre qui vous offrent des techniques et des trucs pour rester positifs et chasser le négatif! Broquet.
