En lisant un article du Journal de Montréal daté du 22 octobre dernier, j’ai commencé à avoir des réponses. Un sondage fait par le groupement de recrutement Hays Canada révèle que 54 % des employés du Québec envisagent sérieusement de quitter leur emploi actuel. Les causes mentionnées sont les conditions de travail particulières imposées par la crise sanitaire. C’est donc dire que certains employeurs n’ont pas su bien accompagner leur personnel dans ce brutal changement d’habitudes ou peut-être sont-ils autant déstabilisés que ces derniers et il devient alors difficile pour eux d’offrir un soutien adéquat.
De plus, encore selon ce sondage, il y a des défis plus difficiles pour les employés comme le manque d’interactions sociales, l’isolement, la solitude, l’environnement de travail et le manque de temps (Journal de Montréal, 22 octobre 2020). Ainsi, le fait d’être seuls à la maison fait en sorte que les gens se sentent isolés. Les rencontres d’équipe sont encore possibles grâce aux plateformes de vidéoconférence, mais cela manque de « chaleur humaine ». Ajouté à cela le fait que nous sommes pour la plupart en zone rouge et que, par conséquent, les contacts avec les amis et la famille sont réduits au minimum, ce qui amplifie le sentiment de solitude.
L’environnement de travail a également changé énormément. Ce n’est pas tout le monde qui a un bureau fonctionnel à la maison.
Certaines personnes se sont installées dans la cuisine pour travailler, d’autres dans leur chambre et certains sur leur divan dans le salon. Ces environnements de travail peuvent causer des problématiques physiques en raison du manque d’ergonomie et être certainement moins fonctionnels que le bureau habituellement utilisé dans leur milieu de travail. Enfin, lorsque nous travaillons 100 % de la maison, il est plus difficile de faire une coupure nette à la fin de la journée. Cela prend de la pratique et du temps pour instaurer cette coupure. Il est fort possible, par conséquent, que certaines personnes aient de la difficulté à mettre en place cette façon de faire.
En discutant avec mes clients, en prenant le temps de les écouter, il est possible de rapidement comprendre ce qui ne fonctionne pas. Souvent, ils adoraient leur emploi avant le confinement. Certains vivent un ralentissement au niveau du travail alors que d’autres au contraire vivent une folie et une augmentation des tâches. Pensez seulement au monde de l’enseignement qui a dû s’adapter à la crise et continuer à éduquer les jeunes. Les enseignants, les directions et tout le personnel professionnel ne manquent certainement pas de travail en ce moment. Bref, comment soutenir les gens en tant que conseillère d’orientation? Comment les aider à traverser cette crise sans jeter à la poubelle tout ce qu’ils ont accompli jusqu’à maintenant dans leur carrière?
Je me suis rendu compte que guider les gens dans leur réflexion par rapport à leur travail aide énormément à relativiser les difficultés et calme les angoisses. Lorsque les gens sont seuls à la maison, ils ont beaucoup de temps pour penser et ces pensées vont dans toutes sortes de direction, ce qui peut augmenter l’anxiété et les craintes par rapport à leur avenir professionnel. Je les aide donc à organiser leurs pensées grâce à des questions ciblées.
Des questions telles que :
- Quels sont vos principaux objectifs à l’égard de votre carrière?
- De façon spécifique, précisez ce que signifie pour vous chacun de ces objectifs?
- Avant la pandémie, aimiez-vous votre emploi? Qu’est-ce qui vous passionnait?
- En ce moment, quels sont les irritants dans votre travail?
- Quel est, selon vous, l’emploi idéal?
- Et plusieurs autres…
Cela prend souvent plus d’une minute pour répondre à ces questions, mais elles permettent de pousser la réflexion plus loin et de faire des constats. Elles nous rappellent également que la pandémie se terminera éventuellement et que nos vies reprendront « presque normalement » un jour. Toutefois, on ne sait pas quand cela se produira. Bref, réfléchir en étant accompagné permet de calmer l’anxiété, les peurs, le stress.
J’encourage également fortement les gens à prendre des pauses, à aller marcher dehors ne serait-ce que 15 minutes pour s’éloigner de l’ordinateur.
Nous passons beaucoup de temps devant l’ordinateur en ce moment, car tout ce qui concerne notre travail s’y retrouve : les rencontres, les courriels, les tâches, etc. Cela devient lassant et nous devons instaurer des pauses afin d’éviter une trop grande fatigue et l’épuisement. De plus, le fait d’aller prendre l’air et de faire de l’exercice nous maintient en bonne santé physique, ce qui est doublement gagnant.
Personnellement, en temps de crise sanitaire, je me rends compte que notre rôle de conseillers d’orientation est très important. Nous sommes les experts de la relation que les individus entretiennent avec le travail. Nous sommes les professionnels en mesure d’aider les personnes qui vivent des difficultés à s’adapter à cette nouvelle réalité professionnelle. Donc, soyons visibles et disponibles pour aider les autres à traverser la crise et à rebondir professionnellement. Et surtout, prenez soin de vous également.
