Écoles fermées : Youpi ou Ah non!
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Écoles fermées : Youpi ou Ah non!

Temps de lecture : 3 minutes

J’ai deux charmantes petites voisines et lorsqu’elles apprirent que leur école serait fermée à cause de la COVID-19, l’une s’est écriée « Youpi » et l’autre, visiblement déçue, a murmuré un « Ah non! »  

Depuis ces verdiques« Youpi », est souvent à l’extérieur de sa maison et ne cesse d’imaginer des jeux en soloavec sa maman, avec une voisine ou un voisin (adieu le 2 mètres de distanciation sociale) ou même de rares fois avec sa sœur « Ah non! ». Elle s’est même mise à faire des choses utiles comme retirer la neige de la pelouse et ratisser celle-ci. Quant à « Ah non! », elle a demandé qu’on lui livre quelques bouquins, en particulier des livres rédigés en anglais, car elle souhaite profiter de ce temps de liberté forcée pour améliorer sa connaissance de cette langue qui lui est seconde.  

J’ai refait ce sondage avec mes deux petites-filles et j’ai obtenu encore une fois les deux mêmes réponses. Cependant, ici le « Youpi » correspondait à un gain de temps libre et à une liberté d’action alors que le « Ah non! » était associé, entre autres, à l’éloignement physique des amis. 

Rétrospection 

Ces incidences m’amenèrent à retracer mon rapport amour-haine par rapport à l’école. 

Mis à part mon inconfort dans les cours d’Anglais (avoir à dire à haute voix des mots dans une langue étrangère; pas facile pour un hyper-timide!) Je n’ai guère de souvenir de mon primairecar trop souvent dans la lune, sauf celui de me faire interpeller à l’impromptu par : « Aie, la tête dans les nuages… »  

Au secondaire, je me surpris à avoir hâte aux cours de Français (entre autres parce que le maître lisait avec des intonations justes des extraits des meilleures compositions et la mienne était toujours de celles-làet surtout de Dessin où j’excellais, lequel cours du vendredi après-midi était cependant présenté à la « classe » comme une récompense pour avoir bien travaillé ou, le cas contraire, retiré afin de rattraper un retard. J’entrais aussi d’un pas résolument volontaire dans les cours de Géométrie, de Français et de Biologie mais souhaitais intérieurement que les cours de Physique et de Gymnastique soient annulés. 

Mais la piqure pour l’école me vint vraiment au post-secondaire, surtout pour les cours où il fallait réfléchir, discuter et prendre position. 

Une petite anecdote avec ça? 

Ainsi, au baccalauréat spécialisé en ISEP (bravo à Doria ROSS pour avoir été —encore une fois aussi avant-gardiste!)nous avons eu un cours sur l’impact de l’informatique naissante et des nouvelles technologies qui en découlaient sur le monde du travailEn ces temps-làc’est-à-dire au tout début des années 70cela se limitait essentiellement à la robotique élémentaire (i.e. pour une tâche très spécifique). Ce cours était donné par le grand programmeur d’une station téléradiophonique publique. Or une des évaluations dans ce cours (comme dans tous les cours donnés à l’UQAM d’ailleurs) prenait la forme d’un travail d’équipe. 

J’ai donc joint rapidement une équipe et j’usai de mon influence pour suggérer que notre travail porte sur un nouveau concept que je venais d’entendre, soit celui de la cybernétique. Vitement, il se fit dans l’équipe un consensus sur cette problématique et il fut décidé que j’apporterais pour fin de démonstration un exemple-type 

Comme il venait justement de se faire une première automatisation chez Bell Canada (c-à-d.  remplacer les standardistes par des robots), j’optai alors pour la téléphonie essayant de démontrer les pertes et transformations d’emplois, chaque fois qu’on procédait à l’automatisation d’une opération. Dans les jours qui suivirent, je fis rapidement le tour des quelques livres sur le sujet à la Bibliothèque de l’UQAM mais je restai sur mon appétit car ces livres étaient trop vagues ou trop théoriques voire presque philosophiques. Je profitai alors d’une fin de semaine pluvieuse pour visiter la Bibliothèque de l’Université de Montréal mais ici encore le tour fut vite fait car il y avait très peu de livres sur ce sujet en français. Conséquemment, ma troisième visite fut à la Bibliothèque de l’Université McGill et là j’ai eu de quoi m’occuper pendant toute la journée puisque, n’étant pas de cette institution, je ne pouvais sortir les livres et la photocopie commençait à peine et, de plus, elle coûtait cher et était de très de piètre qualité. De retour en équipe où chaque personne fit part de son éventuelle contribution lors de la présentation en classe, il fut décidé que la mienne occuperait la majorité du temps à mon grand plaisir. 

 Une ou deux années plus tard, je lis un communiqué disant que le Collège de Maisonneuve ferait une Journée-carrières et que mon éminent chargé de cours y donnerait une conférence sur la cybernétique. Or, quelle chance pour moi de pouvoir me mettre à jour sur ce sujet qui m’avait autant passionné! 

Le jour venu, je me dirigeai à cette journée mais malheureusement arrivai avec un léger retard. Rapidement, je me rendis à ladite conférence mais, comme tous les sièges étaient occupés, je restai debout à l’arrière. Or après quelques minutes à peine, je réalisai que le conférencier lisait et commentait mon texte. Alors je décidai de faire un pas avant pour me mettre bien en évidence et surtout pour exprimer mon intérêt. Lorsque le conférencier me reconnut, il perdit le fil de son propos. Après un bref silence, il ouvrit une parenthèse pour dire que dans cette conférence il s’inspirait largement d’un travail fait par un de ses brillants étudiants.  

La suite 

Avec les années et surtout comme professeur d’université, je découvris que cette pratique celle pour un professeur de s’approprier un travail d’un de ces étudiants sans évidemment le nommer– était pratique courante 

Heureusement, avec les divers protocoles quant au plagiat, cette pratique est maintenant passible de représailles sévères et dieu merci. 

Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.
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Professeur au Département d’Orientation professionnelle de l’Université de Sherbrooke durant plus de 25 ans, le pédagogue a brillé d’originalité pour former ses étudiants, souhaitant non pas les cloner, mais bien les mettre au monde en tant que conseillers. Sa différence est devenue référence, comme en témoignent les prix qu’il a remportés, la vingtaine d’ouvrages qu’il a publiés et les ateliers de formation qu’il a animés sur le counseling de groupe et sur l’insertion professionnelle. Depuis 2001, il n’a de retraité que le nom puisqu’il demeure très actif comme professeur associé. De plus, le prolifique auteur n’a pas rangé sa plume et le réputé conférencier manie toujours le verbe avec autant de verve et d’à-propos.